mars 16, 2008

AMIRAL HORATIO NELSON (1758-1805), DUC DE BRONTE

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L’Amiral Horatio Nelson (1758-1805)

Nelson était un brave homme. Si Villeneuve à Aboukir et Dumanoir à Trafalgar avaient eu un peu de son sang, les Français auraient été vainqueurs.

(Napoléon Bonaparte)

NELSON (Horace), célèbre amiral anglais, né à Burnham-Thorpe, comté de Norfolk, le 29 septembre 1758, mort au combat de Trafalgar, le 21 octobre 1805. Son père était recteur de Burnham-Thorpe ; sa mère, née Suckling, était petite-fille d’une sœur aînée de sir Robert Walpole, et le premier lord Walpole (Horace, oncle du second) fut le parrain du futur héros, qui eut dix frères ou sœurs, dont sept survécurent avec lui à leur mère, décédée en 1767. A la mort de mistress Nelson, le père de la défunte, capitaine de la marine royale, offrit au père de prendre avec lui un de ses enfants ; mais cette proposition fut d’abord ajournée, et le jeune Nelson passa encore trois ans à l’école de Norwich. Il venait d’atteindre sa douzième année, quand il prit lui-même le parti d’aller rejoindre son oncle, qui commandait le vaisseau le Raisonnable. C’était alors un enfant malingre, usé par les fièvres, et qui semblait ne pas devoir fournir une longue carrière. Peu de temps après, le capitaine Suckling, jugeant qu’un service inactif ne convenait pas à l’éducation maritime de son neveu, le fit embarquer sur un navire de la Compagnie des Indes que commandait un de ses anciens compagnons d’armes. Nelson, parti en 1770, ne revint à Chatham qu’au mois de juillet 1772. Peu après, il obtint, malgré son extrême jeunesse, de se faire attacher à l’équipage d’un navire qui partait pour le pôle nord. Au retour de cette expédition, il passa sur un vaisseau de l’escadre de sir Edward Hugher en partance pour les Indes orientales. Sa bonne conduite, remarquée par le commandant, lui valut bientôt le grade de midshipman (enseigne). Obligé sur ces entrefaites de revenir en Angleterre pour soigner sa santé, il passa son examen de lieutenant (1777), et, à la fin de l’année suivante, nommé premier lieutenant, il monta sur le brick le Blaireau, à bord duquel il fit comme commandant le voyage de la Jamaique. En 1779, il passa comme post-capitaine sur le Hinchinbrook, de 28 canons, puis de là sur le Janus, de 44 canons, à la suite d’une expédition contre les Espagnols. Revenu en Angleterre, il fut présenté à la cour et reçut le commandement de l’Albemarle, vaisseau de haut bord, à destination des côtes danoises ; puis, après un hiver passé dans ces parages, il fit voile pour Québec, où il séjourna jusqu’à la paix de 1783, dite la paix de Versailles. Ce fut alors qu’il vint habiter la France avec un de ses amis, le capitaine Macnamara, dans le but ou sous le prétexte ostensible d’apprendre le français et de voir une société nouvelle ; mais ce pays ne plut pas longtemps à Nelson, qui se hâta de revenir à Londres. A peine arrivé, il reçut l’ordre d’aller croiser parmi les îles sous le Vent, à bord de la frégate le Boreas ; il fit la connaissance, à l’île Névis, de mistress Nisbett et l’épousa en 1787. Mais bientôt, contrarié dans son service et en butte aux vexations de l’amirauté, dont il avait dévoilé certaines manœuvres coupables, il se retira dans le prieuré de Burnham-Thorpe, auprès de sa jeune femme et de son vieux père. L’amirauté le laissait inactif, avec de minces ressources, et il songeait à envoyer sa démission, quand il fut appelé au commandement de L’Agamemnon et envoyé dans la Méditerranée sous les ordres de lord Hood, en vue des hostilités prochaines entre l’Angleterre et la France révolutionnaire (1793). Nelson ne prit aucune part à l’occupation de Toulon ; lord Hood l’avait choisi pour porter des dépêches à sir William Hamilton, envoyé de Saint-James à la cour de Naples. Dès leur premier entretien, sir William conçut de Nelson la plus haute idée : « Vous verrez, disait-il à sa femme, un petit homme qui se ferait difficilement passer pour un joli garçon, mais qui, j’imagine, étonnera quelque jour le monde. Je n’ai jamais reçu d’officier chez moi, continuait-il, mais je suis résolu, pour celui-ci, à me départir de mes habitudes… » A la même époque, Nelson forma, sous les auspices de l’ambassadeur anglais, des relations qui devaient être encore plus fatales à sa gloire. Le roi et la reine de Naples, comme s’ils eussent prévu l’avenir qui leur était réservé, prodiguèrent les distinctions les plus flatteuses au jeune capitaine. Rien dans sa correspondance de ce temps-là ne fait pressentir l’attachement qu’il devait éprouver plus tard pour lady Hamilton. Il parle d’elle à sa femme dans les termes les plus simples et les plus froids, comme personne aimable qui s’est rendue digne d’un rang où elle a été tout à coup élevée par le hasard ». Il ajoute simplement qu’elle s’est montrée fort bonne pour Josiah Nisbett, son beau-fils, embarqué sur l’Agamemnon avec le grade de midshipman. Après la prise de Bastia, lord Hood, emmenant avec lui l’Agamemnon, gagna les îles d’Hyères, où il pensait rencontrer les vaisseaux de la République. L’idée d’en venir aux mains avec les ennemis inspirait à Nelson une joie farouche, à peine troublée par quelques pressentiments sinistres : « Dieu veuille, écrivait-il a sa femme, que nous rencontrions la flotte française ! Si quelque accident m’arrivait, je suis sûr du moins que ma conduite vous aurait acquis des droits à la faveur royale. Ce n’est pas que je n’espère revenir bientôt vers vous, et y revenir avec honneur ; mais, s’il en était autrement, que la volonté de Dieu soit faite !… » On rencontra, en effet, l’ennemi, près de Saint-Tropez, mais sans qu’aucun engagement s’ensuivît, la flotte française ayant échappé à ceux qui la poursuivaient. Après quoi, l’Agamemnon fut envoyé prendre part assiège de Calvi, que faisait alors le général, sir Charles Stuart. Nelson y perdit un œil (10 juillet 1794). L’année suivante, le 14 mars, il se distingua au brillant combat naval livré contre la flotte française dans les mêmes eaux, et fut envoyé devant Gênes avec 8 frégates pour y mettre le blocus, avec l’aide de l’armée austro-sarde ; toutefois, cette campagne de 1794 se passa en hostilités insignifiantes. En revanche, celle de 1796, conduite par le général Bonaparte, obligea Nelson à se retirer devant les Français ; il dut même pourvoir au salut de la garnison anglaise de Bastia, sérieusement menacée par les patriotes. De là, il avait dû se rendre à Porto-Ferrajo (île d’Elbe). Il avait alors son pavillon sur la Minerve, capitaine Cockburn. Chemin faisant, il eut la bonne fortune de rencontrer deux frégates espagnoles, dont l’une, la Sabina, fut faite prisonnière après combat. Jusqu’ici, cependant, le nom du jeune commodore était resté dans l’ombre. La bataille navale du cap Saint-Vincent (14 février 1797), livrée par sir John Jervis contre l’amiral don Joseph de Cardova, vint enfin lui donner sa part de gloire. Nelson, dont le vaisseau était à l’arrière-garde, prit sur lui de désobéir à l’ordre de manœuvre, tourna sa proue vers les Espagnols, et se précipita au milieu de leurs navires. Il aborda le San-Nicolas, sur lequel flottèrent bientôt les couleurs britanniques ; puis le San-Jose, de 112 canons, faisant feu sur le vaisseau capturé, Nelson et ses marins s’élancèrent, par-dessus leur nouvelle conquête, à l’abordage de ce gigantesque navire. C’est alors que l’impétueux commodore poussa un cri où son âme enthousiaste se peignait tout entière : Westminster-Abbey ou la victoire ! répéta-t-il plusieurs fois en brandissant son couteau d’abordage. Tout plia devant cet élan furieux ; et, en arrivant sur le gaillard d’arrière, Nelson y trouva le capitaine du San-Jose prêt à lui remettre son épée ; le reste des officiers en fit autant, et Nelson, embarrassé de toutes ces armes qu’on lui présentait, les passait l’une après l’autre à un de ses matelots de l’Agamemnon, qui, le plus froidement du monde, entassait sous son bras le glorieux trophée. Ce brillant fait d’armes commença la renommée de Nelson, qui fut immédiatement promu au grade de contre-amiral dans l’escadre bleue. Sir John Jervis l’ayant autorisé à garder l’épée du contre-amiral espagnol, il en fit hommage au maire et à la corporation de Norwich, qui, à cette occasion, lui décerna les franchises municipales. Mais de toutes ces marques de reconnaissance et de respect, aucune ne lui fut plus sensible qu’une lettre écrite par son respectable père : « Je bénis Dieu, lui disait l’excellent vieillard, de toutes les puissances d’une âme reconnaissante, pour m’avoir conservé un fils comme vous. Non-seulement les rares connaissances que j’ai ici, mais tous mes autres concitoyens m’abordaient avec des paroles si flatteuses, que j’ai dû renoncer à paraître en public. Bien peu de fils, mon cher enfant, sont parvenus à la hauteur glorieuse où vous ont porté vos talents et votre bravoure, avec l’aide de la Providence. Bien moins de pères ont vécu pour saluer de pareils triomphes. La joie que j’en ai ressentie, et que je contenais en vain, a mouillé de larmes une joue sillonnée de rides. Qui donc, à ma place, eût accueilli d’un œil s’ec des félicitations aussi unanimes ? Partout, dans les rues de Bath, retentissent le nom et les exploits de Nelson, aussi bien sur les lèvres du chanteur des rues que dans l’enceinte du théâtre public. » Nelson, à cette époque, comptait trente-huit ans et cent-vingt combats. Du cap Saint-Vincent, il repartit pour Porto-Ferrajo, d’où il ramena le reste des troupes qui occupaient l’île d’Elbe. A son retour, il plaça sur le Theseus son pavillon de commandement. Ce fut à bord de ce vaisseau que l’intrépide marin prit une part importante au bombardement de Cadix, et peu s’en fallut qu’il n’y perdît la vie. A son avis, du moins, il n’avait jamais couru de danger plus grand que lorsque, attaquant de nuit les chaloupes canonnières des Espagnols, sa barge eut affaire à un caïque armé, monté par 26 hommes et commandé par don Miguel Tregoyen. Nelson n’avait avec lui que 10 matelots, 1 officier et son vieux et fidèle John Sickes, qui lui sauva deux fois la vie au prix de ses jours. A peu de jours de là, Nelson partit à la tête d’une expédition dirigée contre Ténériffe. Il l’avait lui-même conçue et proposée, pour s’emparer des galions mexicains que l’on disait arrêtés près de cette île. On lui donna 4 vaisseaux de ligne, frégates et 1 cutter, mais il avait demandé, en outre, d’emmener avec lui une partie des troupes retirées de l’île d’Elbe, et ce point lui fut refusé. De plus il avait ordre, tout en dirigeant le débarquement, de rester à bord, « sauf l’indispensable nécessité du service. » Les calmes et les courants contraires empêchèrent la réussite d’une entreprise de nuit pratiquée contre le fort Santa-Cruz. Il fallut donc se décider à une autre attaque, dont la position de Ténériife rendait le succès fort douteux. Aussi Nelson écrivait-il, la veille, à son amiral, en lui parlant de son plan d’attaque : « Demain, selon toutes les probabilités, ma tête sera couronnée de lauriers ou de cyprès. Je me borne à vous recommander, à vous et à mon pays, mon beau-fils Josiah Nisbett. » Ce jeune homme, du reste, se montra digne de l’attachement que Nelson lui témoignait. Appelé par lui dans la cabine pour l’aider à mettre en ordre et à brûler quelques papiers, le lieutenant y descendit en costume de combat. Nelson, cependant, le suppliait de rester à bord. « Si nous tombions tous deux, mon cher Josiah, lui dit-il, qu’arriverait-il de votre pauvre mère ? C’est à vous, d’ailleurs, que revient le soin du Theseus ; restez-y donc, et prenez soin du navire. – Monsieur, répliqua Nisbett, le vaisseau prendra soin de lui-même ; quant à moi, je vous suivrai cette nuit, dusse-je ne jamais revenir à bord. » L’attaque de Ténériffe eut lieu sur les onze heures du soir, après un souper d’officiers, présidé par mistress Freemantle, femme du capitaine de ce nom. Les Anglais partirent au nombre d’environ 950 hommes, sur les chaloupes de leurs navires. Favorisés par la nuit, ils arrivèrent sans être vus jusqu’à une demi-portée de canon de la jetée où ils voulaient débarquer. Nelson donna l’ordre de s’éparpiller et de ramer vigoureusement vers le rivage ; mais les Espagnols avaient fait d’excellents préparatifs et les Anglais étaient à peine aperçus que 30 ou 40 pièces de canon, braquées sur la mer, ouvraient le feu ; une vive mousqueterie éclaira d’un bout à l’autre les murailles de la ville. Il faisait nuit noire ; la plupart des chaloupes manquèrent la jetée et arrivèrent au rivage à travers des brisants furieux qui faillirent les submerger. L’amiral, cependant, et avec lui Freemantle, Thompson, Bowen, arrivèrent au môle, qu’ils emportèrent d assaut, bien qu’à leur compte il fût défendu par 500 ou 600 hommes. Les canons qui le garnissaient furent encloués ; mais la fusillade devint très-vive, et les assaillants, presque tous tués ou blessés, ne purent gagner du terrain. Au moment où il sautait hors de sa barque, Nelson avait reçu une balle au bras droit. Il tomba du coup, mais en tombant il prit, de la main gauche, son épée qu’il venait de tirer et dont il ne voulait point se séparer, lui vivant, car il la regardait comme une relique de famille, qui avait appartenu à son oncle, le capitaine Suckling. Le lieutenant Nisbett, qui était à côté de lui, le coucha au fond de la barque et couvrit de son chapeau le bras blessé, de peur que la vue du sang qui coulait en abondance n’ajoutât à la défaillance de l’amiral. Quelques minutes après, une sinistre clameur traversa l’air : c était l’équipage du cutter le Fox qu’un boulet venait de couler bas. Le premier navire anglais que Nelson rencontra sur sa route fut justement le Sea-Horse, à bord duquel il avait soupe là veille ; mais, malgré les instantes prières de l’équipage et les dangers qu’on devait braver pour arriver à un autre vaisseau, Nelson ne voulut jamais monter sur celui-ci : « J’aimerais mieux, mourir, disait-il, que d’alarmer mistress Freemantle, en me montrant à elle dans l’état où je suis, surtout quand je n’ai pas de nouvelles certaines à lui donner de son mari. » Arrivé au Theseus, il refusa toute assistance pour monter à bord, tant il était impatient de voir les matelots retourner au secours des gens du Fox. Une seule corde lui fut jetée, qu’il roula deux fois autour de sa main gauche, et qui servit à le hisser. « Cela suffit bien, dit-il ; j’ai encore mes deux jambes et un bras ; que le chirurgien se presse et apporte ses instruments ; je sais qu’il faut me couper le bras droit, et le plus tôt, sans contredit, sera le mieux. » Les plus vieux matelots pâlissaient en écoutant ces intrépides paroles. Quant à l’expédition elle-même, l’échec était complet ; mais devant la menace de mettre le feu aux quatre coins de la ville, si l’ennemi s’opposait au libre embarquement des troupes anglaises et n’acceptait pas rechange des prisonniers faits de part et d’autre, le gouverneur de Ténériffe, plutôt touché de ce courage que cédant à la peur, consentit à traiter comme le désirait l’ennemi. Nelson fut profondément affecté de-ce revers ; cependant, au lieu de l’abandon qu’il craignait, il fut comblé de félicitations, aussi bien par la cour que par l’amirauté ; Bristol et Londres l’admirent au nombre de leurs bourgeois libres ; il reçut l’ordre du Bain et une pension de 1.000 livres sterling (25.000 francs). Le mémoire qu’il dut présenter à cette occasion détaillait de rares états de service : quatre batailles navales contre des flottes, trois combats sur des chaloupes canonnières, trois villes prises, quatre mois de service dans l’armée de terre, deux sièges de plus, Nelson avait contribué à la prise de 7 vaisseaux de guerre, 6 frégates, 4 corvettes, 11 corsaires ; il avait détruit près de 50 bâtiments de commerce et payé de sa personne à plus de cent vingt combats ; ces divers exploits lui avaient coûté la perte d’un œil et d’un bras, sans parler de plusieurs blessures plus ou moins graves. Dès qu’il se sentit en état de reprendre du service, Nelson plaça son pavillon sur le Vanguard et alla rejoindre le comte Saint-Vincent dans la Méditerranée. Ses adieuxà son père et à sa femme furent empreints des sentiments les plus affectueux. Aucun nuage n’avait encore altéré la vive tendresse qu il portait à celle-ci, et ses dernières paroles furent, en la quittant, que « satisfait pour lui-même au delà de son ambition, il allait travailler à lui assurer le rang dont elle était digne. » Lorsqu’il rejoignit la flotte anglaise, on ne savait encore sur quel point de l’univers allait se diriger cette expédition mystérieuse que le général Bonaparte avait demandée au Directoire, et dont les immenses préparatifs attestaient assez l’importance (1798). Les mémoires du temps nous apprennent aussi qu’après avoir pris Malte, et durant la traversée qui le conduisit en Egypte, Napoléon, causant avec Brueys, pesa plusieurs fois les chances d’un engagement avec la flotte anglaise ; mais ces prévisions étaient inutiles, et Nelson, par trop de hâte, laissa la route libre aux ennemis qu’il était chargé de surveiller. Après avoir d’abord louvoyé sur les côtes de Sardaigne, instruit du but de l’expédition française, il fit force de voiles vers Alexandrie et arriva devant ce port avant les navires qu’il poursuivait et en sortit le jour même, sans s’être assuré qu’ils n’y entraient pas après lui. Déjà une fois (dans la nuit du 22 juin) la flotte française et la flotte anglaise s’étaient croisées, sans se douter le moins du monde qu’elles fussent si près l’une de l’autre. Cette méprise se renouvela, car, au moment où les vaisseaux français approchaient du port égyptien, ils entendirent, à leur droite, une canonnade ; c’étaient les signaux de Nelson, qui allait chercher l’ennemi sur les côtes de Caramanie. En ce moment, les deux flottes étaient à 5 lieues l’une de l’autre. « S’il eût été jour, dit un historien, ou si le hasard eût poussé Nelson un peu à gauche de la route qu’il suivit, une autre bataille d’Aboukir aurait pu changer les destinées du monde ; mais, cette fois, l’étoile de Napoléon l’emporta. » En Angleterre, lorsqu’on apprit que Bonaparte avait paisiblement traversé la Méditerranée et que ses légions victorieuses domptaient la résistance des mameluks, il n’y eut qu’un cri contre sir John Jervis, pour avoir confié à un si jeune officier le succès d’une mission aussi importante que celle dont Nelson avait été chargé. Il fut même question de traduire Nelson devant un conseil de guerre. Cependant le jeune contre-amiral était revenu en toute hâte vers la Sicile, après avoir touché à Candie, ou il croyait encore surprendre l’expédition française. Le gouvernement napolitain, alors en paix avec la République et fort peu soucieux de se brouiller avec elle, ne voulait accorder aucun secours à l’escorte anglaise, qui avait besoin de se ravitailler et de faire eau pour reprendre la mer. Enfin, grâce à sir Hamilton, et surtout à lady Emma, Nelson obtint, sinon un appui ostensible, du moins des ordres secrets qui autorisaient les gouverneurs siciliens à lui fournir tout ce dont il aurait besoin. Le 25 juillet, quatre jours après la bataille des Pyramides, Nelson partit de Syracuse pour la Morée, toujours à la poursuite de l’ennemi. Après avoir vérifié qu il n’était pas dans ces parages, il prit le parti de retourner en Egypte et arriva en vue d’Alexandrie le 1er août. A quatre heures de l’après-midi, le même jour, le, capitaine Hood signala la flotte française, embossée dans la baie d’Aboukir. La bataille s’engagea aussitôt ; le nombre des vaisseaux de ligne était égal des deux côtés ; mais les Français avaient l’avantage par la dimension des navires, le nombre des canons et la force des équipages. Cependant, malgré l’héroïque défense de Bruevs et de sa flotte, la victoire se prononça en faveur des Anglais. La plupart des capitaines français s’étaient fait tuer comme leur amiral, avant de consentir à s’avouer vaincus. L’Orient et la Sérieuse avaient disparu sous les flots ; les autres avaient amené leurs pavillons, sauf deux frégates qui prirent le large au commencement de l’action, précédées de deux vaisseaux de ligne, dont l’extrême prudence fut la seule tache qui dépara cette glorieuse défaite. En même temps que Brueys expirait en face de l’ennemi vainqueur, mais impuissant à dompter son courage, Nelson venait aussi de recevoir dans la tête un éclat de mitraille. Tout le monde, autour de lui, croyait sa blessure mortelle, et il partageait cette opinion mais, avec un admirable sang-froid, transporté dans le poste des malades, il refusa les soins du chirurgien qui abandonnait, pour venir plus vite à lui, le pansement d’un matelot blessé : « Non, s’écria l’amiral, je ne prendrai pas le tout de mes braves camarades. » Néanmoins, malgré sa blessure, Nelson ne perdit pas de vue les conséquences de sa victoire ; il dépêcha, le jour même, un officier chargé d’aller annoncer au gouverneur de Bourbon l’arrivée des Français en Egypte et la destruction totale de leur flotte, qui mettait à l’abri de toute attaque, pour le moment du moins, les établissements britanniques dans l’Inde. L’effet de cette nouvelle fut considérable en Europe ; l’Angleterre acclama son héros ; les souverains de Naples, de Sardaigne, de Turquie et de Russie comblèrent de louanges, d’honneurs et de dons précieux le vainqueur d’Aboukir. On le créa baron du Nil, avec une pension de 2.000 livres sterling ; la Cité de Londres vota des épées pour l’amiral et chacun de ses capitaines ; la Compagnie des Indes orientales fit un don de 10.000 livres sterling, la Compagnie turque donna un vase d’argent, etc. Cependant Nelson jugea le titre de baron du Nil au-dessous de ce qu’il était en droit d’attendre, et il accusa vivement Pitt d’ingratitude et de mauvaise foi envers lui. A Naples, où il retourna ensuite, à bord du Vanguard, il fut un peu consolé par l’accueil enthousiaste du roi et de la reine, ainsi que de la chère lady Hamilton. C’était à qui lui témoignerait le plus de soins et d’égards. « J’espère, écrivait-il à sa femme, vous présenter quelque jour à lady Hamilton ; c’est une des meilleures femmes qui soient au monde ; elle honore vraiment son sexe ; ses bontés et celles de sir William sont au delà de ce que je puis dire. J’habite leur maison, et il n’a fallu rien moins que les soins assidus dont ils me comblent pour rétablir ma triste santé. Vous les aimerez pour cela comme je les aime… » Bientôt, toutefois, les vrais amis du héros s’alarmèrent pour lui de la passion coupable à laquelle on le voyait en proie. Le capitaine Nisbett, fils de lady Nelson, fut un des premiers à remarquer chez son beau-père ce changement funeste ; ses lettres éveillèrent les soupçons de l’épouse outragée, ainsi que les inquiétudes de toute la famille. Par malheur, il était déjà trop tard pour que des conseils indirects produisissent, un eflet salutaire sur l’esprit de Nelson. L’amour d’une des plus charmantes femmes de l’Europe, les soins empressés qu’elle lui prodiguait, la passion qu’elle affichait pour sa gloire, l’avaient complètement fasciné. Il est aisé d’en juger par ce fragment d’une lettre adressée officiellement au premier lord de l’amirauté, lettre dont le ton contraste singulièrement avec celui des dépêches ordinaires. « Nous dînons tous aujourd’hui avec le roi de Naples, à bord d’un navire. Il est rempli d’attentions pour nous. J’ai vu souvent la reine ; elle est vraiment fille de Marie-Thérèse. De l’autre côté de la table sur laquelle j’écris ces lignes, lady Hamilton est assise, et vous comprendrez, je l’espère, le glorieux décousu de ma lettre. Votre seigneurie, à ma place, écrirait peut-être encore moins bien. Quand le cœur est ému, il faut bien que la main tremble… » Il servait toutes les intrigues et toutes les haines de la chère lady Hamilton, allant même jusqu’à dénoncer de loyaux serviteurs de la cause qu’il prétendait défendre. Il considérait Naples comme un pays d’escrocs et de courtisanes (sic), et il n’avait pas fallu plus de deux mois pour qu’il se vouât, corps et âme, à la défense de ce pays ; s’affichant désormais comme le champion dévoué de Caroline, et jurant de la défendre contre tous ses ennemis, sur mer et sur terre sa haine contre le jacobinisme et contre la France, sou zèle pour le principe monarchique se traduisent encore d’une manière presque bouffonne dans ses protestations de dévouement au roi de Sardaigne : « J’ose vous demander, lui écrivait-il, de me donner directement vos ordres et de me considérer comme un fidèle serviteur, d’autant plus dévoué à Votre Majesté qu’elle a dû plus d’infortunes à une bande d’athées, de voleurs et de meurtriers ; mais je crois que la mesure de leurs iniquités est enfin comblée, et que Dieu, dans sa sagesse, a choisi le bras de l’Autriche pour les châtier comme ils méritent de l’être. » Sur ces entrefaites, Ferdinand IV voulant s’emparer de l’île de Malte, occupée par les Français, Nelson reprit la mer et se présenta devant Goze pour appuyer la réclamation du roi Nasone (21 octobre 1798). Il revint ensuite à Naples, pour y combiner ses mouvements avec ceux de l’armée autrichienne qui devait chasser les Français de l’Italie. Mais les soldats de Championnet ayant pris les devants, il fallut songer à fuir, et ce fut « la chère lady Hamilton » qui se chargea des préparatifs du départ : les vaisseaux anglais reçurent les caisses du trésor royal, les joyaux de la couronne, les tableaux les plus précieux, tous les objets d’art de choix, tout ce qu’on pouvait enlever dans ce moment de hâte et de confusion ; puis, un soir de décembre, par un temps d’orage, Nelson vint prendre, avec trois chaloupes, toute la famille royale, qu’il conduisit saine et sauve à bord du Vanguard, et de là à Palerme. Presque aussitôt, saint Janvier, bon patriote, se déclara favorable à la révolution napolitaine et aux jacobins français ; mais, en même temps, le cardinal Ruffo et son « année chrétienne » affreux ramassis de galériens, de bandits et de moines défroqués, révolutionnaient la Calabre ; peu à peu, la réaction s’étendit dans tout le royaume de Naples, et l’occupation française, de toute parts restreinte, fut bientôt limitée à la capitale même, bloquée par terre et par mer ; les troupes républicaines durent capituler, et déjà l’évacuation était commencée quand Nelson entra tout à coup dans la baie de Naples, sur le Foudroyant, escorté de dix-sept autres vaisseaux de guerre. A la vue du pavillon qui annonçait la suspension des hostilités, lady Hamilton s’élança sur le gaillard d’arrière où était Nelson : « Bronte, lui dit-elle en lui donnant le nom d’un duché que Ferdinand et Caroline avaient offert à leur dévoué protecteur, Bronte, faites abattre ce pavillon de trêve !… On n’accorde pas de trêve aux rebelles. » Encore fallait-il prendre l’avis du cardinal Ruffo, que l’on détestait à bord du Foudroyant, mais qui n’en fut pas moins reçu comme représentant du roi de Naples, avec une salve de treize coups de canon. Or, disons-le à l’honneur de ce prêtre sans honneur et sans principes, disons-le à la honte de Nelson, Ruffo ne voulut jamais consentir à la violation du traité signé avec les rebelles. Lady Hamilton l’en supplia vainement ; vainement l’amiral anglais déclara que cette capitulation était « une infamie » Ruffo tint bon et refusa de souscrire aux diverses propositions qui lui furent soumises, toutes ayant pour but d’obliger les républicains de Naples à se remettre sans conditions à la merci de Ferdinand IV. Nonobstant sa résistance, Nelson fit paraître une déclaration (25 juin 1799), par laquelle il faisait savoir aux rebelles qu’il ne leur permettrait point de s’embarquer ; après quoi parut une nouvelle proclamation du vainqueur d’Aboukir par laquelle il enjoignit à tous ceux qui avaient servi « l’infâme république napolitaine » de s’abandonner à la clémence royale. Ce fut par ses ordres que l’infortuné Francisco Caracciolo fut pendu à la vergue de misaine, sur la frégate la Minerva, pendant que lady Hamilton faisait plusieurs fois le tour du navire pour assister à l’agonie de l’infortuné vieillard. On sait le reste : les échafauds en permanence, les cachots regorgeant de prisonniers, le pillage et l’assassinat ; puis, à côté, la cour s’abandonnant sans remords à de honteux plaisirs, sous la protection de l’amiral anglais, plus jaloux de plaire à ses hôtes que d’écouter la voix de sa conscience. Quand sir William Hamilton fut rappelé à Londres par le Foreign Office, Nelson épousa vivement sa querelle et quitta Naples, avec lui et lady Emma, au mois de juin 1800. La reine Caroline, qui se rendait à Vienne, voyagea de compagnie avec eux, et partout où ils passèrent sur le territoire allemand, Nelson fut l’objet de ces manifestations populaires qui lui étaient si précieuses. En Angleterre, on lui fit une entrée triomphale ; à Londres, le peuple traîna sa voiture de Ludgate-Hill à Gruild-Hall. Au commencement de l’année suivante (1801), quand il fut question de lancer une flotte dans la mer du Nord pour y écraser les vaisseaux des quatre puissances coalisées et pour vider définitivement la grave question du droit des neutres, l’amirauté en donna le commandement à sir Hyde Parker, et Nelson fut placé sous ses ordres. Toutefois, malgré son titre le commandant en chef dut se contenter d’un rôle secondaire, car, dès le début, Nelson fit prévaloir son opinion relativement au plan de campagne. Le 2 avril, devant Copenhague, il détruisit l’escadre danoise, combinée avec l’escadre russe ; puis, cette campagne achevée, il fut rappelé en Angleterre pour y recevoir les ordres de l’amirauté. Il prit alors le commandement d’une flottille composée de frégates, bricks, corvettes et autres bâtiments légers, avec laquelle il alla reconnaître Boulogne et escarmoucher avec la flottille française. Après deux échecs successifs (6 et 15 août), il dut regagner les côtes d’Angleterre. Mais, à la rupture du traité d’Amiens, il prit le commandement de la flotte de la Méditerranée (mai 1803). Pendant plus de deux ans, il poursuivit l’ennemi, sur son ancien vaisseau la Victory ; enfin, fatigué de cette longue et inutile course, il était rentré à Plymouth, quand il apprit que Villeneuve et Gravina, débloquant le Ferrol avaient rallié les vaisseaux qui s’y trouvaient et s’étaient, depuis lors, enfermés dans la rade de Cadix. Il, repartit aussitôt et, le 21 octobre 1805, l’intrépide capitaine de mer payait de sa vie l’importante victoire de Trafalgar, remportée contre les flottes combinées de France et d’Espagne, Nelson portait ce jour-là, comme à son ordinaire, son vieux frac d’amiral, qui le désignait aux coups des tirailleurs dont ses adversaires avaient couvert leurs hunes. Lui-même n’en doutait pas, et ses officiers chargèrent le chirurgien du navire de parler au chapelain, afin qu’il adressât, de leur part, à l’amiral une requête qu’il savaient bien devoir lui déplaire. Ils voulaient le prier de changer son habit, ou de couvrir ses éclatants insignes ; mais il n’aurait certainement pas accédé à cette proposition. « Je les ai gagnés avec honneur, avait-il déjà répliqué à une première suggestion de ce genre, je mourrai avec honneur sans les avoir quittés. » L’un des premiers, il entre en ligne avec la Victory contre le Bucentaure, monté par l’amiral Villeneuve, puis contre le Redoutable, quand une balle partie de ce dernier vaisseau atteint mortellement l’amiral anglais à l’épaule, sans que, malgré les approches du trépas, il cessât de donner ses ordres pour le combat ; enfin l’ennemi est vaincu, Villeneuve fait prisonnier, et le vainqueur expire alors en rendant grâces à Dieu. C’en était fait désormais de la puissance maritime de la France. Nelson avait eu recours cette fois, comme à Aboukir, à la tactique adoptée sur terre par Napoléon : couper la ligne de l’ennemi en plusieurs endroits et battre ses vaisseaux en détail, avant qu’ils aient pu se concentrer. Le corps du héros fut ramené dans sa patrie, où on lui fit des funérailles publiques. Ainsi qu’il l’avait rêvé toute sa vie, Westminster lui ouvrit ses portes. On lui éleva un monument à Londres, et sa statue fut érigée dans plusieurs des principales cités. Cependant, le legs audacieux que Nelson avait fait de sa maîtresse au pays honoré par ses exploits fut justement répudié ; mais on accumula les témoignages de la reconnaissance nationale sur des personnes dignes d’un pareil honneur. Le titre de comte fut conféré au frère de l’illustre capitaine, et une pension perpétuelle de 6.000 livres sterling fut jointe à ce titre aristocratique. Chacune de ses sœurs reçut 250.000 francs, et la femme qu’il avait si cruellement outragée et délaissée obtint une rente viagère de 1.000 livres sterling. Quant à miss Horatia Nelson Thompson, dont la naissance a été l’objet de si vives controverses de la part des critiques anglais, l’opinion la plus probable est que lady Hamilton, trompant à là fois son mari et son amant, supposa pour l’un quelque aventure romanesque où elle jouait le rôle de confidente, pour l’autre un accouchement secret qui l’aurait rendu père, tandis qu’en réalité Horatia n’aurait été qu’un enfant trouvé, volé, acheté pour resserrer les liens qui rattachaient lord Nelson à lady Hamilton. Miss Horatia vécut, après la mort de celle-ci, chez différents membres de la famille Nelson ; et, dans la suite, elle contracta un mariage qui lui donnait dans le monde un rang honorable.

(Extrait du dictionnaire Larousse du dix-neuvième siècle)

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février 28, 2008

MARECHAL MARMONT (1774-1852)

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Maréchal Auguste-Frédéric-Louis Viesse de Marmont (1774-1852), alors Lieutenant d’état-major d’artillerie (1792)

La vanité avait perdu Marmont ; la postérité flétrira justement sa vie ; pourtant son coeur vaudra mieux que sa mémoire.

(Napoléon Bonaparte)

Maréchal MARMONT (Auguste-Frédéric-Louis VIESSE DE), duc de raguse, maréchal de France et membre de l’Institut, né à Châtillon-sur-Seine en 1774, mort à Venise en 1852. Son père, capitaine au régiment de Hainaut, le destinait à la magistrature; mais le jeune Marmont céda à la vocation irrésistible qui le poussait vers la  carrière des armes, et, à dix-sept ans, il fut reçu élève sous-lieutenant à l’école d’artillerie de Châlons, où il se distingua par ses goûts et ses aptitudes pour les sciences exactes, qualités qui devaient le rendre un des meilleurs généraux d’artillerie de son temps. Il débuta comme lieutenant au siège de Toulon et se fit remarquer de Bonaparte, dont le coup d’œil pénétrant eut bientôt discerné le rare mérite du jeune officier, et qui se l’attacha dès cette époque. En 1795, Marmont servit comme capitaine à l’ armée du Rhin, où il commanda l’artillerie de l’avant-garde de Desaix, et, l’année suivante, il suivit Bonaparte à l’armée d’Italie comme aide de camp du nouveau général en chef. Il prit une part brillante à cette immortelle campagne, dont il revint avec le grade de chef de brigade, ayant à peine vingt-trois ans. Il accompagna ensuite Bonaparte dans l’expédition d’Egypte, se distingua a la prise de Malte, où il enleva le drapeau de l’ordre ; au siège d’Alexandrie, dont il enfonça une des portes à coups de hache ; à la bataille des Pyramides, au succès de laquelle il contribua avec le général Rampon, par la destruction d’un corps de mameluks. Chargé ensuite de la défense d’Alexandrie contre les attaques combinées des flottes anglaise, russe et turque, il résista victorieusement à un effroyable bombardement, malgré les horreurs de la peste et de la famine, auxquelles la ville était en proie. De retour en France avec son général en chef, il prit une part active au 18 brumaire, et reçut ensuite le commandement de l’artillerie destinée à la nouvelle campagne d’Italie. Le premier consul le chargea d’organiser le passage du mont Saint-Bernard, et il sut vaincre tous les obstacles qu’il devait rencontrer dans une entreprise aussi difficile. A Marengo, l’artillerie de Marmont jeta le désordre dans les rangs autrichiens, et Kellermann en profita habilement pour charger et couper l’armée ennemie, jusqu’à ce moment victorieuse. Nommé général de division d’artillerie, puis premier inspecteur général de cette arme, il y apporta de grands perfectionnements et commanda quelque temps après l’armée française en Hollande. Le 14 juin 1804, il fut fait grand officier de la Légion d’honneur, et grand-aigle le 2 février 1805, puis colonel général des chasseurs à cheval. Lorsque la guerre éclata de nouveau entre la France et l’Autriche, vers la fin de l’année 1805, Marmont prit une grande part au blocus et à la reddition d’Ulm. L’année suivante, il reçut le commandement supérieur de l’armée de Dalmatie, avec le titre de gouverneur général des provinces illyriennes, dégagea Raguse, assiégée par les Russes, et vainquit ces derniers en plusieurs circonstances. Dans ce nouveau poste, il révéla tous les talents d’un grand administrateur, introduisit une foule d’améliorations dans son gouvernement, et ouvrit à travers les marais et les montagnes une route de 300 kilomètres, qui inaugura une ère nouvelle pour le pays. Cette activité infatigable faisait dire de lui par les Dalmates : « Les Autrichiens pendant huit ans ont discuté des plans de route sans les exécuter ; Marmont est monté à cheval, et, quand il en est descendu, elle était terminée. » Lorsque l’empereur d’Autriche visita la Dalmatie, en 1818, à la vue des travaux accomplis par le général français, il dit en riant au prince de Metternich : « II est bien fâcheux que le maréchal Marmont ne soit pas resté en Dalmatie deux ou trois ans de plus. » Vers la fin de 1807, Marmout fut créé duc de Raguse, puis, lorsque commença la campagne d’Autriche de 1809, il reçut l’ordre de réunir son corps d’armée et d’opérer sa jonction avec les troupes d’ Eugène de Beauharnais, opération qu’il exécuta heureusement après avoir battu les Autrichiens en diverses rencontres. Toutefois, il ne prit aucune part à la bataille de Wagram ; il se tint à Znaïm. malgré les instructions contraires qu’il avait reçues de Napoléon, et se vit sur le point d’être écrasé par les débris de l’armée autrichienne. Il n en fut pas moins alors nommé maréchal de France. Marmont reprit ensuite ses fonctions en Dalmatie, et cela jusqu’en 1811, époque à laquelle il fut appelé à remplacer Masséna dans le commandement de l’armée du Portugal, qui venait de rentrer en Espagne. Il eut alors la tâche difficile de surveiller et de combattre Wellington. Ses premiers succès lui inspirèrent une confiance fatale, et, le 22 juillet 1812, il perdit contre le général anglais la bataille des Arapiles, dans laquelle lui-même eut le bras droit fracassé par un boulet dès le commencement de l’action, ce qui contribua sans doute à notre défaite. Dans la campagne de 1813 en Allemagne, Marmont eut le commandement du sixième corps de la grande armée et prit une grande part aux batailles de Lutzen, de Bautzen, de Dresde et de Leipzig. Dans la campagne de 1814, qui avait lieu chez nous cette fois, le duc de Raguse se signala par des prodiges d’activité et d’audace sous les murs de Paris surtout, où il lutta contre les Russes avec une indomptable énergie ; il défendit en désespéré les hauteurs de Belleville ; mais la supériorité du nombre était trop écrasante pour qu’on pût conserver le moindre espoir, et les maréchaux Marmont et Mortier durent se résigner à la douloureuse nécessité de traiter avec l’ennemi ; toutefois Mortier se refusa à signer la capitulation. Quant à Marmont, il se retira sur Essonne avec son corps d’armée, qui se montait à environ 20.000 hommes. Nous voici arrivés à une phase bien contestée encore de la vie du maréchal Marmont, phase qui a attiré sur son nom plus de célébrité que tous ses succès militaire s; nous voulons dire sa trahison présumée. Nous résumerons ici la question telle qu’elle a été étudiée et élucidée par M. Thiers, qui nous semble avoir jugé l’homme et les circonstances avec une grande impartialité ; mais disons tout de suite, pour expliquer dans quelle terrible situation d’esprit a dû se trouver Marmont, disons qu’il avait entendu à Paris la formidable explosion de haines qui venait d’éclater contre l’Empire et contre l’auteur de tous les malheurs de la France, disons qu’il avait été enveloppé par les intrigues, non-seulement des royalistes, mais encore de ceux qui, à l’exemple de Talleyrand, se retournaient contre l’Empire après l’avoir servi, et qui répétaient sur tous les tons au maréchal qu’une plus longue fidélité à un seul homme serait l’immolation de tous les intérêts de la patrie. Le 4 avril 1814, Napoléon rédigeait lui-même et signait le fameux acte suivant : « Les puissances alliées ayant proclamé que l’empereur Napoléon était le seul obstacle au rétablissement de la paix en Europe, l’empereur Napoléon, fidèle à son serment, déclare qu’il est prêt à descendre du trône, à quitter la France et même la vie, pour le bien de la patrie, inséparable des droits de son fils, de ceux de la régence de l’Impératrice et des lois de l’Empire. Fait en notre palais de Fontainebleau, le 4 avril 1814. » On voit que, dans cet acte, Napoléon réservait les droits de sa femme et de son fils ; deux jours après, 6 avril, il signait cette autre formule : « Les puissances alliées ayant proclamé que l’empereur Napoléon était le seul obstacle au rétablissement de la paix en Europe, l’empereur. Napoléon, fidèle à ses serments, déclare qu’il renonce pour lui et ses héritiers aux trônes, de France et d’Italie, parce qu’il n’est aucun sacrifice personnel, même celui de la vie, qu’il ne soit prêt à faire à l’intérêt de la France. » Ici, l’abdication est absolue ; quel événement avait donc apporté cet immense changement dans la rédaction ? C’est maintenant que se dévoile le rôle joué par Marmont dans ces tristes journées. Tandis que les maréchaux, réunis autour de Napoléon à Fontainebleau, s’efforçaient de lui arracher son abdication personnelle, scène qui est restée célèbre, mais dont on a exagéré la violence, le gouvernement provisoire établi à Paris sous les auspices des souverains alliés faisait tous ses efforts pour détacher Marmont de Napoléon. Etabli à Essonnes avec 20.000 hommes, dans une forte position, il permettait à l’Empereur, en réunissant les autres débris de ses troupes, de tenter un effort désespéré sur les ennemis, de leur livrer même dans Paris une bataille qui pouvait devenir désastreuse pour eux. Marmont fut donc circonvenu par les agents du gouvernement provisoire ; on parla à son ambition, à sa vanité, à son patriotisme même, en lui dévoilant le tableau des calamités que l’opiniâtreté de Napoléon pouvait déchaîner sur la capitale et sur la France, tristes éventualités qui n’étaient certes pas
invraisemblables. Ces considérations frappérent son esprit, et, après de longues et cruelles indécisions, il consentit à entrer en pourparlers avec le prince de Schwarzenberg, commandant de l’armée autrichienne, et tous deux convinrent des conditions suivantes : Marmont devait, avec son corps d’armée, quitter l’Essonne le lendemain, gagner la route de la Normandie, où il se mettrait à la disposition du gouvernement provisoire, et comme il ne se dissimulait pas les conséquences d’un acte pareil, car non-seulement il enlevait à Napoléon près du tiers de son armée, mais la position si importante de l’Essonne, il avait stipulé que, si par suite de cet événement, Napoléon tombait dans les mains des monarques alliés, on respecterait sa vie, sa liberté, sa grandeur passée, et on lui procurerait une retraite à la fois sûre et convenable. Cette seule précaution, dictée par un repentir honorable, condamnait l’acte de Marmont, en révélant toute la gravité que lui-même y attachait. » Cet arrangement devait rester secret jusqu’à son exécution ; Marmont en instruisit seulement ses généraux divisionnaires, auxquels il apprit l’abdication conditionnelle de Napoléon, et il les trouva tout disposés à marcher dans la voie qu’il venait d’ouvrir. Marmont dut alors se rendre à Paris avec les autres maréchaux pour y plaider la cause de Napoléon auprès des souverains alliés. Sur ces entrefaites, le général Souham, qui commandait à la place de Marmont, reçut l’ordre de se rendre à Fontainebleau ; il crut alors, avec les autres généraux, Compans, Bordesoulle, Meynadier, que Napoléon était instruit de tout ; et ils résolurent de précipiter le mouvement convenu, même en l’absence de Marmont. Ils prévinrent donc le prince de Schwarzenberg de leur dessein, et, le 5 avril, vers 4 heures du matin, le 6e corps franchit l’Essonne. Officiers et soldats ignoraient le secret de cette marche ; ils ne commencèrent à concevoir des soupçons qu’en voyant les ennemis border paisiblement les routes et les laisser passer sans faire feu. Les
murmures commencèrent à éclater alors, et tout présageait un soulèvement en arrivant à Versailles. Une seule division ne suivit point le mouvement, celle du général Lucotte, à qui l’ordre parut suspect, et qui refusa de l’exécuter ; mais la ligne de l’Essonne n’en fut pas moins perdue pour Napoléon, qui dut voir dans cette défection là ruine de ses dernières espérances. La nouvelle de ce grave événement produisit dans l’esprit des souverains alliés un effet décisif ; jusqu’alors ils avaient eu des ménagements pour Napoléon, qui était encore redoutable pour eux ; mais sa terrible épée venait de lui être arrachée des mains, et Alexandre annonça aux négociateurs, Caulaincourt, Ney et Macdonald, que les souverains ne pouvaient plus se contenter d’une abdication conditionnelle, qu’il leur fallait l’abdication absolue de Napoléon pour lui et sa famille. Telle est l’explication de la différence qui existe entre les deux formules que nous avons données plus haut. Marmont ayait été consterné en apprenant ce qui venait de se passer : « Je suis perdu, s’écria-t-il, déshonoré à jamais ! » Mais il se borna à des exclamations et ne tenta aucun effort pour réparer le mal, ou du moins pour diminuer la part de responsabilité qui allait peser sur lui. Tout à coup ou apprit que le corps, instruit enfin du véritable rôle qu’on venait de lui faire jouer, était en pleine révolte à Versailles contre ses généraux ; ce fut encore Marmont qu’on chargea d’user de son influence sur l’esprit de ses soldats pour les ramener à l’obéissance, et il y réussit en les flattant, puis en leur démontrant l’impossibilité de résister à l’ennemi, en leur promettant même de revenir se mettre à leur tête dès que l’armée serait reconstituée. « Ainsi s’accomplit cette opération, qu’on a appelée la trahison du maréchal Marmont. Si l’acte de ce maréchal avait consisté à préférer les Bourbons à Napoléon, la paix à la guerre, l’espérance de la liberté au despotisme, rien n’eût été plus simple, plus légitime, plus avouable ; mais, même en ne tenant aucun compte des devoirs de la reconnaissance, on ne peut oublier que Marmont était revêtu de la confiance personnelle de Napoléon, qu’il était sous les armes et qu’il occupait sur l’Essonne une position capitale ; or, quitter en ce moment cette position avec tout son corps d’armée, par suite d’une convention secrète avec le prince de Schwarzenberg, ce n’était pas opter comme uu citoyen libre de ses volontés entre un gouvernement et un autre, c’était tenir la conduite du soldat qui déserte à l’ennemi ! Cet acte malheureux, Marmont a prétendu depuis n’en avoir qu’une part, et il est vrai qu’après en avoir voulu et accompli lui-même le commencencement, il s’arrêta au milieu, effrayé de ce qu’il avait fait ! Ses généraux divisionnaires, égarés par une fausse terreur, reprirent l’acte interrompu et l’achevèrent pour leur compte, mais Marmont, en venant s’en approprier la un par sa conduite à Versailles, consentit à l’assumer tout entier sur sa tète, et à en porter le fardeau aux yeux de la postérité ! » (Histoire du Consulat et de l’Empire.) Oui, le jugement est juste dans sa sévérité ; en regard des principes inflexibles de la morale, il n’est pas de compromis possible avec les circonstances mêmes et avec  sa conscience. Cette réserve faite en l’honneur d’un sentiment que rien ne devrait étouffer, et dont l’histoire doit maintenir le haut et sacré caractère, qui pourrait s’armer contre l’infortuné Marmont d’un rigorisme impitoyable ? Est-ce la France, qu’il croyait arrêter sur le bord du l’abîme où allait la précipiter un insensé ? Est-ce cet insensé lui-même, Napoléon enfin ? De quel droit se serait-il plaint que Marmont, pour sauver la France, oùt trahi le serment qu’il lui avait, prêté, lui qui, pour la noyer dans un déluge de calamités, avait effrontément foulé aux pieds tous les siens ? Résumons-nous : Marmont fut coupable ; mais si jamais coupable eut des
titres au bénéfice des circonstances atténuantes, ce fut le commandant du 6° corps. Marmont ne joua aucun rôle politique dans les événements qui suivirent et n’exerça qu’une très médiocre influence, bien que Louis XVIII l’eût nommé commandant d’une compagnie de ses gardes du corps, pair de de France et chevalier de Saint-Louis. La réprobation publique s’était attachée à sou nom et elle n’a pas encore cessé dans tous les esprits, dans les préjugés populaires du moins. Comme le dit M. Rapetti, « il eut des faveurs, mais pas d’importance. Les royalistes purs eussent rougi de devoir de la reconnaissance à une trahison, et ils se montraient ingrats, les royalistes les moins purs se montraient naturellement les plus ingrats. Les hommes de l’Empire les plus reconciliés avec le nouvel ordre de choses tenaient à éloigner toute comparaison entre une trahison et leur ralliement, et ils affichaient leur soin à se préserver du voisinage de M. de Raguse. Quant à l’opinion populaire, elle demeurait implacable. Dans les rues, on avait fait un mot du nom de Raguse : on disait raguser pour tromper. Marmont, qui avait rêvé un grand rôle politique, se trouva réduit à l’isolement et à l’impuissance. » Pendant les Cent-Jours, Marmont suivit Louis XVIII à Gand, et, après Waterloo, le roi le combla de nouveaux honneurs. En 1816, l’Académie des sciences le choisit pour un de ses premiers membres libres. En pendant les journées de Juillet, Marmont fut chargé du commandement de l’armée de Paris, et, en cette qualité, dut défendre les fatales ordonnances. Ce rôle allait achever de le rendre impopulaire. Au plus fort de la lutte, un vieux royaliste lui dit : « Maréchal, voulez-vous sauver le roi, le peuple de Paris et votre nom ?… Arrêtez les ministres, tous les signataires tous les conseillers des ordonnances ; faites-les transporter, à Vincennes, liés, garrottés comme des criminels, comme les seuls coupables. Le peuple satisfait, apaisé par vous, posera les armes ; le roi, qui ne se trouvera plus en présence d’une révolte, pourra faire des concessions. Vous, vous serez exilé ; mais on pardonne aisément à qui nous tire d’un mauvais pas. Vous nous reviendrez bientôt et vous serez le sauveur, le pacificateur, l’homme de la royauté, de la liberté. » Ce conseil était sage ; malheureusement Marmont ne voulut pas le suivre ; il se sentait écrasé par le Souvenir de 1814 ; et, en effet, pour prendre de ces résolutions audacieuses, décisives, il faut avoir derrière soi un passsé irréprochable. On connaît l’issue de la lutte : Marmont essaya en vain de résister au lion déchaîné, malgré l’habileté de ses dispositions. Une députation composée de Laffitte, des généraux Gérard et Lobau, etc., se rendit auprès de Marmont pour le prier d’arrêter l’effusion du sang ; le maréchal écrivit alors à Charles X, qui se montra inflexible, et, le lendemain, 29 juillet, le drapeau tricolore flottait sur le dôme des Tuileries, C’est alors qu’eut lieu à Saint-Cloud cette scène scandaleuse, dans laquelle le duc d’Angoulême, fou de colère, voulut arracher l’épée du maréchal, qu’il accusait de tous les malheurs de sa famille, et auquel il adressa ces mots aussi injustes que cruels : « Est-ce que vous voulez faire avec nous comme avec l’autre ? » Marmont dut se rappeler amèrement que la reconnaissance n’a jamais été une vertu royale : le dauphin lui jetait à la face comme une insulte l’acte qui avait contribué à mettre les Bourbons sur le trône. Charles X, plus équitable, essaya de verser un peu de baume sur ce cœur ulcéré, mais le coup n’en était pas moins porté. A partir de cette époque, Marmont resta étranger aux affaires politiques; à quel titre eût-il pu y prendre part ? Exilé volontaire, il erra pendant le reste de sa vie sur la terre étrangère, tantôt en Autriche, tantôt en Turquie, en Syrie, eu Palestine, etc., et enfin dans les Etats de Venise. Ou lui doit plusieurs ouvrages remarquables : Voyage en Hongrie, en Transylvanie, dans la Russie méridionale, en Crimée et sur les bords de la mer à Azoff, à Constantinople, etc. (Paris, 1837, vol. in-8°) ; Esprit des institutions militaires (1845, in-8°; 2e édit. l’année suivante) ; un Xénophon, un César, quelques autres opuscules et enfin ses Mémoires, qui ont eu un si grand retentissement. «  Marmomt, dit encore M. Rapetti, triomphait dans ces relations qu’on nomme la vie du monde. Il avait une physionomie noble, animée, spirituelle. Il était instruit et fourni d’auecdotes sur tous les sujets. Il racontait avec charme, il étonnait, il captivait. Sa supériorité très apparente inspirait le respect, avait cette prodigalité qui semble de la libéralité à ceux qui reçoivent, et ce désir constant de faire montre de son pouvoir, que les solliciteurs prennent aisément pour de l’obligeance, lil était bon sans discernement, et les intrigants le vantaient. Certes, il blessait par sa hauteur ; niais ceux mêmes qu’il offensait ainsi, il savait se les concilier par l’ascendant d’un caractère dont l’extrême fierté relevait encore plus qu’elle ne les déparait les qualités aimables ou brillantes. Napoléon l’avait appelé Marmont 1er. »

(Extrait du dictionnaire Larousse du dix-neuvième siècle)

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février 23, 2008

MARECHAL MURAT (1767-1815)

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Joachim Murat (1767-1815), roi de Naples

Le voilà le Bernadotte du Midi.

Murat et Ney étaient les hommes les plus braves que j’aie jamais vus. Cependant Murat avait un caractère plus noble que Ney. Murat était généreux et franc ; Ney tenait de la canaille. Mais, chose étrange, quoique Murat m’aimât, il m’a fait plus de mal que qui que ce soit au monde…

Sa mort a été un assassinat car il était bien roi, ayant été reconnu par toutes les puissances

(Napoléon Bonaparte)

Maréchal MURAT (Joachim), maréchal de France, roi de Naples, né à La Bastide-Fortunière (Lot) le 25 mars 1767, fusillé au Pizzo le 13 octobre 1815. Destiné à l’état ecclésiastique par son père, qui était aubergiste, il fit ses humanités à Cahors et étudia le droit canon à Toulouse ; mais il renonça bientôt à suivre la carrière du sacerdoce et s’engagea dans un régiment de cavalerie. Un acte d’insubordination le fit renvoyer. Toutefois, il entra quelque temps après dans la garde constitutionnelle de Louis XVI, passa, après la suppression de cette garde, dans le 21e régiment de chasseurs à cheval et devint sous-lieutenant (1791). Exalté révolutionnaire , Murat demanda à changer son nom en celui de Marat, après l’assassinat de l’ami du peuple, ce qui lui valut d’être mis en disponibilité après le 9 thermidor, comme terroriste, pendant qu’il servait à l’ armée des Pyrénées occidentales. Murat était alors chef de brigade. Il revint à Paris et, le 13 vendémiaire an IV, il fut du nombre des républicains qui se levèrent spontanément pour la défense de la Convention. On le réintégra dans son grade. Bonaparte, qui avait pu l’apprécier dans cette journée, le prit pour aide de camp dans la campagne d’Italie (1796), pendant laquelle il récompensa sa brillante valeur à Dego, Ceva, Mondovi en le nommant général de brigade, et l’envoya porter au Directoire les drapeaux pris sur l’ennemi. De retour en Italie, Murat donna de nouvelles preuves de sa bouillante intrépidité à Mantoue, Rovereto, Saint-Georges, ou il fut blessé, et contribua à forcer l’Autriche à demander la paix par l’audacieuse manœuvre qu’il fit exécuter à sa cavalerie le 13 mars 1797. Appelé l’année suivante à faire partie de l’expédition d’Egypte, Murat fit des prodiges à la prise d’Alexandrie. A la bataille des Pyramides (23 juillet 1798), il gagna le grade de général de division ; au siège de Saint-Jean d’Acre, il monta le premier à l’assaut. A Aboukir, il se mesura corps à corps avec Mustapha-Pacha, qu’il fit lui-même prisonnier, et il eut la plus grande part au succès de cette bataille. De retour à Paris avec Bonaparte, qui l’avait fait le confident de ses ambitieux projets, Murat, oubliant ses opinions républicaines, devint l’instrument docile du despote. C’est lui qui, au 18 brumaire, à la tête de grenadiers, violant la représentation nationale, dispersa le conseil des Cinq-Cents et prononça sa dissolution. Pour prix de ce service, le premier consul lui donna le cominandement de la garde consulaire et la main de sa sœur Caroline (20 janvier 1800). Peu après, Murat suivit Bonaparte en Italie. Mis à la tête de toute la cavalerie de l’armée, il entra dans Milan le 2 juin, contribua puissamment à la victoire de Marengo, puis fut chargé en 1801 de l’expulsion des Napolitains des Etats de l’Eglise, du gouvernement de la république Cisalpine et de la prise de possession de l’île d’Elbe. De retour à Paris, il fut nommé député du Lot au Corps législatif, et Bonaparte l’accabla d’honneurs, le créant successivement gouverneur de Paris (1803), maréchal de l’Empire (1804), prince, grand amiral (1805), et lui conférant, après la bataille d’Austerlitz, dont il avait décidé le succès, le titre de grand-duc de Clèves et de Berg, avec la souveraineté de ces Etats (20 fév. 1806). Murat administra sa principauté avec un grand esprit de modération, s’attacha à ne pas pressurer ses sujets, à ne point les indisposer contre lui par des réformes administratives trop brusques, et s’attira à ce sujet de vifs reproches de Napoléon, qu’irritait la moindre apparence de liberté dans le gouvernetnent des peuples. Bien qu’habitué à subir l’ascendant de son irritable beau-frère, Murat, dit-on, refusa de mettre à exécution ses instructions tyranniques, et lui offrit un jour de se démettre de son pouvoir souverain. Tout en jouant le rôle d un petit monarque, Murat n’en était pas moins resté le lieutenant de Bonaparte. Lors de la coalition de 1806, il reprit le commandement de la cavalerie de la grande armée, et montra dans toutes les rencontres une incomparable impétuosité. Après avoir chargé les Prussiens à léna, il fit capituler Erfurt, puis Lubeck où commandait Blücher, marcha contre les Russes ; entra à Varsovie le 28 novembre. En 1807, il figura avec le même éclat aux batailles d’Eylau et de Friedland et assista, le 21 iuin, à l’entrevue qu’eurent sur le Niémen le czar Alexandre et Napoléon. Murat allait, la paix conclue, retourner dans son grand-duché, lorsqu’il fut mis à la tête de l’expédition d’Espagne en 1808. Après une course rapide, les portes de Madrid lui furent ouvertes (25 mars). Peu après, il comprima dans le sang une insurrection formidable. Charles IV l’investit de l’autorité royale et il se croyait déjà en possession de ce trône, lorsque Napoléon le donna à son frère Joseph (6 juin). Murat, de retour à Paris, manifesta son mécontentement, et pour le calmer son beau-frère lui donna le trône de Naples (15 juillet 1808). Le nouveau monarque, proclamé le 1er août sous le nom de Joachim Napoléon, commença, en arrivant dans son royaume, par enlever aux Anglais l’île de Capri, opéra de louables réformes dans l’administration, fit cesser les arrestations arbitraires, réorganisa l’armée et la marine, encouragea les sciences et les lettres et acquit une assez grande popularité. Son goût puéril pour la représentation, sa tenue de roi d’opéra-comique empanaché, loin de sembler ridicules, parurent au contraire plaire au peuple napolitain, avide de spectacles. Poussé par sa femme, qui avait pris sur son faible esprit un grand empire, Joachim voulut prendre son rôle de roi au sérieux et secouer la fatigante tutelle de Napoléon. N’ayant point été secondé par les troupes françaises lorsqu’il tenta, en 1809, d’enlever aux Anglais la Sicile, il en éprouva un vif mécontentement, dont il fit part à Napoléon, qui accueillit ses plaintes avec sa hauteur habituelle ; son irritation s’en accrut. Joachim demanda alors, mais sans succès, le rappel des troupes françaises, et décréta que tous les étrangers, y compris les Français, qui occupaient des emplois dans son royaume devaient, pour les conserver, se faire naturaliser Napolitains. Mais Napoléon annula ces dispositions par un autre décret, signé aux Tuileries en 1811, et dans lequel il déclarait que, « le royaume de Naples faisant partie du grand empire, les citoyens français sont de droit citoyens des Deux-Siciles. » Cette mesure causa à Murat un tel dépit, qu’il en tomba malade et, pour s’en venger, il differa de célébrer la naissance du roi de Rome et affecta de ne plus porter le ruban de la Légion d’honneur (1811). La guerre de Russie apaisa momentanément cette querelle de famille. Le roi de Naples dut, sur l’ordre de son beau frère, prendre encore une fois le commandement de la cavalerie de la grande armée. Il donna de nouvelles preuves de sa brillante valeur dans les champs d’Ostrowno, de Smolensk, et surtout de la Moskowa, où il enleva la grande redoute russe et décida la victoire (7 septembre 1812). Toutefois, il fut battu par Koutousov à Winkowa. Napoléon lui ayant confié le commandement des débris de l’armée pendant la retraite (5 décembre), Murat, découragé, le remit, à Wilna, entre les mains du prince Eugène et disparut furtivement (16 janvier 1813), abandonnant l’armée pour retourner à Naples, et, dès cette époque, pour conserver son trône, il entama de secrètes négociations avec l’Autriche et l’Angleterre. Toutefois, en 1813, il rejoignit Napoléon, prit part aux batailles de Dresde, de Vachau et de Leipzig, puis disparut encore, sous le prétexte de lever des troupes en Italie. Les désastres de la campagne fixèrent ses incertitudes. D’après les conseils de sa femme et de Fouché, il abandonna l’homme dont il voyait crouler la fortune. Par des traités des 6 et 11 janvier 1814 avec l’Angleterre et l’Autriche, il s’engage à fournir 30.000 hommes de troupes aux alliés, qui, en échange, lui garantissent sa couronne et lui promettent un accroissement de territoire. A la tète de son armée, il s’empara de Bologne, d’où il publia, le 30 juin 1814, une proclamation dans laquelle il disait, en s’adressant aux soldats : « L’empereur ne veut que la guerre. Je trahirais les intérêts de mon ancienne patrie, ceux de mes Etats et les vôtres si je ne séparais sur-le-champ mes armes des siennes pour les joindre à celles des puissances alliées, dont les intentions magnanimes sont de rétablir la dignité des trônes et l’indépedance des nations. » Cette défection fut un coup cruel pour Bonaparte, qui, d’après le Mémorial de Sainte-Hélène, l’a jugée en ces termes : « II est impossible de concevoir plus de turpitudes que n’en contenait la proclamation de Murat en se séparant du vice-roi. Il y est dit que le temps est venu de choisir entre deux bannières : celle du crime et celle de la vertu. C’était ma bannière qu’il appelait celle du crime. Et c’est Murat, mon ouvrage, le mari de ma sœur, celui qui me doit tout, qui n’eût rien été sans moi, qui n’est connu que par moi, qui écrivit cela ! Il est difficile de se séparer du malheur avec plus de brutalité, et de courir avec plus d’impudeur au-devant d’une nouvelle fortune. » Au mois de février 1814, Murat marcha contre le vice-roi d’Italie, qu’il força à se replier sur l’Adige, mais l’attaqua mollement. Peu après, le 2 avril, Napoléon était renversé et remplacé par Louis XVIII. Le roi de Naples trouva dans ce dernier, un adversaire déclaré. Il fut mis en discussion dans le congrès de Vienne et sentit la couronne glisser de sa tête. Il songea alors à son beau-frère, relégué à l’île d’Elbe, lui envoya des émissaires et l’assura d’une coopération efficace s’il voulait tenter de reconquérir son trône. Ayant appris, le 5 mars 1815, le débarquement de Napoléon en France, puis le succès, de son entreprise, il déclara qu’il regardait la cause de son beau-frère comme la sienne et que bientôt il le lui prouverait. En effet, il quitta Naples le 16 mars à la tête de son armée, après avoir diminué les impôts et promis une constitution représentative, et il s’avança en Italie en appelant les populations aux armes et à la liberté. Les Autrichiens se replièrent devant lui jusqu’au Pô ; mais là il fut repoussé et forcé de rétrograder à son tour. Bientôt une grande parde de son armée l’abandonna. Poursuivi par les troupes austro-anglaises, il essuya, le 2 mai, une complète défaite à Tolentino, après une bataille de deux jours. Rentré à Naples le 18, avec quelques hommes seulement, il promulgua la constitution annoncée ; mais il était trop tard. Dès le lendemain il dut quitter sa capitale, qui. fut occupée par les Autrichiens au nom de Ferdinand IV. Murat gagna Gaëte, débarqua à Cannes avec sa famille le 25 mai et envoya un courrier à Napoléon pour lui annoncer son arrivée et se mettre à ses ordres. Mais celui-ci ne répondit point à son beau-frère et même lui fit interdire l’accès de Paris par Fouché. Il devait regretter plus tard cette détermination, lorsqu’il disait à Sainte-Hélène, en parlant de Waterloo : « Murat nous eût valu peut-être la victoire ; car que nous fallait-il dans certains moments de la journée ? enfoncer trois ou quatre carrés anglais. Or, Murat était admirable pour une pareille besogne. Il était précisément l’homme de la chose ; jamais, à la tête d’une cavalerie, on ne vit quelqu’un de plus déterminé, de plus brave, de plus brillant. » Murat se disposait à aller habiter près de Lyon, lorsque arriva la nouvelle de la défaite de Waterloo. La sanglante réaction royaliste qui éclata alors dans le Midi le força à chercher une retraite obscure dans le Var. Là, il reçut de nombreuses visites d’officiers français et d’intrigants, qui, flattant son esprit aventureux, le poussaient à retourner à Naples, en lui montrant le peuple prêt à, se soulever en sa faveur ! Murat se laissait aller à cette illusion. « Je n’ai pas besoin, disait-il à un de ses officiers qui s’efforçait de le détourner de ce rêve d’une seconde restauration désormais impossible, je n’ai pas besoin d’un bataillon de vieux soldats pour rallier les populations à mon drapeau ; mon nom seul suffit : je partirai seul, si mes amis ne veulent pas me suivre. » Toutefois, il finit par céder aux conseils d’amis plus clairvoyants, sollicita de l’empereur d’Autriche, par l’entremise du duc d’Otrante, l’autorisation de se rendre dans ses Etats avec sa famille et reçut une réponse favorable. Sur ces entrefaites, il fut averti par les autorités de Marseille qu’une troupe de bandits royalistes devait l’enlever ou le tuer dans la nuit du 17 au 18 juillet. Murat alla se réfugier à Toulon, où il passa quelques jours, puis se cacha près de cette ville. Il allait chercher une retraite auprès d’un de ses amis, dans les environs de Roanne, en attendant la conclusion de ses derniers arrangements avec le cabinet de Vienne, lorsqu’il apprit qu’un bâtiment de commerce allait faire voile pour le Havre. Le capitaine de ce navire consentit à le recevoir à son bord le matin, à la sortie du port. Mais Murat, empêché par la violence des flots, ne put parvenir jusqu’à ce bâtiment, qui s’éloigna. En ce moment, sa tête venait d’être mise à prix. Il dut chercher un asile dans la montagne, chez une pauvre bûcheronne. Au bout de huit jours, ses amis parvinrent à lui procurer une barque pour se rendre en Corse. Pendant la traversée, une tempête s’éleva, et l’ancien roi de Naples allait être englouti lorsqu’il fut recueilli par le paquebot de Toulon à Bastia. Arrivé dans cette ville, il ne s’y trouva point en sûreté et se rendit à Vescovato, où il put, après tant d’agitations, goûter quelques moments de repos chez le général Franceschetti. Les intrigues qui l’avaient assiégé en Provence le poursuivirent en Corse, dit Germain Sarrut, à qui nous emprunterons le dernier et dramatique épisode de la vie de Murat ; des émissaires de France et d’Italie renouvelèrent leurs suggestions perfides ; à les en croire, Naples et les principales villes du royaume attendaient et pressaient de leurs vœux le retour de Joachim. Malheureusement pour lui, les plus sages, les plus prudents de ses amis n’étaient pas à Vescovato. Leur voix ne put combattre ni balancer l’influence des mauvais conseils ; il se décida aussitôt à tenter une entreprise dont trop de gens lui garantissaient le facile succès. Il lui fut aisé de trouver, de recruter en Corse un certain nombre de soldats, et il nolisa six barques, sur lesquelles il fit transporter secrètement des armes et des munitions ; pour se procurer les fonds nécessaires à ce coup de main, il mit ses diamants en gage. Tous les préparatifs étaient terminés, lorsque le comte Macirone vint le trouver ; il lui apportait de Paris les passeports en vertu desquels il était autorisé à se rendre et à vivre dans les Etats autrichiens. Après avoir lu les conditions qui lui étaient faites, Murat s’écria : « II est troptard ! le sort en est jeté ; dans un mois, je serai à Naples. » Et il mit à la voile dans la nuit du 28 septembre 1815. II avait confié le commandement de sa petite escadrille à un ancien capitaine de frégate, qui devait à la faveur de Murat ce grade dans la marine napolitaine ; il se nommait Barbara, et bien que quelques avis fussent parvenus à Joachim sur le compte de cet homme, dont on l’engageait à se défier, il croyait à son dévouement et à son courage. Contrariés par les vents, les bâtiments dont se composait l’escadrille furent dispersés, le 5 octobre, par une tempête, et quand, dans la matinée du 6, on fut en vue des côtes des Calabres, les signaux ne purent rallier qu’une seule barque qui contenait 40 soldats. Un officier qui avait été envoyé pour répondre aux questions de la douane avait été retenu prisonnier : les douaniers menaçaient de faire feu si les barques ne s’éloignaient pas. Murat sembla reconnaître la nécessité d’une prompte retraite. Mais Barbara, qui avait reçu le prix de sa trahison, insista pour qu’on abordât au Pizzo, et Murat lui donna enfin l’ordre qu’il désirait. Quand la barque fut arrivée devant le port, les principaux officiers de Murat, qui n’avaient pas été consultés sur son nouveau projet, le supplièrent d’y renoncer ; ils voyaient bien que le roi courait à la mort. Il fut inflexible et donna le signal du débarquement. Avant de quitter sa barque, il prescrivit à Barbara de se tenir prêt a le recevoir avec sa suite dans le cas où ils seraient forcés de se rembarquer, 30 hommes environ, officiers, soldats et domestiques, l’accompagnèrent. Quelques cris de « vive Joachim ! » l’accueillirent lorsqu’il fut descendu sur le rivage ; 10 ou 12 canonniers gardes-côtes le suivirent ; mais à peine sa petite troupe avait-elle pris la route de Monteleone que des paysans, réunis, et commandés par un officier de gendarmerie nommé Cappellani, firent feu sur elle. Des rassemblements se formaient sur d’autres points. La résistance était impossible, et il fallut retourner sur ses pas. Mais lorsque Murat et ses compagnons furent revenus au rivage pour se rembarquer à la hâte, le bâtiment qui devait le recevoir et le capitaine Barbara qui devait les attendre avaient disparu, il ne restait au prince et à sa troupe aucun moyen de retraite. La populace du Pizzo s’était réunie aux paysans et aux gendarmes. Une décharge de fusils tua un des compagnons de Murat et en blessa sept autres. Fait prisonnier avec le reste de sa troupe, il fut conduit au fort ; il eut à subir les lâches insultes de Cappellani, qui le fouilla, lui enleva ses papiers et vingt-deux diamants. Le commandant supérieur de la province, le général Nunziante, arriva de Monteleone dans la nuit du s au 9, et son premier soin fut de faire transférer l’illustre prisonnier dans une chambre particulière. Le quatrième jour de sa détention, il fut prévenu par le général Nunziante que le gouvernement avait transmis, par le télégraphe, l’ordre de le retenir prisonnier, malgré ses réclamations pour être transporté sur un bâtiment portant le pavillon de la Grande-Bretagne. Dans la nuit du 13, ce général reçut l’ordre de former une commission militaire pour juger l’ex-roi de Naples : la veille, on avait éloigné de lui les généraux Franceschetti et Natale, qui étaient enfermés dans la même chambre. La commission militaire se composait d’officiers qui, pour la plupart, avaient reçu de Murat leurs grades et leurs décorations. Il était condamné d’avance ; son arrêt, prononcé dans la matinée du 13, lui fut annoncé à trois heures. Il était résigné à son sort ; il ne sollicita pas la faveur d’un recours auprès du monarque qui régnait à Naples ; il ne se plaignit pas ; à peine put-il obtenir la permission d’écrire à sa femme. Murat descendit alors dans une des cours intérieures du fort, où se trouvaient réunis 20 gendarmes ; en passant devant le front de ce détachement, il lui adressa un salut militaire. L’officier chargé de faire exécuter la sentence voulut lui mettre un bandeau sur les yeux ; il le refusa ainsi que la chaise qu’on lui offrit : « J’ai trop souvent bravé la mort pour la craindre » dit-il, d’un ton ferme, mais sans jactance. Puis il prononça, en faveur de ses compagnons, quelques paroles qui furent interrompues par le signal de mort ; il tomba, et quand on le releva pour l’aller ensevelir dans une fosse préparée au cimetière du Pizzo, il pressait encore sur son cœur le portrait de sa femme. « Sorti des montagnes des Pyrénées comme un soldat qui cherche aventure, dit Lamartine, signalé à l’armée par sa bravoure, offert au premier consul par le hasard, devenu cher et utile par le zèle et par l’amitié, élevé à la main de la sœur de Bonaparte par sa beauté et par son amour, porté aux grands commandements par la faveur, au trône par l’intérêt de famille, à l’infidélité par l’ambition de sa femme et par la faiblesse du père pour ses enfants, précipité par le contre-coup de la chute de l’Empire, disgracié à la fois par Napoléon et par ses ennemis, incapable de l’obscurité et de la médiocrité après tant d’éclat et tant de fortune, se jetant de désespoir dans l’impossible et ne trouvant que la mort, mais tombant, jeune encore, avec toute sa renommée, emportant, sinon l’estime entière, au moins tout l’intérêt et toute la compassion des contemporains, laissant à la postérité un de ces noms qui éblouissent les âges, où l’on trouvera des ombres sans doute, mais pas de crimes : tel fut Murat ! Deux patries le revendiqueront : la France qu’il servit, l’Italie qu’il gouverna. Mais il appartient,  avant tout, au monde de l’imagination et  de la poésie ; homme de la fable par ses aventures, homme de la chevalerie par son caractère, homme de l’histoire par son époque. Il mérita, plus que tout autre, l’épitaphe rarement méritée par ceux qui servent ou qui gouvernent les cours : homme de cœur, dans toute la grandeur et toute la sensibilité du mot. Aussi l’histoire, qui aura de l’enthousiasme et des reproches, aura surtout des larmes pour lui. » Murat aimait le luxe, l’apparat, les richesses du costume, la pompe des cérémonies. « Au moment d’une bataille, dit Béguin, il se revêtait de son plus brillant uniforme, il implantait dans son panache une aigrette étincelante de diamants, et il aimait à parader devant les troupes. Guerrier, il n’eut pas, comme Hoche, Desaix, Kléber et Lannes, ce génie stratégique qui prépare un plan de campagne ainsi qu’on crée le plan d’un grand poème ; mais nul mieux que lui ne sut saisir à propos d’un mouvement, distribuer, réunir, mouvoir des masses de cavalerie, tenter d’incroyables hardiesses et forcer la fortune. Roi, il gouverna sagement, libéralement et se fit aimer. Arrivé sur le trône avec 12 millions de fortune personnelle, qu’il dépensa dans l’intérêt du royaume de Naples, il en descendit ruiné, presque sans aucunes ressources. » De son mariage avec Caroline Bonaparte, il avait eu deux fils et deux filles : Napoléon-Achille Murat, né en 1801, mort aux Etats-Unis en 1847 ; Napoléon-Lucien-Charles, né à Milan en 1803 ; Laetitia-Joséphine, née en 1802 et qui a épousé le comte Pepoli de Bologne ; enfin Louise-Julie-Caroline, née en 1805 et femme du comte Rasponi de Ravenne.

(Extrait du dictionnaire Larousse du dix-neuvième siècle)

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février 17, 2008

MARECHAL BERTHIER (1753-1815)

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Maréchal Alexandre Berthier (1753-1815)

En vérité je ne puis comprendre comment il a pu s’établir entre Berthier et moi une relation qui ait quelque apparence d’amitié. Je ne m’amuse guère aux sentiments inutiles, et Berthier était si médiocre que je ne sais pourquoi je m’amusais à l’aimer. Et cependant, au fond, quand rien ne m’en détourne, je crois que je ne suis pas tout à fait sans quelque penchant pour lui.

Si j’avais eu Berthier, je n’aurais pas eu ce malheur. [Waterloo]

(Napoléon Bonaparte)

Maréchal BERTHIER (Alexandre), maréchal de l’Empire, prince de Neufchâtel et de Wagram, né à Versailles en 1753, mort en 1815, entra à dix-sept ans dans le corps royal d’état-major, et fit ensuite la guerre d’Amérique avec La Fayette et Rochambeau. En 1789, il fut nommé major général de la garde nationale de Versailles, poste dans lequel il donna de nombreuses preuves de dévouement à la famille de Louis XVI. Il devint ensuite chef d’état-major du général Luckner, fit avec distinction les campagnes de la Vendée, et passa en Italie, en 1796, comme chef d’état-major de l’armée. Il s’attacha alors au général Bonaparte, le suivit en Egypte, le seconda au brumaire, fut nommé ministre de la guerre, puis général en chef de l’armée d’Italie, organisa le gouvernement du Piémont et conclut la paix avec l’Espagne. Dès lors, son histoire se lie intimement à celle de Napoléon, qu’il suivit dans toutes ses campagnes, en qualité de chef d’état-major général de l’armée, et qui le combla de bienfaits. Berthier fut nommé successivement maréchal de l’Empire, grand veneur, prince souverain de Neufchâtel, prince de Wagram, duc de Valengin, et épousa la nièce du roi de Bavière. Il était l’ami et le confident de Napoléon. Il n’en fut pas moins l’un des premiers à reconnaître Louis XVIII, qui le nomma pair de France et capitaine d’une compagnie de ses gardes du corps. Le retour de l’île d’Elbe le jeta dans la plus cruelle incertitude. Napoléon, qui ne pouvait croire à son ingratitude, lui avait écrit pour lui faire part de son projet : Berthier ne lui répondit point ; il voulut rester neutre et se retira a Bamberg, où il se tua peu de temps après, en se précipitant d’une fenêtre dans un accès de fièvre chaude. Suivant une autre version, six hommes masqués auraient pénétré auprès de lui, et l’auraient précipité dans la rue, où il fut relevé expirant. Des enthousiastes virent dans cette mort tragique le doigt de Dieu ; d’autres ont pensé que la main des hommes n’avait pas été étrangère au miracle. Cet événement mystérieux est resté un problème historique, qui jamais peut-être ne sera nettement résolu, attendu le nombre de versions contradictoires et les noms des personnages qu’on a soupçonnés, probablement sans aucun fondement. Berthier fut extrêmement utile à Napoléon, dont il saisissait rapidement la pensée, et dont il reproduisait les plans avec une admirable précision, Mais ses talents, son mérite étaient spéciaux et techniques ; dans les occasions où il fut chargé du commandement d’une armée, il resta toujours au-dessous de sa mission. Il a publié des Relations de batailles et de campagnes, et a laissé des Mémoires. – Napoléon-Louis-Joseph-Alexandre BERTHIER, son fils, prince de Wagram, né à Paris en 1810, hérita de la pairie a la mort de son père, fut du petit nombre de ceux qui refusèrent de prendre part aux débats du procès fait au prince Louis-Napoléon (futur Napoléon III), et a été nommé sénateur en 1852. Il a épousé la fille du comte Clary, cousine germaine de la reine douairière de Suède.

(Extrait du dictionnaire Larousse du dix-neuvième siècle)

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février 11, 2008

BIOGRAPHIE DE NAPOLEON BONAPARTE (1769-1821) – LA CAMPAGNE D’EGYPTE (1798-1799)

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Le général Napoléon Bonaparte au Caire lors de la capagne d’Egypte (1798-1799)

L’Europe est une taupinière. Il n’y a jamais eu de grands empires et de grandes révolutions qu’en Orient où vivent six cent millions d’hommes.

(Napoléon Bonaparte)

L’année 1798 venait de s’ouvrir ; son titre militaire en ce moment était celui de général en chef de l’armée d’Angleterre. Ne sachant encore s’il devrait réellement agir en cette qualité pour remplir un des devoirs de sa nouvelle charge, il parcourut les côtes de l’Océan depuis le Havre jusqu’en Hollande ; mais il les parcourut l’esprit préoccupé de l’Orient ; sa voiture était remplie de livres de voyages et de mémoires sur l’Egypte. Son imagination errait au delà de la Méditerranée, sur la terre des Pharaons ; c’est par là qu’il voulait toucher l’Angleterre. Ah ! Jacques Bonhomme ; ah ! mon ami, dans cette circonstance tu as été sur le point de voir enfin satisfaire tes aspirations quatre fois séculaires, et d’assister à la vengeance que l’on te doit du martyre de ta fille Jeanne, cette glorieuse personnification du paysan français, dans le cœur de laquelle se concentrait toute l’indignation nationale ; de ce Spartacus lorrain qui répondait comme le « jeune soldat » des Paroles d’un croyant aux femmes qui s’apitoyaient sur sa blessure : Ce n’est pas du sang qui coule par cette plaie, c’eût de la gloire (réponse historique). Mais, encore une fois, tu as été déçu. Continue donc d’espérer, Jacques Bonhomme… et que cet espoir ne tombe pas en quenouille, comme celui de la « belle Philis. » Ce projet grandiose et singulier tout ensemble le possédait tout entier. Mais que l’entreprise contre l’Angleterre dût ou non avoir lieu, et il était disposé atout faire pour qu’elle demeurât en ce moment inexécutée, il était bien aise qu’on le crût, voué à ce dessein avec sa résolution ordinaire. Cela servait à donner le change au gouvernement anglais, à masquer les préparatifs et tout ce qu’il fallait d’éléments combinés pour l’entreprise. De retour à Paris, il plaida la cause de ce projet, qu’il promit de rendre glorieux pour la France ; mais le général de l’armée d’Angleterre eut beaucoup à faire pour que ce titre fût changé en celui de général de l’armée d’Orient. M. de Talleyrand et Volney aidant, l’expédition fut décidée, et l’on ne travailla plus qu’à en presser les préparatifs non pas en secret, mais toujours comme s’ils n’avaient lieu que pour la descente qu’on avait annoncé devoir faire directement sur les côtes d’Angleterre. Celle-ci servait de prétexte aux préparatifs de l’autre et en masquait l’objet. On a très injustement accusé le Directoire d’avoir voulu se débarrasser de Bonaparte en l’envoyant en Egypte ; le Directoire était, au contraire, opposé à ce projet ; il en craignait les conséquences ; il en voyait clairement le but ; mais l’éloignement d’une partie de l’armée et de son meilleur général ne lui paraissait pas d’une excellente politique dans l’état où était l’Europe. La Révellière-Lepeaux était un des plus obstinés à le combattre ; il disait qu’on allait exposer 30 ou 40.000 des meilleurs soldats de la France, les commettre au hasard d’une bataille navale, se priver du meilleur général, de celui que l’Autriche redoutait le plus, dans un moment où le continent n’était rien moins que pacifié, et où la création des républiques nouvelles avait excité de violents ressentiments ; que, de plus, on allait peut-être exciter la Porte à prendre les armes en envahissant une de ses provinces. Toutes ces prévisions étaient assez naturelles, et plusieurs ont été depuis justifiées par l’événement ; mais Bonaparte avait réponse à tout. Selon lui, rien n’était plus facile que d’échapper aux Anglais, en les laissant dans l’ignorance du projet, ce qu’on avait heureusement fait jusque-là, et en précipitant l’exécution. Ce n’était pas 30 ou 40.000 hommes de moins qui affaibliraient la France, à qui il resterait 3 ou 400.000 soldats sous les armes. Il serait d’ailleurs très peu de temps absent. Selon lui encore, la Porte ne verrait pas de mauvais œil qu’on arrachât l’Egypte aux mameluks, qui la gouvernaient en maîtres, et où ses ordres n’étaient plus obéis. Elle verrait avec plaisir, au contraire, la punition par la France de ces rebelles usurpateurs de l’Egypte ; on s’entendrait facilement, avec elle à cet égard. Quant au continent, il n’oserait bouger. Aucune objection ne l’arrêtait. Avec son éloquence passionnée, et, disons-le, sa science, quoique récemment acquise, il les levait toutes, les emportait, pour ainsi dire, à la pointe de sa parole ailée et acérée, avec une vivacité irrésistible. Son style était clair et poli comme l’épée. Il faisait le plus brillant tableau des résultats glorieux de l’expédition, de l’effet d’étonnement et d’admiration qu’elle produirait en Europe. En passant, il enlèverait Malte aux chevaliers, et il en assurerait la possession à la France. Tout serait gloire et profit pour la République. Ses arguments semblaient irrésistibles. Les discussions au Directoire étaient très vives entre le fougueux général et les sages Directeurs, qui, d’ailleurs, il faut bien le dire, ne se trompaient pas de tout point ; lui n’obéissait qu’à son imagination, qui ne le trompait pas non plus de tout point. Une fois, dans une de ces discussions, Bonaparte, emporté par un. de ces mouvements d’impatience déjà presque impériale, prononça le mot de démission. Il avait déjà eu cet art ou ce tort, comme nous l’avons vu, de parler de démission ayant le traité de Campo-Formio. « Je suis loin de vouloir qu’on vous la donne, s’écria La Révellière avec fermeté ; mais, si vous l’offrez, je suis d’avis qu’on l’accepte cette fois. » Bonaparte se le tint pour dit et ne parla plus de démission. Cette scène a été souvent mal racontée. On a tour à tour attribué faussement ce mot à Rewbell et à Barras, et dans une tout autre occasion ; il est maintenant acquis à l’histoire que c’est à propos de l’expédition d’Egypte et avec La Révellière que la scène a eu lieu. L’expédition, malgré tout, fut décidée, et aucune trace de rancune ne subsista de la scène en question entre le général et le Directeur patriote. La Réveillière se rendit aux raisons de Bonaparte, à la séduction de sa parole ; il ne vit plus, comme les autres, que la grandeur de l’entreprise, les avantages commerciaux qu’on en pourrait tirer, l’effet politique de cette nouvelle gloire inattendue de la République ; car, comme les autres aussi, il avait foi dans le génie de Bonaparte, et l’on ne songea dès lors qu’aux préparatifs de l’expédition. Son plan une fois accepté, Bonaparte, avec l’extraordinaire activité qu’il apportait à l’exécution de tous ses projets, se mit à l’œuvre et disposa toutes choses. Il fallait cacher le but de l’armement maritime, qui ne pouvait se faire en secret à Toulon ; mais, quel qu’en fût le retentissement en Europe, le prétexte en était tout trouvé. Bonaparte ne parlait que de l’Angleterre. N’était-il pas le général de l’armée d Angleterre ? C’était contre l’Angleterre qu’on armait à Toulon ; c’était l’Angleterre seule qu’on avait en vue. Néanmoins, il y avait à cela un danger ; c’était de trop appeler l’attention de l’Angleterre sur la Méditerranée. Nelson fut chargé de surveiller ces parages, mais Bonaparte comptait sur sa fortune ; il échapperait à la flotte anglaise, il saurait tromper sa vigilance et débarquerait triomphalement en Egypte. Tout fut prêt pour l’embarquement au mois de floréal an VI. Le général, ostensiblement de l’armée d’Angleterre, mais qui l’était en secret et en réalité de l’armée d’Orient, arriva à Toulon le 20 floréal de cette année (9 mai 1798). Les troupes rassemblées d’après ses ordres, et les généraux qui les commandaient, avaient été choisis par lui ; c’étaient ses anciens soldats et compagnons de l’armée d’Italie, un peu las de la guerre, mais tous ayant confiance, et une confiance absolue dans leur général, qui les avait toujours conduits à la victoire. Sa présence anima toute cette armée, prête à s’embarquer et à courir vers une destination inconnue, de cet enthousiasme qu’elle éprouvait toujours à sa vue. Il fallait continuer à donner le change à l’opinion et cependant ne point trop mentir : il harangua l’armée sur-le-champ avec son adresse ordinaire. On sait à quel point il excellait en ces sortes d’allocutions militaires. Voici sa proclamation : « Soldats ! Vous êtes une des ailes de l’armée d’Angleterre. Vous avez fait la guerre de montagnes, de plaines, de sièges ; il nous reste à faire la guerre maritime. Les légions romaines, que vous avez quelquefois imitées, mais pas encore égalées, combattaient Carthage tour à tour sur cette mer et aux plaines de Zama. La victoire ne les abandonna jamais, parce que constamment elles furent braves, patientes à supporter la fatigue, disciplinées et unies entre elles. Soldats, l’Europe a les yeux sur nous ! Vous avez de grandes destinées à remplir, des batailles à livrer, des dangers, des fatigues à vaincre ; vous ferez plus que vous n’avez fait pour la prospérité de la patrie, le bonheur des hommes, et votre propre gloire. Soldats, matelots, fantassins, canonniers, cavaliers, soyez unis ; souvenez-vous que le jour d’une bataille vous avez besoin les uns des autres. Soldats, matelots, vous avez été jusqu’ici négligés ; aujourd’hui la plus grande sollicitude de la République est pour vous : vous serez dignes de l’armée dont vous faites partie. Le génie de la liberté qui a rendu, dès sa naissance, la République l’arbitre de l’Europe, veut qu’elle le soit des mers et des nations les plus lointaines. » Tout était admirablement calculé dans cette proclamation, qui est un chef-d’œuvre, pour tout faire pressentir sans divulguer le secret auquel tenait le succès d’une grande entreprise à la fois militaire et politique. On mit à la voile le 30 floréal (19 mai) au bruit du canon, aux acclamations de toute l’armée ; l’escadre de l’amiral Brueys se composait de treize vaisseaux de ligne, dont un de cent vingt canons ; c’était le vaisseau l’Orient, qui portait Bonaparte. L’amiral et les savants dont il avait eu soin de se faire accompagner étaient embarqués avec lui sur ce vaisseau, et l’on vogua dans la direction ordonnée, encore mystérieuse pour presque tout le monde, mais que l’on ne tarda pas a connaître. Nous ne raconterons pas ici le menu de cette campagne d’Egypte, où nos armes, avec des vicissitudes diverses, furent victorieuses comme partout. Nous ne voulons ici l’envisager que dans ses rapports généraux avec le caractère et la fortune de Bonaparte, dans la période de sa vie où il ne fut que général de la Republique française. Nous nous bornerons donc à dire que, débarqué à Alexandrie, le 13 messidor (1er juillet), il conquit en quelques jours l’Egypte, passa en Syrie, pour y combattre les troupes de la Porte qui, suivant les justes appréciations de La Révellière, nous avait déclaré la guerre, et qu’après être demeuré rempli plus d’une année de ces diverses occupations, il résolut tout à coup de revenir en France sur les informations qu’il en reçut, et s’embarqua sur le Muiron, le 5 fructidor an VII (22 août échappa à la flotte anglaise, et arriva à Paris, le 24 vendemiaire (16 octobre). Les particularités de sa vie, on a pu en juger, sont surtout ce qui nous a préoccupé, où nous nous sommes principalement efforcé de rectifier certaines erreurs trop généralement admises par les historiens de Napoléon. C’est ainsi qu’on a dit qu’il avait déserté l’Egypte. Rien de plus faux, comme le prouve la pièce suivante, qu’on peut à juste titre considérer comme son rappel d’Egypte par le Directoire même, pièce très importante, et qui semble avoir été inconnue à la plupart des historiens : « Paris, le 7 prairial an VII (26 mai 1799). Au général Buonaparte, commandant en chef l’armée d’Orient. Les efforts extraordinaires, citoyen général, que l’Autriche, et la Russie viennent de déployer, la tournure sérieuse, et presque alarmante que la guerre a prise, exigent que la République concentre ses forces. Le Directoire vient en conséquence d’ordonner à l’amiral Bruix d’employer tous les moyens en son pouvoir pour se rendre maître de la Méditerranée et pour se porter en Egypte, à l’effet d’en ramener l’année que vous commandez. Il est chargé de se concerter avec vous sur les moyens à prendre pour l’embarquement et le transport. Vous jugerez, citoyen général, si vous pouvez avec sécurité laisser en Egypte une partie de vos forces, et le Directoire vous autorise à en confier le commandement à qui vous jugerez convenable. Le Directoire vous verrait avec plaisir à la tête des armées républicaines que vous avez jusqu’à présent si glorieusement commandées. TREILHARD, LA RÉVELLIÈRE-LEPEAUX, BARRAS. » Nous voilà presque arrivés au 18 brumaire, et le général républicain Bonaparte, celui qui fait l’objet de cette biographie, touche à sa dernière heure. Nous ne consignerons plus ici que quelques particularités du voyage de Bonaparte depuis son débarquement à Fréjus, le 17 vendémiaire an VIII (9 octobre 1799) jusqu’à son arrivée à Paris, le 24 du même mois (16 octobre). Il passa a Valence, dans l’après-midi du 20 vendémiaire (12 octobre), et y reçut, dans sa voiture, la visite de plusieurs personnes qu’il avait connues lorsqu’il y était en garnison avec le grade de lieutenant d’artillerie. Son ancienne hôtesse, Mlle Bou voulut le voir ; M. Bérenger, de la Drôme, qui a été depuis membre de la Cour de cassation et de la Chambre des députés, se souvenait de cette entrevue. Mlle Bou, s’appuyant sur l’épaule de M. Bérenger, s’élança frémissante sur le marche-pied de la voiture et toucha en pleurant la main du général Bonaparte, qu’elle ne devait plus revoir. Bonaparte l’embrassa sur l’une et l’autre joue. La brave fille, émue au delà de toute expression, aurait pu entonner le cantique du saint vieillard des Ecritures. L’ancien officier d’artillerie, profondément remué par ce souvenir de sa jeunesse, poursuivit sa route vers Paris. C’était, dans la vieille Mlle Bou, les derniers adieux qu’il faisait à son meilleur passé au moment où l’ambition et la fortune allaient s’emparer de lui tout entier, l’élever au Consulat, puis à l’Empire, et le précipiter, jeune encore, du haut de sa gloire sur le rocher de Sainte-Hélène, sur ce Calvaire, pour achever par un dernier mot la figure que nous n’ayons fait qu’ébaucher plus haut. Ici nous entrons dans une nouvelle phase, et Bonaparte est bien près d’avoir fini son rôle. C’eût été trop beau : il fallait – c’est une des lois de l’harmonie – que quelques ombres vinssent se mêler au tableau. Toutefois soyons prudent, et que ces ombres ne semblent pas trop heurtées dans la partie du cadre qui nous reste encore à remplir ; car, on le sait, le Grand Dictionnaire compte Jacques Bonhomme au nombre de ses collabora-teurs; et, en fait d’opinion politique, Jacques est rond et cassant comme une pomme. Il dit : C’est mon opinion, « et si on lui répond que la raison pense autrement que lui, il réplique carrément : « Tant pis pour elle. » Or Jacques Bonhomme, on le sait aussi, connaît très peu Bonaparte, et s’inquiète encore moins de savoir s’il était ou non républicain. Napoléon ! voilà son homme, son héros, son idole. Presque tous les peuples ont eu de ces engouements qui touchent à la superstition. Il y a encore aujourd’hui des Portugais qui croient difficilement à la mort du roi Sébastien, et qui n’éprouveraient qu’une médiocre surprise s’ils le voyaient revenir de son expédition d’Afrique ; toute l’Allemagne a cru longtemps que Barberousse sortirait un jour de la caverne où le prince des enchanteurs le tient endormi, la tête posée sur une table de marbre noir. Au moyen âge, les Bouguignons croyaient fermement au retour prochain de Charles le Téméraire, et Michelet rapporte que, cinquante ans après la bataille de Nancy, un paysan dijonnais vendait une vache le double de son prix, payable le jour où le grand duc Charles ferait son apparition. Le même espoir vit, la même petite bougie brûle encore dans le cœur de Jacques Bonhomme, et le nom de Bonaparte n’a rien a voir dans cette adoration. C’est à Napoléon seul que Jacques donne le petit chapeau, la redingote grise, et cette lunette qui faisait toujours voir les objets juste à l’endroit où ils étaient, et à travers laquelle resplendissait invariablement le mot victoire. Ainsi, dans les idées de Jacques Bonhomme, Bonaparte est tout au plus à Napoléon comme un de ces parents éloignés dont on n’hérite que sous bénéfice d’inventaire. Ce culte est de sa nature asssurément respectable, et nous en donnerons la raison historique plus loin.

(Extrait du dictionnaire Larousse du dix-neuvième siècle)

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Biographie de Napoléon Bonaparte par Pierre Larousse

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décembre 8, 2007

REVOLTE DU CAIRE (1798)

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Révolte du Caire le 21 octobre 1798

La faiblesse et les bons traitements n’honorent que le vainqueur ; ils déshonorent le vaincu qui doit avoir de la fierté et de la réserve.

(Napoléon Bonaparte)

Caire (Révolte du). Cette ville fut prise par les Français le 5 thermidor an VI, et Bonaparte y établit le siège du gouvernement républicain pendant la campagne d’Egypte, mais dans la journée du 30 vendemiaire, les Turcs, sous le prétexte qu’ils étaient par trop imposés, se soulevèrent, et au nombre de 80.000 environ, se retranchèrent dans la grande mosquée. Ils y furent littéralement écrasés et vaincus après avoir perdu 5 à 6.000 des leurs. Les Français eurent à déplorer une centaine de morts, dont le brave général Dupuy. Les Grecs qui habitaient cette ville montrèrent leur dévouement en faisant cause commune avec les Français pour la répresion de cette insurrection. Le Caire était alors la capitale de l’Egypte.

(Extrait du dictionnaire sur la Révolution et l’Empire du Dr Robinet)

Lien : Campagne d’Egypte sur Wikipedia

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BATAILLE NAVALE D’ABOUKIR (1798)

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L’explosion de l’Orient lors de la bataille Navale d’Aboukir (1er et 2 août 1798)

Nous sommes donc réduits à rester en Egypte. C’est bien ! Il faut savoir relever la tête au dessus d’une mer en furie : elle finira par se calmer ! Peut-être sommes-nous destinés à changer la face des choses en Orient. Il nous faudra mourir ici ou sortir grands comme les anciens.

(Napoléon Bonaparte)

Aboukir (Bataille navale). Le 14 thermidor an VI (1er août 1798), la flotte française commandée par l’amiral Brueys et composée de treize vaisseaux, fut subitement attaquée en rade d’Aboukir par la flotte anglaise de l’amiral Nelson, et composée de 14 vaisseaux. Les Français se battirent avec acharnement et avec un courage au-dessus de tout éloge, mais l’infériorité du nombre et une fausse manoeuvre de l’amiral Brueys donnèrent aux Anglais l’avantage. Les pertes des deux côtés furent immenses. Du côté des Français le vaisseau l’Orient de 120 canons sauta, le Timoléon de 74 canons brûla, la frégate l’Arthémise fut coulée bas, neuf autres bateaux furent pris, l’amiral Brueys fut tué, ainsi que le capitaine de vaisseau Casabianca, ancien conventionnel. Le perte des Anglais d’après leur propre aveu, fut de 1.000 hommes tués et 1.800 blessés, dont l’amiral Nelson ; plusieurs de leurs vaisseaux furent mis dans l’état le plus pitoyable. Aboukir est un bourg de la basse Egypte à 17 kms N.O. d’Alexandrie, sur la Méditéranée ; il est situé à l’extrémité d’une presqu’île formée par le lac Madieh et la mer, près d’un fort construit sur un rocher qui en est la pointe extrême.

(Extrait du dictionnaire sur la Révolution et l’Empire du Dr Robinet)

Lien : Bataille navale d’Aboukir sur Wikipedia

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BATAILLE DU MONT-THABOR (1799)

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Bataille du Mont Thabor le 16 avril 1799

Les grands noms ne se font qu’en Orient.

(Napoléon Bonaparte)

Mont Thabor (Bataille du). Le 16 avril 1799, le général en chef de l’armée d’Orient Bonaparte affronta Abadallah Pacha venu secourir les assiégés de Saint-Jean-d’Acre. Les Turcs subirent ce jour là une défaite totale malgré une très nette supériorité numérique. Les 5.000 Français sortirent encore une fois vainqueurs de 25.000 Turcs qu’ils mirent en déroute. Les pertes turques furent considérables avec environ 6.000 tués sur ce champ de bataille où s’illustrèrent en particulier les généraux Kléber, Bon et Vial.

Lien : Bataille du Mont Thabor sur Wikipedia

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BATAILLE D’ABOUKIR (1799)

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Le général Joachim Murat (1767-1815) à la bataille d’Aboukir le 25 juillet 1799

 

Le nom d’Aboukir était funeste à tout Français ; la journée du 7 thermidor l’a rendu glorieux. La victoire que l’armée vient de remporter accélère son retour en Europe.

(Napoléon Bonaparte)

Aboukir (Bataille d’). Le 7 thermidor an VVI (25 juillet 1799), un an à peine après le désastre de la flotte française, Bonaparte, à la tête de 5.000 Français, battit complètement 20.000 Turcs qui y étaient débarqués le 23 messidor. La déroute de ces derniers fut complète, la victoire des Français décisive. Mustapha Pacha, commandant en chef de l’armée turque, fut fait prisonnier avec 2.000 de ses soldats, 2.000 autres restèrent sur le champ de bataille. Toutes les tentes et bagages, 20 pièces de canons restèrent au pouvoir des Français, 10.000 turcs furent noyés. La perte des Français monta à 150 hommes tués et 750 blessés, dont le général Murat. En l’an IX, Aboukir, qui n’était plus défendu que par 1.200 Français, commandés pa le général Friant, fut repris par les Anglais, au nombre de 12.000 hommes, commandé par le général Abercromby. La supériorité numérique de ces derniers eut raison d’une poignée de braves.

(Extrait du dictionnaire sur la Révolution et l’Empire du Dr Robinet)

Lien : Bataille d’Aboukir sur Wikipedia

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novembre 30, 2007

LES GENERAUX DE NAPOLEON – GENERAL LECLERC (1772-1802)

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Général Victor-Emmanuel Leclerc (1772-1802)

L’arrivée du capitaine-général Leclerc fut suivie d’un succès complet [Expédition de Saint-Domingue] ; mais il ne sut pas s’en assurer dans la durée. S’il avait suivi les instructions secrètes que je lui avais dressées moi-même, il eût sauvé bien des malheurs et se fut épargné de grands chagrins.

(Napoléon Bonaparte)

Leclerc (Charles-Victor-Emmanuel). Officier général, né à Pontoise (Seine-et-Oise), le 17 mars 1772, de « Jean-Paul Leclerc et de Marie-Jean-Louise Musquinet », mort à l’île de la Tortue (Saint-Domingue) le 2 novembre 1802 ; était employé en 1793, comme adjudant général au siège de Toulon et contribua à reprendre cette ville aux Anglais ; devint général de brigade et fut envoyé aux armées du Nord et du Rhin, fit la campagne d’Italie en l’an IV, puis fit partie de l’armée d’Egypte, revint avec Bonaparte et aida ce dernier à perpétrer le coup de force du 18 brumaire. Ce fut lui qui, à la tête d’un piquet de grenadiers, chassa, de la salle, les députés opposants ; il était devenu le beau-frère du Premier Consul. Il fut chargé du commandement en chef de l’expédition de Saint-Domingue ; il avait déjà contribué à pacifier une grande partie de cette colonie quand il fut emporté par la cruelle épidémie qui fit tant de ravages dans les rangs de l’armée française. Il était capitaine-général de la colonie de Saint-Domingue.

(Extrait du dictionnaire sur la Révolution et l’Empire du Dr Robinet)

Lien : Général Leclerc sur Wikipedia

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novembre 22, 2007

LES AMIRAUX DE NAPOLEON – VICE-AMIRAL BRUEYS D’AIGALLIERS (1753-1798)

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François-Paul, comte de Brueys d’Aigailliers, vice-amiral en 1798, commandant en chef de la flotte de l’expédition d’Egypte en 1798 (1753-1798)

Si dans ce funeste évènement, il a fait des fautes, il les a expiées par une mort glorieuse.

Brueys déploya le plus grand courage : plusieurs fois blessé, il refusa de descendre à l’ambulance. Il mourut sur son banc de quart, et son dernier soupir fut un ordre de combattre… L’amiral Brueys avait réparé autant qu’il avait pu, par son sang-froid et son intrépidité, les fautes dont il s’était rendu coupable.

(Napoléon Bonaparte)

Brueys d’Aigalliers (françois-Paul, comte de). Vice-amiral, né à Uzès (Gard) le 11 février 1753, tué à Aboukir (Egypte) le 1er août 1798 ; entra de bonne heure au service de la marine royale et était déjà lieutenant de vaisseau au moment de la Révolution. Le 1er janvier 1792 il fut nommé capitaine de vaisseau, devint le 1er vendemiaire an V, contre-amiral, puis vice-amiral le 23 germinal an VI. Appelé au commandement de la flotte destinée à conduire en Egypte l’armée d’Orient, il prit Malte le 22 prairial et arriva en Egypte sans encombre. Il se préparait à revenir en France, quand il fut attaqué dans la rade d’Aboukir par l’amiral Nelson le 14 thermidor an VI. Le combat durait depuis deux jours ; quand un boulet de canon le frappa mortellement. Il voulut mourir sur son banc d’amiral. Telle fut la fin de ce brave marin.

(Extrait du dictionnaire sur la Révolution et l’Empire du Dr Robinet)

Lien : Vice-amiral Brueys d’Aigalliers sur Wikipedia

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novembre 13, 2007

BATAILLE DES PYRAMIDES (1798)

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Bonaparte haranguant l’armée avant la bataille des Pyramides le 21 juillet 1798

Soldats ! Vous êtes venus dans ces contrées pour les arracher à la barbarie, porter la civilisation dans l’Orient, et soustraire cette belle partie du monde au joug de l’Angleterre. Nous allons combattre. Songez que du haut de ces monuments quarante siècles vous contemplent.

(Napoléon Bonaparte)

Pyramides (Bataille des). Le 21 juillet 1798, Le général en chef de l’armée d’Orient, secondé par les généraux Desaix, Regnier, Bon, Menou, et Dugua, remporta une éclatante victoire sur les troupes commandées par Mourad Bey. Cette victoire ouvrit la route du Caire à Bonaparte qui y pénètra le 24 juillet 1798. Les Français eurent à peine 30 à 40 hommes tués alors que les Mamelouks essuyèrent des pertes considérables.

Lien : Bataille des Pyramides sur Wikipedia

octobre 29, 2007

LES GENERAUX DE NAPOLEON – GENERAL BERTRAND (1773-1844), COMTE D’EMPIRE

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J’ai dit que le général Bertrand était l’homme de la vertu, je n’ai rien dit de trop ; sa réputation est faite.

(Napoléon Bonaparte)

Bertrand (Henri-Gatien, comte), officier général et législateur, né à Chateauroux (Indre), le 28 mars 1773, de « Henri Bertrand, maître particulier des eaux et forêts au bailliage de Châteauroux et de Marie-Antoinette Boucher », mort le 31 janvier 1844 ; entra dans l’armée sous la Révolution, débuta comme élève sous-lieutenant à l’école du génie (septembre 1793) et en sortit lieutenant (brumaire an III) ; partit en Egypte comme capitaine, fut fait chef de brigade (prairial an VIII) promu général de brigade le 19 fructidor de la même année, devint membre de la Légion d’honneur (frimaire an XII) et officier du même ordre, le 25 prairial suivant, prit part à la bataille d’Austerlitz, à celle de Friedland et prépara le passage du Danube, qui précéda la bataille de Wagram. Le 9 avril 1811, Bertrand fut nomé gouverneur géénral des Provinces illyriennes. En 1813, il se trouva à Leipzig, puis fut nommé grand-maréchal du Palais en remplacement de Duroc qui venait d’être tué quelques mois plus tôt. Il revint ensuite à Paris, fut nommé, le 16 janvier 1814 aide-major général de la garde nationale et de l’armée de Paris ; de retour de l’île d’Elbe avec l’Empereur, celui-ci le nomma pair de France. A l’avènement des Bourbons, Bertrand, fidèle quand même à Napoléon définitivement tombé, poussa le dévouement jusqu’à l’accompagner à Sainte-Hélène, et ne voulut pas le quitter. Le 7 mars 1816, il avait été condamné à mort par contumace. Après la mort de l’Empereur en 1821, il revint en France, et, par une ordonnance de Louis XVIII, fut réintégré dans tous ses grades, et se retira dans ses domaines de l’Indre. Après la Révolution de 1830, Bertrand fut élu député de l’opposition par l’arrondissement de Châteauroux. Il siégea au centre-gauche et vota pour la liberté de la presse. N’ayant pas été réélu en 1834, il renonça à la vie politique et mourut en 1844.

(Extrait du dictionnaire sur la Révolution et l’Empire du Dr Robinet)

Lien : Général Bertrand sur Wikipedia

octobre 16, 2007

LES AMIRAUX DE NAPOLEON – AMIRAL DUC DENIS DECRES (1761-1820)

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 Amiral duc Denis Decrès (1761-1820)

Decrès est généralement détesté mais on a tort ; il a rendu de grands services à la marine. Il est très capable, homme d’esprit, beaucoup de caractère, et ennemi, en tout genre, des abus.

(Napoléon Bonaparte)

Decrès (Denis), amiral et ministre, né à Ville-sous-Anjou (Isère) le 18 juin 1761, mort à Paris le 7 décembre 1820 ; entra dans la marine en 1779, passa en février 1791 sur le Cybèle avec le grade de major, puis capitaine de vaisseau en janvier 1793, fut destitué comme noble, puis arrêté et conduit à Paris et relâché presque aussitôt, fut réintégré an l’an III et devint contre-amiral en l’an VI, prit part au combat d’Aboukir, parvint à se réfugier à Malte avec les débris de l’escadre ; reçut l’ordre de regagner la France avec le Guillaume Tell qui rapatriait les malades et soutint contre la flotte anglaise un glorieux combat et fut fait prisonnier. Rentré en France, Bonaparte lui fit don d’un sabre d’honneur et le nomma préfet maritime à Lorient. Le 9 vendemiaire an X, il fut nommé ministre de la marine, poste qu’il occupa jusqu’à la chute de l’Empire. Pendant les Cent-Jours il devint amiral et reprit son portefeuille de la marine, puis fut nommé pair de France (2 juin 1815). Il rentra dans la vie privée sous la Restauration, Decrès était grand officier de la Légion d’honneur depuis le 10 pluviôse an XIII, et avait été comte de l’Empire le 4 juillet 1808 et duc le 28 avril 1810.

(Extrait du dictionnaire sur la Révolution et l’Empire dur Dr Robinet) 

Lien : Amiral Decrès sur Wikipedia

septembre 29, 2007

LES MARECHAUX DE NAPOLEON – MARECHAL MARMONT (1774-1852), DUC DE RAGUSE

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Maréchal Auguste-Frédéric Viesse de Marmont (1774-1852), duc de Raguse

Il était le plus médiocre des généraux ; je l’ai soutenu, défendu contre tous parce que je lui croyais de l’honneur. Elevé dans mon camp, nourri dans ma maison, marié par moi, comblé de faveurs, de richesses, devenu un des hommes les plus marquants de la France, au moins un des plus élevés en dignité, son ambition lui a fait rêver qu’il pouvait s’élever encore ; il a oublié sous quel drapeau il a obtenu tous ses grades, sous quel toit il a passé sa jeunesse ; il a oublié qu’il doit tous ses honneurs au prestige de cette cocarde nationale qu’il foule aux pieds pour se parer du signe des traîtres qu’il a combattu pendant vingt-cinq ans !… Voilà le sort des souverains : ils font des ingrats !

(Napoléon Bonaparte)

Marmont (Auguste-Frédéric-Louis Viesse de, duc de Raguse), officier général et législateur, né à Châtillon-sur-Seine (Côte d’Or), le 20 juillet 1774, de « Nicolas-Edme Viesse de Marmont, écuyer seigneur de Sainte-Colombe, capitaine au régiment de Hainault-infanterie, et de Clotilde-Hélène-Victoire Chappron », mort à Venise (Italie), le 2 mars 1852 ; fut reçu en janvier 1792, sous-lieutenant élève à l’Ecole d’artillerie de Châlons. Envoyé à l’armée des Alpes, il prit part au siège de Toulon, en qualité de lieutenant d’artillerie, devint aide de camp de Bonaparte après le 13 vendemiaire, d’abord à l’armée de l’intérieur, puis à l’armée d’Italie : se battit à Lodi, à Castiglione, à Saint-Georges, et devant Mantoue ; revint à Paris charger de porter au Directoire 22 drapeaux pris à l’ennemi, et fut nommé chef de brigade ; alla en Egypte, et s’empara, à Malte, du drapeau de l’ordre ; fut nommé général d’artillerie le 28 messidor an VI, et assista à la prise d’Alexandrie et à la bataille des Pyramides. Il revint en France en même temps que Bonaparte ; devint, après le 18 brumaire, conseiller d’Etat, et fut promu général de division après Marengo. A la reprise des hostilités, il fut mis sous les ordres de Brune, en qualité de commandant de l’artillerie, assista au passage du Mincio, de l’Adige et de la Brenta. Grand Officier de la Légion d’honneur le 9 vendemiaire an XII et colonel général des chasseurs à cheval, il reçut l’ordre, au moment de la rupture de la paix d’Amiens, de rejoindre la grande armée, sur la Mein, avec 21.000 hommes du 2e corps. Au moment du traité de Presbourg, il fut appelé au commandement supérieur de la Dalmatie, et, en septembre 1806, fit sommer l’amiral russe Symavine d’abandonner le siège de Raguse, mais ne recevant aucune réponse satisfaisante, il marcha, avec quleques bataillons seulement, contre l’ennemi, le battit à Castelnuovo, le 30 octobre, et le força à se rembarquer. le 29 juin 1808, il fut créé duc de Raguse, avec des dotations considérables en Illyrie. Il y vivait sur un pied royal, et ne sut pas se concilier les sympathies des habitants. Il était hautain, trop infatué de lui-même, et Napoléon l’a peint d’un mot en l’appelant : Marmont premier. En 1809, il participa à la prise de Gratz, et, le 9 juillet de la même année, après Wagram, il rencontra une arrière-garde ennemie qui voulut s’opposer à son passage ; il la battit et continua sa marche. Le 12 juillet 1809, il fut élevé au maréchalat. A la paix de Vienne, il devint gouverneur général de l’Illyrie, où, après une rapide et heureuse expédition contre les Croates, il mena une vie de faste et de plaisir. Il s’en excusa du reste en disant : « J’ai toujours eu une manière de magnificence. » Le 7 mai 1811, Napoléon lui confia le comamndement de l’armée du Portugal en remplacement de Masséna. Le 18 juin, Marmont était sur la Guadanice, à proximité de Soult qu’il devait rallier. Le 14 septembre, il força l’armée anglo-portugaise à lui abandonner le siège de Ciudad-Rodrigo et peu après de Badajoz ; puis ayant attaqué Wellington aux Arapiles, près de Salamanque, le 22 juillet, il fut blessé au bras dès le début de l’action et ne put conserver la direction du combat ; son armée fut battue et dut se replier sur l’Ebre. En 1813, il fut nommé commandant du 6e corps et se distingua à Lutzen, à Bautzen, à Wurstzschen. A Leipzig, dans la journée du 16 octobre, il tint tête, avec 20.000 hommes seulement, aux 60.000 hommes de l’armée de Silésie. Pendant la campagne de France, Marmont se battit à Brienne, à la Rothière, à Champaubert et à Vauchamps. Le 29 mars 1814, les alliés arrivant à Paris par la rive gauche de la Marne, occupèrent les hauteurs des Buttes-Chaumont et de Belleville, de la Villette et de Saint-Ouen. Moncey commandait la garde nationale, c’est à dire 20.000 hommes en tout, qui allaient avoir à lutter contre 180.000 alliés. La bataille commença le 30 mars, à quatre heures du matin. Marmont repoussa d’abord Barclay de Tolly au plateau de Romainville, sur Pantin et Noisy ; l’ennemi était momentanément vaincu. Mais Marmont avait déjà prévenu le roi Joseph qu' »il était impossible de prolonger la résistance au delà de quelques heures et qu’on devait préserver Paris des malheurs irréparables d’une occupation de vive force ». Le roi Joseph lui envoya alors l’autorisation de conclure la capitulation qui fut signée à quatre heures du soir, chez un marchand de vin, à l’enseigne du Petit Jardinet, dans le faubourg de la Villette. Aussitôt, les soldats crièrent à la trahison ; les dragons d’Ordener, brandissant leur sabre, demandaient à se battre encore. Dejean pleurait devant les officiers russes, et disait en face de Marmont : »Capituler, c’est trahir. » Lavalette survenait à son tour, annonçant l’arrivée de l’ Empereur, suppliant qu’on attendit quelques heures encore ; les soldats ne voulaient pas partir. Marmont fut inflexible, et rédigea une convention qui fut signée en son nom par les colonels Denys et Fabvier, ses aides de camp. Puis il envoya un aide de camp à l’Empereur, pour le prévenir de la capitulation et lui annoncer « que les étrangers étaient reçus avec enthousiasme à Paris » et que s’il voulait rentrer de vive force dans la capitale, il devrait s’attendre à la voir toute entière s’armer contre lui ». Le lendemain, il fut reçu par Napoléon, et son petit corps d’armée eut pour mission d’occuper Essone, position d’avant-garde. En confiant ce post e au duc de Raguse, Napoléon dit, non sans une pointe d’ironie : « Essone, c’est là que viendront s’adresser toutes les intrigues, toutes les trahisons ; aussi y ai-je placé Marmont, mon enfant élevé sous ma tente. » En effet, la capitulation de Paris, exigée par Marmont, fut bien une défection, car quelques jours après il fit partir son corps d’amée pour la Normandie, malgré les objections de ses officiers et malgré les simples soldats eux-mêmes qui se munitèrent en passant devant l’ennemi. A la nouvelle de ce départ, Napoléon resta attérré : « Marmont m’a porté le dernier coup » dit-il. Le lendemain, dans la proclamation qu’il adressa à ses troupes, il dit : « L’Empereur remercie l’armée pour l’attachement qu’elle lui témoigne… Le soldat suit la fortune et l’infortune de son général ; son honneur est sa réputation… Le duc de Raguse n’a point inspiré ce sentiment à ses compagnons d’armes ; il a passé aux alliés. L’Empereur ne peut accepter la condition sous laquelle il a fait cette démarche ; il ne peut accepter la vie et la liberté de la main d’un sujet. » Louis XVIII nomma Marmont commandant de la 6e compagnie des gardes du corps, créée exprès pour lui, puis chevalier de Saint-Louis et pair de France le 4 juin 1814, et lorsque le roi partit pour Gand, Marmont reçut 450.000 frs de l’intendant de la maison royale, le duc de Blacas, et suivit le roi en qualité de commandant de la maison militaire. De retour de l’ïle d’Elbe, Napoléon adressa une proclamation dans laquelle il dit : « Soldats, nous n’avons pas été vaincus. Deux hommes sortis de nos rangs, Marmont, Augereau, ont trahi nos lauriers, leur pays, leur prince, leur bienfaiteur. » Et, dans le décret d’amnistie signé à Lyon, le 12 mars, Marmont en fut excepté. Sous la Restauration, il devint ministre d’Etat (4 novembre 1817). En 1830, au moment de la publication des Ordonnances, le 25 juillet, Marmont était major général de la garde royale et gouverneur de la première division militaire (Paris). Le 26, il fut averti par Polignac de prendre les mesures nécessaires à leur exécution. Le 27, il reçut ses lettres de services du roi et se rendit à l’état-major, place du Carroussel. Cependant les députés réunis chez Audry de Puyraveau, déléguèrent auprès de Marmont, aux Tuileries, Casimir Périer, Laffitte, Mauguin, Lobau, et Girard. Arago était déjà chez Marmont et lui représentait Paris à feu et à sang et la terrible responsabilité qu’il encourrait. « Faut-il tout vous dire, s’écria Arago, j’ai recueilli dans la foule, sur mon passage, des paroles sinistres : « On mitraille le peuple, c’est Marmont qui paie ses dettes ! » Marmont eut un frémissement de honte et se tut, puis on vint lui annoncer la députation venant de chez Audry de Puiraveau. Sur l’ordre express de Polignac, Marmont était mis en demeure de les faire arrêter, mais il hésita, devant les progrès de l’insurrection, à exécuter cet ordre. Laffitte lui parla au nom du peuple, le somma au nom de l’honneur de faire cesser le carnage : « L’honneur militaire est l’obéissance » répliqua le traître de 1814. « Et l’honneur civil, répondit Laffitte, ne vous ordonne-t-il pas re respecter le sang des citoyens ? » mais Marmont ne voulut rien entendre. Le lendemain 29, le Louvre et les Tuileries furent attaqués, et Marmont se vit contraint de battre en retraite par le jardin des Tuileries, les Champs Elysées et le bois de Boulogne. A la barrière, le Dauphin vint se mettre à la tête des troupes. Ayant obtenu de Charles X une gratification de deux mois de solde pour le soldats qu’il dirigeait, il l’annonça dans un ordre du jour et ordonna aux officiers payeurs de se présenter chez l’intendant de la liste civile. L’intendant, qui n’avait pas d’argent, vint se plaindre d’un ordre du jour qui le mettait dans l’embarras. Déjà irrité contre Marmont, le Dauphin s’indigna qu’on ne l’eût pas consulté ; il fit mander le maréchal : « Vous oubliez, lui dit-il, que je commande ! Vous méconnaissez donc l’ordonnance qui m’a nommé généralissime ? – Non, monseigneur, j’ai pris les ordres du roi. – Ah ! vous me bravez. Pour vous prouvez que je commande, je vous envoie aux arrêts. » Surpris et irrité, Marmont haussa les épaules. Le Dauphin ajouta : « Est-ce que vous voulez faire avec nous comme avec l’autre ? » C’est alors que Marmont s’accusant lui-même, répondit : « Prince, sans les traîtres, vous n’auriez jamais régné. » Il suvit ensuite à Rambouillet, puis en Angleterre, Charles X, et ne rentra jamais en France. Le traitre de 1814 s’était fait justice lui-même. Il laissa, en mourant, ses mémoires, de 1792 à 1832, qui furent publiés, en 1856, chez Perrotin, et voici comment M. Cuvillier-Fleury les apprécia : « Les Mémoires du duc de Raguse ne sont pas seulement le monument de l’orgueil, c’en est le triomphe ; et je ne sais rien de plus déconcertant pour la sagesse humaine, de plus décourageant pour la modestie, de plus corrupteur qu’un pareil livre. »

(Extrait du dictionnaire sur la Révolution et l’Empire du Dr Robinet)

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septembre 21, 2007

LES MARECHAUX DE NAPOLEON – MARECHAL BERTHIER (1753-1815), PRINCE DE WAGRAM ET DE NEUCHÂTEL

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Maréchal Louis-Alexandre Berthier (1753-1815), prince de Wagram et de Neuchâtel

Il y a des hommes que la nature a marqués pour les postes subordonnés. Tel était Berthier ! Il n’y avait pas au monde meilleur chef d’état major, mais, changé son état, il ne pouvait commander à cinq cents hommes.

(Napoléon Bonaparte)

Berthier (Louis-Alexandre, prince de Wagram et de Neuchâtel), maréchal de France et législateur, né à Versailles (Yvelines), le 20 septembre 1753, de « Monsieur Jean-Baptiste Berthier, lieutenant réformé au régiment royal-Comtois, ingénieur ordinaire des camps et armées du roi, et de dame Marie-Françoise Lhuillier de La Serre, sa légitime épouse », mort Bamberg (Bavière) le 1er juin 1815 ; entra dans l’armée en 1770, servit en Amérique sous La Fayette, devint en 1789, major génral de la garde nationale de Versailles. Arrivé rapidement de grade en grade à celui de général de brigade (22 mai 1792), il fut un instant suspendu (septembre 1792), et réintégré le 15 ventôse an II. Promu général de division en l’an IV, devint le chef d’état major de l’armée d’Italie et fut chargé par Bonaparte d’apporter au Directoire le traité de Campo-Formio, devint ensuite commandant général de l’armée d’Italie en remplacement de Bonaparte, s’empara de Rome et y organisa l’administration républicaine. Lors de l’expédition d’Egypte, Berthier raccompagna Bonaparte avec le grade de chef d’état-major de l’armée, quand il revint en France, il l’aida puissamment à faire réussir le coup d’Etat de brumaire, et le 21 du même mois, fut nommé ministre de la guerre, retourna en Italie comme général en chef de l’armée. Après Marengo, il fut chargé d’organiser le Piémont, revint en France pour redevenir ministre de la guerre (16 ventôse an IX). A la proclamation de l’Empire, il fut nommé maréchal de France (28 floreal an XII), chef de la première cohorte et grand cordon de la Légion d’honneur, grand veneur, major général de la grande armée. Le 31 mars 1806, il fut créé souverain de Neuchâtel, et le 30 décembre 1809, prince de Wagram, ensuite président du collège électoral du Pô (10 janvier 1812). En 1814, il n’eut rien de plus pressé que d’abandonner l’Empereur et de se rallier à Louis XVIII. Ce dernier le nomma pair de France (4 juin 1814) et capitaine des gardes. Très perplexe, Berthier ne sut quel parti prendre au retour de l’île d’Elbe, ce qui fit dire à Napoléon : « Je ne veux d’autre vengeance de cet imbécile de Berthier que de le voir dans son costume de capitaine des garde de Louis XVIII. » Dans son Mémorial de Sainte-Hélène il ajoute : « J’ai été trahi par Berthier, véritable oison que j’avais fait une expèce d’aigle. » Berthier honteux alla se réfugier à Bamberg (Bavière) et, dans un accès de folie, se précipita des fenêtres du château sur le pavé et se tua.

(Extrait du dictionnaire sur la Révolution et l’Empire du Dr Robinet)

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septembre 20, 2007

LES MARECHAUX DE NAPOLEON – MARECHAL MURAT (1767-1815), PRINCE, ROI DE NAPLES

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Maréchal Joachim Murat (1767-1815), Roi de Naples

Le roi de Naples était vraiment sublime au feu, le meilleur officier de cavalerie au monde. Au combat c’était un “césar”, mais, hors de là, “presqu’une femme”… Murat avait un très grand courage et fort peu d’esprit. La trop grande différence entre ces deux qualités l’explique en entier.

(Napoléon Bonaparte)

Murat (Joachim, Prince, Grand duc de Berg et de Clèves, puis roi de Naples), élu le 2 fructidor an XII, député du Corps législatif pour le département du Lot ; roi de Naples le 15 juillet 1808, né à la Bastide-Fortunière (Lot), le 25 mars 1767, fusillé à Pizzo (Italie) le 13 octobre 1815 ; fils du « sieur Pierre Murat, négociant (aubergiste), et de demoiselle Jeanne Loubières » ; fit ses études comme boursier dans le collège de sa ville natale ; étant destiné à l’état ecclésiastique, il se rendit à Toulouse pour étudier la théologie, fut reçu sous-diacre, mais s’étant fait renvoyer du séminaire, il retourna dans sa famille, qui lui fit un mauvais accueil. Aussitôt il s’engagea au 12e régiment de chasseurs à cheval, y parvint au grade de maréchal des logis et revint en congé à l’auberge paternelle. Au bout de peu de temps J-B. Cavaignac, député de son département, lui fit obtenir son admission dans la garde constitutionnelle de Louis XVI, et le 30 mai 1791, il était promu sous-lieutenant au21e régiment de chasseurs à cheval, dans lequel il fit les campagnes de Champagne et des Pyrénéees-Occidentales ; officier d’ordonnance du général d’Urre, chef d’escadron, ayant écrit aux Jacobins de Paris, lors de l’assassinat de Marat, qu’il voulait échanger son nom contre celui de Marat, il fut dénoncé après le 9 thermidor, et ce fut encore par la faveur de J-B. Cavaignac, que la dénonciation portée contre lui fut annulée par le Comité de Salut public, mais il perdit son grade et resta sans emploi jusqu’au 13 vendemiaire an IV, date à laquelle Bonaparte lui donna mission, lors de l’insurrection des sections de Paris, de ramener des Sablons aux Tuileries 40 pièces de canons. Il fit cette opération avec rapidité et en fut récompensé par le grade de chef de brigade. Devenu général en chef de l’armée d’Italie, Bonaparte en fit son aide de camp ; il se distingua par sa bravoure et fut chargé avec Junot d’aller porter à Paris les drapeaux pris sur l’ennemi. Peu après son retour, il passa général de brigade (14 pluviôse an V), continua la campagne d’Italie jusqu’à la paix de Léoben, et le 19 mai 1798 il accompagna Bonaparte dans l’expédition d’Egypte. Partout il fit des prodiges de vaillance et mérita d’être représenté sur un bas-relief de l’Arc de Triomphe se faisant rendre le cimeterre de Mustapha-Pacha. En octobre 1799 il était général de division ; à la rentrée de Bonaparte en France, il le suivit, l’accompagna le 18 brumaire au Conseil des Cinq-Cents et quelques jours après, le 20 janvier 1800, il épousait la plus jeune soeur du Premier Consul, Caroline-Annonciade Bonaparte. Ayant le commandement de la garde consulaire, il fit la campagne de Marengo, à la suite de laquelle il reçut un sabre d’honneur. En janvier 1801, il prit le commandement de l’armée avec laquelle il chassa les Napolitains de Etats pontificaux, s’empara de l’île d’Elbe, où il commença le siège de Porto-Ferrajo, interrompu par le traité d’Amiens. C’est à son retour en France qu’il fut élu président du collège électoral du Lot, gouverneur de Paris, et en cette qualité, il institua la commission chargée de juger le duc d’Enghien ; il fut alors et successivement promu : maréchal de l’Empire le 30 floréal an XII, prince, grand-amiral le 12 pluviôse an XIII et le lendemain grand-aigle de la Légion d’honneur et chef de la 12e cohorte. Il se couvrit de gloire dans la grande armée qui s’avançait vers le danube et dont il avait le commandement de la réserve de cavalerie. Après la bataille d’Austerlitz, Napoléon le créa Grand duc de Berg et de Clèves, le 15 mars 1806 ; lors de la reprise des hostilités contre la Prusse au mois d’octobre suivant, il eut le commandement de la cavalerie indépendante.

En 1807, il fit campagne de Pologne, assista à l’entrevue des deux empereurs et après la paix, au mois de novembre de la même année, il entrait en Espagne à la tête d’un corps d’armée de 80.000 hommes pendant que Junot envahissait le Portugal ; on lui donna le titre de lieutenant-général de ce royaume, dont il ambitionnait la dignité royale ; néanmoins le 15 juillet 1808, après une vive discussion avec l’Empereur, la couronne de Naples, qui était devenue vacante, à la suite du départ de Joseph-Napoléon, fut donnée à Murat, son beau-frère, lequel fut proclamé roi de Naples sous le nom de Joachim-Napoléon ; à peine monté sur le trône, il s’empara de l’île de Capri et força Hudson Lowe, le futur garde-chiourme de son beau-frère, à capituler. En juin 1809, une flotte anglo-sicilienne tenta de soulever la Napolitaine, Murat organisa aussitôt une expédition contre la Sicile ; mais n’y put débarquer que la division sous les ordres du général Cavaignac ; il attribua son insuccès au mauvais vouloir de Napoléon et lui en garda une certaine rancune jusqu’au moment de la guerre de Russie, où l’Empereur lui confia le commandement de la cavalerie de la grande armée et celui de l' »escadron sacré », chargé de sa garde personnelle pendant la retraite.

A la rentrée en France de l’Empereur, celui-ci remit le commandement en chef à Murat le 5 décembre 1812, qu’il conserva jusqu’au 8 janvier 1813 ; à ce moment, il le transmit au prince Eugène, pour rentrer précipitamment à Naples, où de concert avec l’Autriche et l’Angleterre, suivant les conseils de Fouché et de Caroline, sa femme, il signait, les 6 et 11 janvier 1814, un traité avec les alliés, par lequel il s’engageait à leur fournir 30.000 hommes, en échange de la garantie de la possession de son royaume. Immédiatement il se mit en campagne et força l’armée du prince Eugène à se retirer derrière l’Adige. L’adication de Napoléon ne fit qu’augmenter ses embarras, les princes de la maison de Bourbon se refusant à le reconnaître. Au retour de l’île d’Elbe, il assura l’Empereur de son dévouement et de sa fidélité, organisa la garde nationale napolitaine et confia la régence à la reine Caroline, puis se rendit avec son armée à Ancône, malgré les avis des Autrichiens sur les bonnes dispositions de l’Angleterre à son égard, il était trop tard pour reculer le 30 mars 1815, de son quartier général de Rimini, il lançait une proclamation aux Italiens, les appelant à la guerre de l’indépendance, et en peu de temps s’emparait de Modène et de Florence ; le 2 mai il se fit battre à Tolentino, rentra presque seul à naples le 18, mais, sentant l’insurrection gronder sous ses pas le 19, il se retira à Gaëte ; à ce moment, Ferdinand reprit possession de son trône. Murat s’embarqua le 21 avec sa famille sur un bâtiment français qui le conduisit à Cannes. De nouveau il se mit à la disposition de Napoléon ; celui-ci ne lui répondit pas, mais chargea Fouché de lui interdire le séjour de Paris. En route pour Lyon, il apprit le désatre de Waterloo, revint à Toulon, tenta de s’embarquer pour Le Havre, mais le mauvais état de la mer ne lui permit pas de rejoindre et il apprit alors que sa tête était mise à prix, pendant huit jours il resta caché dans une cabane au bord de la mer et parvint enfin à se rendre à Bastia, où des agents napolitains, trompant sa confiance, lui firent entendre qu’il n’avait qu’à paraître, pour que la Napolitaine saluât son autorité, négligeant les conseils du comte Marcirone, son aide de camp, qui lui apportait des passeports pour se rendre en Autriche, où on lui garantissait la vie sauve en échange de son abdication, il partit le 28 septembre avec 6 barques et 250 hommes, conduit par un certain Barbara, qui s’était engagé à le livrer à la cour de Naples. En raison du mauvais temps les barques se dispersèrent, Murat donna l’ordre de mettre le cap sur Trieste, Barbara, prétextant des réparations urgentes, le fit consentir à entrer dans le port du Pizzo. Descendu sur la plage avec 30 hommes, près de Montelleone, un capitaine de gendarmerie donna l’ordre à des paysans armés de faire feu sur son escorte. Quand il revint au rivage, Barbara avait levé l’ancre. Murat fut bientôt fait prisonnier, conduit au fort du Pizzo, traduit devant une commission militaire et condamné à mort le 13 octobre 1815, la sentence fut exécutée une demi-heure après.

(Extrait du dictionnaire sur la Révolution et l’Empire du Dr Robinet)

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septembre 19, 2007

LES GENERAUX DE NAPOLEON – GENERAL LASALLE (1775-1809), COMTE D’EMPIRE

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Général Antoine Lasalle (1775-1809), Comte d’Empire

Le général de division Lasalle a été tué d’une balle. C’était un officier du plus grand mérite et l’un de nos meilleurs généraux de cavalerie légère.

(Napoléon Bonaparte)

Lasalle (Antoine-Charles-Louis, Comte de), officier général, né à Metz (Moselle), le 1à mai 1775, de « Nicolas de Lasalle d’Augny, écuyer commissaire ordonnateur des guerres, chevalier de Saint-Louis, et de Suzanne du Puy de la Gaule », tué à Wagram le 6 juillet 1809 ; entra dans la carrière militaire au moment de la Révolution, comme simple chasseur du 23e régiment de cette armé, devint aide de camp de Kellermann, et arriva au grade de chef d’escadron sur le champ de bataille. A la bataille de Rivoli, il fit mettre bas les armes à un bataillon autrichien, suivit ensuite Bonaparte en Egypte, et se fit remarquer à la bataille des Pyramides par un fait d’arme superbe, digne d’un Bayard, et dans cette journée fut nommé colonel du 22e régiment de chasseurs. De retour en France, il devint colonel du 10e régiment de hussards et en cette qualité fit de nouveau la campagne d’Italie, fut promu général de brigade et se battit bravement à Austerlitz à la tête d’une brigade de dragons, et dans la campagne de Prusse força le corps de gendarmes de la garde du roi, à se rendre à discrétion. Le 30 décembre 1806, il fut promu général de division, attaqua la ville de Stettin et s’en fit ouvrir les portes par le gouverneur, passa ensuit en Espagne, et s’y distingua, comme toujours, par des actions d’éclat ; fit la dernière campagne contre les Autrichiens et cueillit de nouveaux lauriers aux combats d’Altenborg, de Raab, d’Essling, et après avoir fait des prodiges de valeur, il y fut tué.

(Extrait du dictionnaire sur la Révolution et l’Empire du Dr Robinet)

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LES GENERAUX DE NAPOLEON – GENERAL KLEBER (1753-1800)

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Général Jean-Baptiste Kléber (1753-1800)

La mort de Kléber fut une perte irréparable pour la France et pour moi. C’était un homme doué des talents les plus brillants et de la plus grande bravoure.

(Napoléon Bonaparte)

Kléber (Jean-Baptiste), officier général né à Strasbourg (Bas-Rhin), le 9 mars 1753 de « Jean-Nicolas Kléber, tailleur de pierre, et de Renée Borget », assassiné au Caire (Egypte) le 14 juin 1800 ; débuta dans l’armée autrichienne en 1776 et y servit jusqu’en 1783 ; donna sa démission et revint dans le Bas-Rhin ; devint le 8 janvier 1792, adjudant major dans le 4e bataillon du Haut-Rhin et parvint, en mai de la même année, lieutenant-colonel en deuxième du même bataillon, assista au siège de Mayence où il se distingua d’une façon brillante et fut nommé chef de brigade, le 17 août 1793, et c’est en cette qualité qu’il passa en Vendée avec la garnison de Mayence, y montra un courage extraordinaire et fut blessé au fameux combat de Torfou, à la tête des grenadiers d’avant-garde, fut ensuite envoyé à l’armée du Nord ; puis à celle de Sambre-et-Meuse ; fut un des vainqueurs de Fleurus où il commandait l’aile gauche de l’armée française, s’y distingua par sa grande habileté. Il fut promu, le 9 floréal an II, général de division et seconda énergiquement le général en chef Jourdan dans sa campagne de l’an IV et contribua pour une large part à ses succès ; remporta personnellement de brillants avantages, fit abandonner la position d’Ukerath à l’ennemi et livra bataille à Altenkirchen, où il resta vainqueur, continua ses succès en prenant Koemigshoffen et Bamberg, puis, le commandement en chef de l’armée de Sambre-et-Meuse lui fut confié, passa au même titre à l’armée dite d’Angleterre, puis suivit Bonaparte en Egypte, et fut blessé, à la première attaque à Alexandrie ; marcha ensuite en Syrie, commanda le corps d’observation pendant le siège d’Acre et l’arrière-garde au moment de la retraite, et fut pourvu du commandement en chef de l’armée d’Egypte lors du départ de Bonaparte pour la France, battit successivement Mourad-Bey, et le grand vizir, et quoique dénué de tout, sans argent, sans secours, sans renfort, il parvint, par une tactique admirable, à conserver l’honneur la gloire de l’armée française et s’immortalisa lui-même. Il gagna la fameuse bataille d’Héliopolis avec une poignée d’hommes, fit le siège du Caire révolté, repris la ville et se trouva dans une belle situation. Le 14 juin, après avoir passé, dans l’île de Raoudach, la revue de la légion grecque, il vint au Caire voir les préparatifs que l’on faisait à sa maison, il fut frappé mortellement par plusieurs coups de poignard par un Turc nommé Soleyman. Cette perte fut irréparable, car l’armée perdait un de ses meilleurs généraux, et comme Hoche et Marceau, Kléber fut pleuré par les républicains et les patriotes !

(Extrait du dictionnaire sur la Révolution et l’Empire du Dr Robinet)

Lien : Général Kléber sur Wikipedia

septembre 16, 2007

LES GENERAUX DE NAPOLEON – GENERAL DESAIX (1768-1800)

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Général Louis-Charles Desaix (1768-1800)

Desaix était dévoué, généreux, tourmenté par la passion de la gloire. Sa mort fut une de mes calamités ! Il était habile, vigilant, plein d’audace ; il comptait la fatigue pour rien, la mort pour moins encore.

(Napoléon Bonaparte)

Desaix de Veygoux (Louis-Charles Antoine), officier général, né au château d’Ayat (Puy-de-Dôme), le 17 août 1768, de « Gilbert-Antoine Desaix, seigneur de Veygoux, et de Amable de Beaufranchet » ; entra au collège d’Effiat le 18 octobre 1776, fut nommé en 1784, sous-lieutenant au régiment de Bretagne-infanterie, devint aide de camp de Mathieu Dumas, le 24 novembre 1791 et ensuite aide de camp de Broglie le 1er juin 1792. Il fut chargé de la défense de Worms en 1793, devint adjudant général, chef de bataillon le 20 mai 1793, contribua à la prise des lignes de Haguenau, fut promu général de brigade, puis devint le 29 vendemaire an II, général de division provisoire, et fut suspendu par Bouchotte comme parent d’émigré. Le 4 prairial an II, il repoussa les autrichiens à Weistheim. Il fut confirmé dans son grade de général de division le 13 fructidor, s’empara de de Franckendal le 18 vendemiaire an III et devint le commandant de la tête du pont de Kehl, qu’il défendit vaillamment. Dans une sortie qu’il fit, il y fut légèrement bléssé. Après la paix de Campo-Formio, Desaix fut nommé général en second de l’armée d’Angleterre et en prit le commandement en l’absence de Bonaparte. Desaix suivit ce dernier en Egypte, contribua à ses premiers succès et eut à combattre sans relâche Mourad-Bey. C’est Desaix qui, après le départ de Bonaparte, signa le traité d’El-Arich. De retour en France, il alla rejoindre le Premier Consul à l’armée d’Italie et obtint le commandement de deux divisions. Arrivé à Marengo par une marche forcée de dix lieues et malgré une artillerie qui jetait à la mort dans ses rangs, il se forma en colonnes par bataillon et tournant à droite, coupa entièrement l’aile gauche autrichienne. C’est dans ce moment décisif et glorieux que Desaix fut frappé d’une balle et expira le 25 prairial an VIII. Il avait sauvé la situation et on peut dire que le véritable vainqueur de Marengo fut Desaix.

(Extrait du dictionnaire sur la Révolution et l’Empire du Dr Robinet)

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LES GENERAUX DE NAPOLEON – GENERAL DUROC (1772-1813), GRAND MARECHAL DU PALAIS, DUC DE FRIOUL

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Général Géraud Duroc, Grand Maréchal du Palais, duc de Frioul (1772-1813)

Duroc avait des passions vives, tendres et secrètes, qui répondaient peu à sa froideur extérieure. Duroc était pur et moral, tout à fait désintéressé pour recevoir, extrêmement généreux pour donner.

(Napoléon Bonaparte)

Duroc (Géraud-Christophe de Michel, Duc de Frioul), officier général et législateur, né à Pont-à-Mousson (Meurthe), le 25 octobre 1772, de « Géraud Pierre de Michel seigneur du Roc, Aldy, Le Mas, Viala, Aubard, et de Claude de Cabiron-Curières », tué à Reichembach (Saxe) le 23 mai 1813 ; était lieutenant en second d’artillerie le 1er juin 1793, fit les campagnes de la Révolution, en qualité d’aide de camp du général Lespinasse, puis devint aide camp de Bonaparte, se battit courageusement aux passages de l’Isonzo et des gorges de la Brenta (Frioul), fut nommé chef de bataillon, puis accompagna Bonaparte en Egypte, se trouva à la bataille de Salhieh, où il courut un grand danger, se fit encore remarquer aux sièges de Jaffa et de Saint-Jean-d’Acre et fut bléssé grièvement à la bataille d’Aboukir. Rentré en France avec Bonaparte, il le seconda dans son coup d’Etat de brumaire ; puis, fut promu général de brigade, partit en Italie et prit part à la bataille de Marengo. Il fut envoyé en mission à Berlin, à Vienne, à Stockholm et à Saint-Pétersbourg, nommé général de division en l’an XI, fait membre de la Légion d’honneur le 19 frimaire an XII, grand officier le 25 prairial suivant et grand aigle le 25 prairial an XIII. Le 19 mars 1808, il fut créé duc de Frioul, prit une part glorieuse aux batailles de Wagram et d’Essling, puis fut nommé membre du Sénat conservateur, le 5 avril 1813. Il accompagna l’Empereur en Saxe et se battit à Lutzen et à Bautzen. Le 22 mai, à Wurtzen, il escortait l’Empereur qui descendait au galop un petit chemin creux, pour gagner une éminence d’où il pourrait juger l’effet de la charge des 14.000 cavaliers du général Latour-Maubourg dans la plaine de Reichenbach lorsqu’un boulet l’atteignit mortellement au bas ventre ; on le transporta dans une petite ferme, l’Empereur vint le voir et le trouva en pleine connaissance. Duroc prit la main de l’Empereur… « Toute ma vie, dit-il, a été consacrée à votre service et je ne la regrette que pour l’utilité dont elle pouvait être encore… J’ai vécu en honnête homme, je ne me reproche rien. Je laisse ma fille, votre Majesté lui servira de père. » Et voyant l’Empereur préoccupé, Duroc reprit : « Ah ! sire ! allez-vous en, ce spectacle vous peine !… » L’Empereur quitta le duc de Frioul, sans pouvoir lui dire autre chose que ces mots « Adieu… donc… mon ami. » Duroc expira peu après.

(Extrait du dictionnaire sur la Révolution et l’Empire du Dr Robinet)

Lien : Général Duroc sur Wikipedia

LE SEJOUR DE NAPOLEON A AJACCIO A SON RETOUR D’EGYPTE

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Maison de la Sposata

Les insulaires ont toujours quelque chose d’original, par leur isolement, qui les préserve des irruptions et du mélange perpétuel qu’éprouve le continent ; les habitants des montagnes ont une énergie de caractère et une trempe d’âme qui leur est toute particulière…

Tout en Corse y était meilleur, il n’était pas jusqu’à l’odeur du sol même.

(Napoléon Bonaparte)

Six mois après son arrivée à Toulon, à peine âgé de 24 ans, le capitaine d’artillerie Bonaparte avait été nommé, à la suite de son action décisive au siège de Toulon, général de brigade (22 décembre 1793) et alors avait commencé à se dessiner sa fabuleuse destinée : général en chef de l’armée d’Italie (2 mars 1796), commandant en chef de l’armée d’Egype (mai 1798). Sur des nouvelles alarmantes venues de Paris, il se décida à quitter l’Egypte, le 24 août 1799, avec des officiers et savants de sa suite qui avaient pris place sur les frégates la Muiron et la Carrère, pou rentrer en France. L’entreprise était périlleuse ; les mers étaient sillonées par des croisières anglaises.

Sur le Muiron, dit Marmont, se trouvaient : « Bonaparte, Berthier, Andreossi, Monge, Berthollet, Bourrienne, les aides de camp du général en chef et Gantheaume, commandant de la division » ; sur la Carrère : « Lannes, Murat, Marmont, Denou, Parceval, Grandmaison, nos officiers, et Dumanoir, chef de division, commandant de la frégate. On avait embarqué sur chaque frégate cent hommes de guides du général en chef qui en faisait la garnison ; nous avions en outre deux avisos bons marcheurs ».

Le 29 septembre, la flotille longeait le Sud de la Sardaigne ; elle put éviter une voile de guerre qui avait paru à l’horizon ; elle doublait dans la nuit le cap Bon ; l’amiral Gantheaume fit mettre le cap sur Ajaccio ; « le général en chef avait résolu d’y prendre langue. Le début de la guerre en Italie avait été accompagné de tant de désordres, qu’on pouvait redouter de trouver l’ennemi sur les côtes de Gênes et même sur celles de Provence. La Corse pouvait être occupée ; il était bon de savoir, au moment de l’atterage, sur quel point on pouvait se jeter avec sureté ».

Marmont raconte qu’on envoya un aviso à Ajaccio et il rendit compte qu’il « n’y avait aucun ennemi en Corse, que les côtes de France et de Gênes étaient libres ».

Un chroniqueur contemporain, Rossi, donne des détails précis sur l’arrivée à Ajacio du général en chef Bonaparte ; dans la journée du 30, la population avait assisté avec inquiètude aux évolutions singulières d’une flotille qui paraissait moins désireuse de gagner le port que de menacer la ville ; la mer était démontée ; un vent violent de Nord-Ouest soufflait en tempête ; le commandant de la grande felouque armée en course, Roch Donzella reçut l’ordre de reconnaître ces navires ; il s’empressa d’aller à leur rencontre.

« Parvenu à portée de la voix, dit Rossi, on lui fit savoir qu’on demandait un pilote pour être guidé dans le golfe. Comme la grande felouque battait pavillon français, on ne douta plus que la Corse n’appartînt encore à la France. Entre temps, le commandement de la felouque s’étant offert de les piloter, et ayant dit aux navires de le suivre, il demanda qui se trouvait à bord. Le général Berthier fut le premier à se faire connaître ».

« A-t-on des nouvelles du général Bonaparte ? Quesitionna l’équipage. La réponse fut donnée par le général Bonaparte qui se nomma et se montra en personne. Aussitôt l’équipage l’acclamant de ses Evviva ! arbora au mieux qu’il put tous les drapeaux qui se trouvaient à bord, tandis que Donzella se hâtant d’aborder la corvette du général faisait tirer des salves d’artillerie et criant sans cesse : Vive le général ! »

« Comme l’événement se passait à proximité de la ville et de la citadelle, chacun put entendre ce qu’on disait ; la population se porta en foule vers le môle, sans exception de sexe, d’âge et de condition, et dans un élan d’enthousiasme, pour satisfaire la vive allégresse de le revoir, les uns à cause du bruit qui avait couru sur sa mort en Egypte, d’autres à cause des factions qui agitaient la ville ».

« A la vue de sa ville natale, note Lavalette, son coeur s’émut profondément ». De nombreuses barques, où se trouvaient ses anciens amis et parents ne tardèrent pas à entourer le navire où flottait au grand mât le pavillon amiral ».

« Cependant le Directeur de la santé, J.B. Barberi, se rendit à bord dans sa chaloupe, et, l’ayant embrassé avec des larmes dans les yeux, il lui montra le môle et la place envahis par toute la population « qui demandait qu’il débarquât à terre sans quarantaine. » Le général, qui voyait et entendait les transports d’allégresse de la foule, répondit au digne Barbieri avec une grande émotion : Je n’attendais pas moins de mes concitoyens ! ».

La quarantaine fut rompue. « Il y avait au reste peu d’inconvénients, fait observer Lavalette, puisque après quarante-quatre jours de traversée, nous n’avions pas un seul malade à bord ». Et il ajoute : « Parmi le peuple qui s’agitait dans les barques autour de la chambre de poupe, une vieille femme, vêtue de noir, tenait dans ses bras élevés vers le général, en criant : « Caro tiglio ! » sans pouvoir attirer les regards du général ; enfin, il la distingua et se mit à crier : Madre ! c’était sa nourrice… »

Malgré les pressantes sollicitations dont il était l’objet, le général Bonaparte resta à bord de la Muiron ; il demanda des renseignements sur ce qui s’était passé en France pendant son absence, se fit apporter le Moniteur et les feuilles publiques, et passa la soirée dans sa cabine à les lire avec avidité.

Le lendemain il débarqua à terre, se rendit dans sa maison au milieu de l’enthousiasme délirant de la population.

Les passions locales s’étaient tues pour un instant.

La ville, en effet, était divisée en deux factions ennemies. Après l’évacuation de la Corse par les anglais (octobre 1796), les républicains, ainsi qu’on désignait les nouveaux administrateurs, avaient commis toutes sortes d’exactions sous prétexte de faire rentrer le pays dans l’obéissance aux lois ; la prestation de serment à la Constitution de l’An III avait donné lieu (mai-juin 1797) à une vive effervescence ; les prêtres avaient été emprisonnés à Ajaccio, puis relachés à l’arrivée de Letizia Bonaparte (juin 1797). Le décret d’expulsion contre les émigrés, parvenu en Corse sur ces entrefaites, y avait semé l’émoi. Les nombreux corses réfugiés en Toscane, dans les lettres qu’ils adressaient dans l’île, représentaient le général Bonaparte comme le suppôt des terroristes, l’ennemi de la religion et de l’ordre. Les populations corses entendaient conserver leurs traditions religieuses, le libre usage de leurs églises et de leurs cloches, et elles s’indignaient que le pays pût être entraîné vers l’anarchie. Un sourd mouvement de réprobation s’était produit contre le général Bonaparte, avait englobé sa famille et même la Signora Letizia, qui s’était efforcée de maintenir l’ordre parmi ses concitoyens. L’attitude intransigeante des administrateurs du Golo et du Liamone qui étaient leurs créatures n’avaient fait qu’accroître l’exapération des esprits. Usant des mêmes procédés que les Paolistes avaient employés, en 1793, à l’égard des partisans de Saliceti et Bonaparte, ils avaient dressé avec une rigueur impitoyable la liste de proscription des prêtres non assermentés et des émigrés ; les insurrections avaient éclaté en divers points de l’île pour la défense de la religion ; la plus importante était celle de la Crocetta ; elle avait été étouffée, et le chef des insurgés, le vieux général Giafferi, arrêté et fusillé (1798).

Mais les réfugiés Corses dans le Grand-Duché de Toscane, dont le nombre s’était accru à la suite de récentes proscriptions, entretenaient, par leurs écrits, l’agitation dans l’île qu’ils inondaient de fausses nouvelles.

Le 21 pluviôse, an VII (9 février 1799), les membres de l’administration centrale du Liamone qui avait nommé Miot, sur les indications de Joseph Bonaparte, avaient été arrêtés à Ajaccio, en exécution d’un décret du Directoire du 13 nivôse an VII (2 janvier 1799) et envoyés à Brignoles pour y être jugés.

Leur mise en accusation avait été obtenue par une faction active et puissance, ayant pour chef Citadella, membre du Conseil des Anciens, qui s’était formée à Ajaccio contre ceux qu’on appelait les anarchistes. On ne leur pardonnait pas d’avoir dressé la liste des émigrés ; on les abhorrait d’avoir envoyé des troupes armées pour s’emparer des cloches, des ciboires et de tous les objets du culte ; en disqualifiant les administrateurs du Liamone on entendait discréditer Bonaparte.

Le 18 germinal, an VII (7 avril 1799), les administrateurs du Liamone avaient été reconnus innocents des imputations portées contre eux, grâce à l’intervention de Bonaparte, et, en particulier de Lucien (avril 1799). Aussitôt après leur acquittement, Letizia Bonaparte qui se voyait toujours en butte aux animosités d’une partie de la population, avait quitté Ajaccio (12 mai 1799).

On peut aussi se rendre compte dans quelle atmosphère de passions violentes, un instant apaisées, avait eu lieu le débarquement du général Bonaparte.

« Rentré dans sa maison, il prenait plaisir à observer cette foule avec la plus minutieuse attention ; il remarqua l’absence de certaines personnes des plus distinguées de la ville. Il en demanda la raison, car plus d’une avait toujours donné des preuves indubitables d’attachement ; ayant appris qu’elles se trouvaient en prison par mesure de sureté (prétexte perpétuel à l’arbitraire) : « Vite, fit-il, du ton le plus impérieux, vite ! qu’on les mette tous immédiatement en liberté ; je veux voir mes concitoyens ; je veux qu’ils soient unis avec moi et unis entre eux… Cette journée est pour moi la plus heureuse et j’en perdrais toute la joie si je ne voyais pas ma vile natale en union et en concorde. » Cet ordre fut formulé avec tant de fermeté qu’il fut mis à exécution à l’instant même ; il excita la surprise de quelques-uns, mais la foule exprima sa reconnaissance au pacificateur de la ville ». Il alla plus loin ; il n’ignora pas les les intrigues ourdies contre l’Ancienne Administration et les exactions qu’on pourrait commettre après son départ ; avisant le Président de l’Administration, il lui ordonna de se démettre de ses fonctions ; le Président demanda le temps de réfléchir. « Je vous donne le temps de l’écrire, reprit le général, et, si vous hésitez un seul instant, je vous ferai sauter par la fenêtre. » A peine ces paroles furent-elles prononcées que le Président dut se démettre, car il voyait là des gens tout prêts à lui faire exécuter le saut périlleux. Ce second fait, et la manière expéditive qu’il avait employé, fut jugé favorablement en ville : « On voit bien, disaient quelques personnes qu’il est investi de pleins pouvoirs ».

Le chroniqueur Rossi ajoute que les personnes éclairées de la ville ne croyaient nullement que le Directoire avait délégué des pouvoirs au général Bonaparte jusqu’en Egypte, mais elles s’accordaient à trouver que les actes d’autorités qu’il avait accomplis avaient eu pour résultats de supprimer les éléments de discorde à Ajaccio, et de faciliter l’union de tous les bons citoyens.

Déjà le général Bonaparte parle et agit en maître. Rossi note qu’il aurait confié à un ami qu’à « son retour en France il y aurait un nouvel ordre des choses » ; il est à présumer que si l’idée germait dans son esprit de la nécessité impérieuse de rétablir l’ordre en France, d’amener la pacification religieuse, de faire l’union de tous les Français, le spectacle des dissentions créées à Ajaccio par une situation politique trouble, instable, lui a permis de vérifier que sa conception correspondait à la réalité des faits, et que le salut du pays était dans une politique d’ordre et de concorde.

Le général Bonaparte passa sept jours à Ajaccio. Sa maison ne désemplissait pas de monde ; des parents et des amis descendaient pour le voir des villages de montagne, de Bocognano, de Tavera et d’ucciani ; ils étaient heureux et fiers d’embrasser le glorieux général en chef de l’armée d’Italie et de l’expédition d’Egypte qui, six ans auparavant, n’était qu’un simple capitaine d’artillerie, et avait été contraint, par fidélité à la France, de quitter son pays natal et d’aller chercher un asile, pour lui et les siens en Provence.

Marmont, observateur sagace, mais enclin au dénigrement, souligne que les paysans corses se montraient empressés auprès du général Bonaparte. « Dans tous les pays, un homme illustre et puissant trouve facilement de nombreux parents ; mais en Corse et dans les pays d’une civilisation arriérée, la famille devant la puissance a son étendue, on reconnaît les parents à un degré fort éloigné. Aussi une multitude de cousins, paysans en veste, vint-elle remplir la maison du général Bonaparte ».

Marmont ignorait, sans doute, que les moeurs égalitaires de la Corse font que les paysans les plus humbles entretiennent des rapports d’égal à égal avec les chefs les plus puissants de l’île ; il ignorait que ces cousins, ces paysans en veste, avaient aidé, soutenu, le capitaine d’artillerie Bonaparte, partagé ses périls, aux heures critiques ; mais lui savait que sous ces vestes brunes grossièrement tissées en poils de chèvre, battaient des coeurs ardents, qu’il pouvait compter sur le dévouement absolu, jusqu’à la mort, de ces braves gens, qu’ils lui en avaient donné des preuves en 1793 ; aussi les accueillait-il avec la plus grande affabilité ; il faisait même des donations par acte notarié, à sa nourrice, Camilla Ilari, au berger Bagaglino, qui avait protégé la fuite de la famille en 1793, faisait des présents à Marmotta et à plusieurs de ses dévoués partisans ; au cours de ses promenades, des femmes du peuple l’abordaient familièrement, l’entretenaient de leurs petites affaires.

Bourrienne nous semble avoir gardé une impression exacte du séjour du général Bonaparte à Ajaccio : « Sans cesse, dit-il, il était accablé de visites, de félicitations, de demandes ; la ville était tout en mouvement ; tout le monde voulait être son cousin ; et, au nombre prodigieux de filleuls qui venaient complimenter leur parrain, on eût dit que Bonaparte avait tenu le quart des enfants d’Ajaccio sur les fonts baptismaux ».

Pendant son séjour à Ajaccio, le général organisa des chasses dans les environs d’Ajaccio, entre autres à sa propriété de Milelli, auxquelles prirent part Lannes, Murat, Berthier, Bourienne, Andreossi, les savants Monge, Berthollet, Denon, Parceval Grand-Maison, et les officiers de la Carrère et de la Muiron ; il se plut à visiter ses propriétés familiales ; « Bonaparte se promena plusieurs fois avec nous, dit Bourrienne, et, à l’apogée de sa puissance, il ne compta pas ses couronnes avec plus de plaisir qu’il n’en mettait alors à nous montrer les petits domaines de son père ».

Le 7 octobre, le coup de vent du Nord-Ouest s’étant calmé, l’amiral Gantheaume mit à la voile, et, pendant que les navires levaient l’ancre, la population accourut sur le môle, et se mit à crier, dit Rossi : « Vive le général ! Vive notre héros ! Vive notre bon père ! et celui-ci se montra très touché de cette manifestation de sympathie ».

(Extrait du Souvenir de Napoléon à Ajaccio de Jean-Baptiste Marcaggi)