mars 9, 2008

BIOGRAPHIE DE NAPOLEON BONAPARTE (1769-1821) – LE SOUVERAIN

Posted in BIOGRAPHIE DE NAPOLEON BONAPARTE, Napoléon tagged , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , à 5:45 par napoleonbonaparte

Napoléon Ier (1769-1821), empereur des Français en tenue de sacre

J’ai voulu pour la France le sceptre du monde, et pour lui assurer il me fallait un pouvoir sans contradiction.

(Napoléon Bonaparte)

Obligé de faire face au continent, Napoléon dut renoncer au roman de sa descente en Angleterre, dont le résultat eût été probablement un échec, et certainement l’invasion de la France par les puissances coalisées. Mais son infatuation était telle à cet égard, qu’if avait à l’avance fait frapper une médaille pour célébrer cette conquête, qu’il avait rêvée. Il en fut quitte pour attribuer, suivant sa coutume, l’avortement de ses desseins à ses lieutenants, notamment à l’amiral Villeneuve. Ses plans, au reste, étaient dressés pour une autre combinaison, avec une fécondité d’esprit dont il serait puéril de méconnaître la puissance ; c’est ce qu’il appelait « faire son thème en deux-façons » afin de n’être pas pris au dépourvu. Pendant que l’Europe s’ébranlait, il prit donc immédiatement son parti et résolut de se jeter sur l’Allemagne avec toutes ses forces, avant la jonction des alliés et l’intervention de la Prusse. Il envoie ses instructions à ses lieutenants, à Bernadotte, qui commandait l’armée du Hanovre, au prince Eugène, en Italie, à Saint-Cyr, à Marmont, etc.; puis, levant précipitamment le camp de Boulogne, il dirige cette belle armée vers le Rhin, qu’elle franchit le 1er octobre 1805. Après les brillants combats de Donauwœrth, de Wertingen, de Cruntzbourg et d’Elchingen , livrés d’ailleurs et gagnés avec des forces supérieures, elle s’établit sur le Danube. Le général autrichien Mack, enfermé dans Ulm, est forcé de capituler et de se rendre prisonnier avec 30.000 hommes 3.000 chevaux et 60 canons (20 octobre). Ce magnifique début fut malheureusement attristé par le grand désastre maritime de Trafalgar (21 octobre), où notre flotte, renforcée des contingents de l’Espagne, fut coupée en deux et battue par Nelson. L’empire de la mer restait décidément aux Anglais. « Soit, dit Napoléon, je battrai l’Angleterre sur le continent. » Ces mots contenaient en germe le blocus continental. La mer, en effet, ne lui fut jamais favorable : Aboukir, la perte de Malte et des îles Ioniennes, Trafalgar, la perte de Saint-Domingue, la vente (forcée) de la Louisiane, l’avortement réel de la descente en Angleterre, etc., étaient des faits assez caractéristiques. L’Océan restait sous l’empire de la marine britannique. Après le grand coup frappé à Ulm, Napoléon marcha sur Vienne, escomptant à l’avance ses victoires et remaniant déjà l’Europe dans son ardente imagination. Il avait divisé son armée en sept corps, dont l’ensemble formait la grande armée, nom bien justifié par ces admirables troupes et qui devait rester historique. Cette campagne se poursuivit par la prise de Vienne (15 novembre), par les succès d’Augereau et de Ney dans le Tyrol, par ceux de Masséna dans le nord de l’Italie, par la jonction de ce dernier avec la grande armée, par quantité de petites actions brillantes contre les Russes et les Autrichiens, enfin par l’immortelle bataille d’Austerlitz (2 décembre 1805), à laquelle assistaient les trois empereurs (Napoléon, François II, Alexandre 1er). Cette victoire mémorable eût pu avoir des résultats décisifs et durables ; mais Napoléon était destiné à constamment abuser de la victoire et à lasser la fortune en la surmenant. François II, réduit à la Hongrie, hors d’état même de la défendre, dut s’humilier, separer sa cause de celle d’Alexandre et, enfin, subir le traité de Presbourg (26 décembre), qui bouleversa l’Allemagne entière. L’Autriche perdait la Dalmatie et l’Albanie, réunies à l’Empire français, les Etats de Venise, réunis au royaume d’Italie (c’est-à-dire également à l’Empire français), les deux Tyrols, annexés à la Bavière, érigée en royaume, ainsi que le Wurtemberg ; le margraviat de Bade est transformé en duché et agrandi. Enfin, la plupart des petits princes allemands étaient placés sous le protectorat de Napoléon, qui exigea en outre le mariage de la princesse Catherine de Wurtemberg avec son frère Jérôme (déjà marié) et celui de la princesse Stéphanie de Beauharnais avec le fils de l’électeur de Bade. Par ces alliances princières, obtenues le sabre à la main, il voulait ainsi se faire accepter par les familles monarchiques de l’Europe, qui ne le regardaient dédaigneusement encore que comme un pavenu (de plus souillé du meurtre du duc d’Enghien). Bientôt, le royaume de Naples, enlevé par Masséna et Gouvion Saint-Cyr à Ferdinand IV, et donné à Joseph Bonaparte, qui ne l’acceptait qu’avec répugnance (mars- juillet 1806) ; le grand-duché de Berg confisqué pour Murat (mars) ; la république batave transformée en royaume de Hollande pour Louis, autre frère de l’empereur (5 juin) ; la princesse Pauline Borghèse, investie du duché de Guastalla ; Neuchâtel et Ponte-Corvo érigés en principautés pour Berthier et Bernadotte ; la création d’un grand nombre de fiefs réels et avec dotations pour les maréchaux et grands dignitaires (dans les pays conquis ou annexés), montrèrent que Napoléon n’avait d’autre but que de créer de toutes parts des souverainetés vassales, pour pressurer les peuples conquis et dominer les nations de l’Europe. D’ailleurs, il entendait que tous ces feudataires, petits ou grands, lui fussent absolument asservis et lui servissent à lever des hommes et des subsides. Ce système féodal, établi par la force, avec un mépris complet des droits et de l’autonomie des peuples, n’était propre qu’à susciter partout des haines implacables contre la France, que la Révolution et les grandes luttes de la liberté avaient rendue chère à toutes les nations. Napoléon était alors plongé dans ses rêves de restauration de l’empire de Charlemagne, en pleine utopie carlovingienne ; ce prétendu représentant de la Révolution (suivant certaines écoles ) n’avait en réalité d’autre préoccupation que de restaurer l’ancien régime, autant qu’il était en lui. Il rétablit la noblesse, en se réservant, bien entendu, de ne reconnaître que celle qu’il conférait lui-même ; il réinstitua les majorats, au mépris du droit moderne. Un peu plus tard, il allait compléter son système nobiliaire en attachant les titres à certaines fonctions ; les grands dignitaires furent princes, altesses sérénissimes; les ministres et sénateurs, comtes ; les hauts magistrats et les évoques, barons, etc. Ainsi, il rétablit une cour, une noblesse, des feudataires, des distinctions, des privilèges, une Eglise dominante, une centralisation excessive qui n’était que le despotisme administratif de l’ancien régime, un enseignement disciplinaire, persécuteur des écoles libres, confié exclusivement à son Université, par laquelle il semblait vouloir instituer la conscription des intelligences, et auquel il donna pour bases : 1° les préceptes de la religion catholique, 2° la fidélité à l’empereur, dépositaire du bonheur du peuple, à la dynastie napoléonienne, etc. ; bref, le culte officiel de sa propre personne. Il supprima les élections, tout contrôle et toute publicité libre, la liberté individuelle comme toutes les autres libertés, rétablit en réalité les lettres de cachet, les prisons d’Etat, les emprisonnements arbitraires et extra-légaux, la censure ; fit de la force et de l’autorité sans limites et sans contre-poids les seuls principes de gouvernement ; de la police, la plus inquisitoriale et la plus odieuse qui fut jamais, l’une des bases de sa puissance ; asservit l’imprimerie et la librairie ; constitua le monopole de la Banque de France, supprima la liberté théâtrale, asservit à ses règles autoritaires avoués, notaires, avocats, agents de change, etc. ; assujettit l’ouvrier au livret, à la loi contre les coalitions ; établit qu’en cas de contestation le maître sera cru sur parole, etc.; enfin se constitua lui-même au-dessus de l’humanité, comme une sorte de divinité dont le culte obligé, la volonté, les caprices les plus tyranniques et les plus extravagants devaient être également sacrés. Ses œuvres, sa correspondance, si soigneusement expurgée cependant, le détail connu de sa conduite, tout ce que les travaux récents ont recueilli, nous le font bien connaître et bien apprécier, maintenant que l’idolâtrie qui l’avait placé presque sur un autel est à peu près éteinte et ne reste plus que comme un triste souvenir de servitude intellectuelle, comme un exemple de l’aveuglement causé par l’éblouissement de la gloire militaire. Cet étranger, de race incertaine, qui vivait dans les siècles passés, obsédé par le rêve des royautés barbares, a pu pervertir et subjuguer la France, mais il n’a jamais compris son génie et sa mission d’affranchissement et de civilisation. La liberté, l’émancipation populaire, les droits de la pensée et de la science, les garanties politiques, le progrès social, le travail sous l’abri de la loi, l’indépendance des peuples et des individus, toutes ces vérités, fondement des sociétés modernes, qui n’étaient plus à découvrir, puisque le XVIIIe siècle et la grande Révolution les avaient proclamées, affirmées à la face du monde, lui ont été, non-seulement étrangères, mais odieuses. Malgré la puissance incontestable de son esprit et la grandeur théâtrale de ses conceptions, il nous apparaît avec cette infériorité native et radicale, qu’il était incapable de s’élever à la simple notion de la justice, du droit, du bon sens et de la vérité. Non-seulement la morale n’existait pas pour lui, quand ses intérêts étaient en jeu, non-seulement il se flattait présomptueusement de venir à bout de tout, des hommes comme des événements, par la terreur, la fourberie et la violence, mais encore ce prodigieux aventurier en arriva de plus en plus à méconnaître les limites du possible et, finalement, comme cela devait logiquement arriver, courut de lui-même à sa perte en se précipitant tête baissée dans les entreprises les plus insensées. Quant à ses violences, aux emprisonnements et aux exécutions qu’il ordonna, l’espace nous manque pour les enregistrer ; mais, l’histoire ne les oubliera pas, et l’on sait bien que la liste en est longue et bien faite pour exciter l’indignation.

(Extrait du dictionnaire Larousse du dix-neuvième siècle)

Suite -> Le Seigneur de la Guerre

Biographie de Napoléon Bonaparte par Pierre Larousse

http://www.lerubicon.com

Laisser un commentaire