septembre 2, 2007

NAPOLEON ET JOSEPHINE – LA GENERALE BONAPARTE

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Napoléon et la générale Bonaparte lors de première campagne d’Italie

Si je gagne les batailles, c’est toi qui gagnes les coeurs.

(Napoléon Bonaparte)

Rien ne prédestinait la veuve Beauharnais à devenir la première dame de France. Le 6 août 1794, à la suite de la chute de Robespierre, elle sort de la prison des Carmes après cent huit jours d’emprisonnement. Elle doit alors tout reconstruire ; veuve avec deux enfants de treize et onze ans, elle n’a de cesse que de récupérer les biens de son mari, Alexandre de Beauharnais, afin de s’assurer un semblant d’aisance. Multipliant les expédients, elle loue un charmant petit hôtel, rue Chantereine dans le quartier à la mode, où elle reçoit tout ce que Paris compte de personnalités importantes. Très rapidement, Joséphine devient l’une des égéries de cette société thermidorienne qui gravite autour du plus influent des Directeurs, Barras. Il est indéniable qu’une forte complicité les unit sans que l’on sache réellement la nature de leurs liens ; Joséphine, qui a l’époque portait le prénom de Rose, a toujours été proche du pouvoir quelqu’il soit, non pas pour l’exercer, mais pour en tirer les avantages matériels qu’il procure. Son destin va basculer à la suite de l’insurrection royaliste de vendémiaire écrasée par Bonaparte ; c’est vers la mi-octobre 1795 qu’elle rencontre ce jeune général victorieux qui gravite dans le cercle de Barras ; elle lui rend une première visite pour le remercier d’avoir autorisé son fils, Eugène de Beauharnais, à conserver le sabre de son père, alors qu’il était interdit aux particuliers de garder des armes sous peine de mort.

A force de la revoir, Bonaparte finit par tomber sous le charme de cette femme qui représente pour lui cette aristocratie d’ancien régime à laquelle il n’appartient pas vraiment et dont il sait qu’il peut tirer parti pour sa carrière. D’autre part, général en chef de l’armée de l’Intérieur depuis le 26 octobre, il fait partie de ces militaires du premier rang dont l’avenir ouvre des perspectives de sécurité à cette femme toujours désargentée. Il y a dans cette relation une véritable communauté d’intérêts ; mais peu à peu leur liaison va prendre un tour passionnel ; elle s’en amuse, flattée d’inspirer une telle passion à ce jeune général de vingt-six ans alors qu’elle en compte six de plus. Puis tout va aller très vite comme le confirme cette lettre de décembre 1795 : « Je me réveille plein de toi. Ton portrait et le souvenir de l’enivrante soirée d’hier n’ont point laissé de repos à mes sens. Douce et incomparable Joséphine, quel effet bizarre faites-vous sur mon cœur ! » C’est le moment où Bonaparte, abandonnant le prénom de Rose, décide de l’appeler Joséphine en féminisant le second prénom de sa bien-aimée, Joseph. L’idée d’un mariage se précise assez rapidement, car les bans sont publiés dès le 7 février 1796 et le contrat signé le 8 mars. Le mariage civil est célébré dès le 9 à la mairie du IIè arrondissement, cette précipitation s’expliquant par la nomination du mari le 2 mars comme commandant en chef de l’armée d’Italie en remplacement du général Schérer.

Mais la nouvelle générale Bonaparte ne va pas pouvoir profiter bien longtemps de la vie conjugale ; en effet, dès le surlendemain, 11 mars, le mari quitte Paris en chaise de poste pour rejoindre ses troupes. Commence alors pour Joséphine cette vie chaotique et aventureuse qui lui sera tant reprochée. D’un côté les lettres enflammées pleines de fougue du mari, lettres dont l’intensité croît au fur et à mesure qu’il s’éloigne d’elle, et de l’autre la presque indifférence d’une femme à la mode qui entend bien jouir des plaisirs de Paris et qui s’amuse de cette passion dont elle est l’objet. Elle réagit en femme d’Ancien Régime pour qui un mariage est toujours arrangé et dans lequel l’amour n’a pas sa place ; alors comment s’étonner qu’étant encore à Nice, Bonaparte s’échauffe dans une de ses missives lui écrivant « dans ta lettre du 23, du 26 ventôse, tu me traites de vous. Vous toi-même. Ah ! Mauvaise ! comment as-tu pu écrire cette lettre ? qu’elle est froide ! ». Il la désire auprès de lui en Italie alors qu’elle est entourée à Paris d’une cour d’admirateurs au premier rang desquels figure ce jeune Hippolyte Charles, jeune lieutenant et beau garçon, sorte de chevalier servant qui la suit pas à pas et dont l’assiduité auprès d’elle prête à médisance. Alors, au début de mai elle se décide à annoncer à Bonaparte un début de grossesse, ce qui réjouit et attriste à la fois cet époux impatient : « Il est donc vrai que tu est enceinte ; Murat me l’écrit, mais il me dit que cela te rend malade, et qu’il ne croit pas prudent que tu entreprennes un aussi grand voyage ». S’agit-il d’une manœuvre pour rester à Paris ou d’une réelle grossesse ? Nul ne saurait le dire et l’on doit se contenter des quelques billets écrits par Joséphine à cette époque dans lesquels elle évoque une forte fièvre, un violent point de côté et une santé chancelante. Mais Bonaparte n’y tient plus ; le 15 juin il confie à Joseph « Ma femme, tout ce que j’aime dans le monde est malade. Ma tête n’y est plus…. Tu sais que je n’ai jamais aimé, que Joséphine est la première femme que j’adore. Sa maladie me met au désespoir. » Il finit par menacer de rentrer à Paris ayant écrit la veille, 14 juin, à Joséphine : « Si ta maladie continue, obtiens-moi une permission de venir te voir une heure. Dans cinq jours je suis à Paris, et le douzième je suis à mon armée ». Les Directeurs s’affolent de cet éventuel retour et adressent à Bonaparte cet étonnant document signé de Carnot : « Le Directoire qui s’était opposé au départ de la citoyenne Bonaparte dans la crainte que les soins que lui donnerait son mari ne la détournassent de ceux auxquels la gloire et le salut de la patrie l’appellent, était convenu qu’elle ne partirait que lorsque Milan serait pris. Vous y êtes ; nous n’avons plus d’objections à faire. Nous espérons que le myrte dont elle se couronnera ne dépassera pas les lauriers dont vous a déjà couronné la victoire ».

Enfin, le 26 juin, elle quitte Paris accompagnée de Joseph Bonaparte et Nicolas Clary son beau-frère, de Junot et de l’indispensable Hippolyte Charles dont les calembours, souvent d’un goût douteux, font son bonheur. Lorsqu’elle arrive à Milan le 10 juillet, Bonaparte n’y est pas et il la retrouve seulement le 13 pour ne rester que deux jours avec elle, devant rallier très vite son poste de combat ; depuis leur mariage il y a plus de quatre mois, les deux époux ne sont restés ensemble que quatre jours ! Loin de Paris, Joséphine va beaucoup s’ennuyer pendant les 453 jours que durera son absence ; elle s’en confie à Térésa Tallien dans une lettre du 23 juillet : « J’ai fait le voyage le plus pénible qu’il soit possible de faire. J’ai été dix-huit jours en route. J’ai eu la fièvre en montant en voiture et une douleur de côté. La fièvre est passée mais les douleurs de côté durent encore. Je n’ai vu Bonaparte qu’un moment. Il est très occupé au siège de Mantoue. Je pars demain au soir pour aller à Brescia. Cela me rapprochera du quartier général. Je m’ennuie ici à la mort au milieu des fêtes superbes que l’on me donne. Je regrette sans cesse mes amis de Chaillot [les Tallien], celui du Luxembourg [Barras]. Joseph me tient fidèle compagnie. Nous nous entretenons toujours avec plaisir de Thérésita, et mon refrain est : « Ah ! si elle était ici, je serais bien plus heureuse. » Mon mari ne m’aime pas : il m’adore. Je crois qu’il deviendra fou. Il est impossible d’être plus heureuse que je ne suis de ce côté….. Arrivée à Milan, la municipalité a voulu me traiter comme une archiduchesse et non comme une républicaine. Elle m’avait logée dans la plus belle maison de Milan. On avait composé ma maison de garde de trente domestiques, de cinq cuisiniers. Comme je ne suis qu’une républicaine, par conséquent simple particulière à Milan comme à Paris, j’ai pris la liberté de renvoyer tout ce monde et de me restreindre à mon petit ménage de la rue Chantereine. »

Cette année et demi passée en Italie va lui donner l’occasion d’acquérir cette aisance de souveraine qu’elle saura si bien mettre en application lorsqu’elle sera devenue impératrice. Les usages du monde qu’elle a appris dans sa jeunesse lui permettent de se sentir à l’aise en représentation. Désormais le ton de ses lettres change ; elle ne supplie plus ses correspondants, mais les prie aimablement d’intervenir en faveur de ses protégés ; elle se met à écrire d’égal à égal aux ministres ; n’est-elle pas après tout la femme de celui qui décide ? Tous les princes d’Italie lui donnent des fêtes et elle est même reçue par le grand-duc de Toscane, frère de l’Empereur et oncle d’une petite archiduchesse de cinq ans qui lui succédera un jour dans la couche de Napoléon.

Elle se rapproche donc du théâtre des combats en partant pour Brescia, puis Vérone, mais le 30 juillet, en tentant de regagner Brescia, elle essuie le feu des armées autrichiennes en longeant le lac de Garde ; elle confie à Joseph : « que j’ai été poursuivie par les uhlans, qu’on m’a fait passer dans les ruines de Mantoue, que les boulets me pleuvaient sur la tête, qu’à cinq pas de moi un dragon qui m’escortait a eu un cheval tué sous lui, et un autre a été blessé. Jugez, mon cher Joseph, les dangers que j’ai courus. » Furieux, Bonaparte promet au général autrichien Wurmser de lui faire chèrement payer les larmes versées par Joséphine. De fait, il le bat à Castiglione quelques jours plus tard puis l’obligera à abandonner Mantoue, place jugée jusque là imprenable. Ce « fait d’armes » de Joséphine connaîtra même les honneurs du Salon de 1806 où le peintre Hippolyte Lecomte présentera une toile montrant la voiture de Joséphine canonnée sur les rives du lac de Garde ; le tableau ornera sous l’Empire l’appartement de son fils, Eugène de Beauharnais, au palais des Tuileries (aujourd’hui au musée de Versailles)

Il n’est plus question pour Bonaparte après cet incident d’exposer sa femme aux risques de la guerre, d’autant que celle-ci considère que sa place n’est pas d’être aux armées. Elle s’installe donc à Milan au palais Serbelloni et les deux époux restant séparés, la correspondance du mari reprend, faite de reproches, de déclarations enflammées et de cris de jalousie assaisonnés de nouvelles militaires. Jusqu’à la fin de 1798 alterneront ainsi des séparations et des séjours en commun à Milan, à Bologne ou à Passariano près d’Udine. C’est dans la villa de Mombello, au nord de Milan, que les deux époux président le 14 juin 1797 le double mariage religieux d’Elisa et de Pauline Bonaparte avec Baciocchi et Leclerc. Enfin, à la fin du mois de novembre 1797 Joséphine quitte Milan pour remonter vers Paris au moment où Bonaparte se dirige vers Rastadt afin de traiter avec les plénipotentiaires de l’empereur. Joséphine mettra un mois pour rentrer, passant par Venise où on lui donne de grandes fêtes, par Turin et par Lyon qui la célèbre par des bals et des réceptions ; enfin, le 30 décembre, elle rentre dans sa petite maison de la rue Chantereine qui depuis deux jours a été débaptisée et s’appelle désormais rue de la Victoire ou rue des Victoires-Nationales, en l’honneur des victoires de son mari qui était lui-même à Paris depuis le 5 du mois.

Va s’ouvrir alors pour les deux époux une période de vie conjugale particulièrement longue de quatre mois et demi jusqu’au départ de la flotte pour l’Egypte à Toulon le 19 mai 1798. A peine rentré à Paris, Bonaparte reçoit un accueil enthousiaste et les autorités célèbrent son retour avec faste. Le 3 janvier 1798 il assiste avec Joséphine à une grande fête donnée en leur honneur par Talleyrand dans les salons de l’hôtel de Gallifet, fête retardée trois fois par suite du retard de l’épouse du général ! Quelques jours plus tard, Bonaparte qui s’était fortement enrichi pendant la campagne d’Italie, décide de visiter le château de Malmaison en vue de son achat ; très vite, il y renonce, trouvant le prix bien trop élevé. En revanche, le 26 mars, il se rend acquéreur de l’hôtel de la rue de la Victoire qui était simplement loué depuis 1795. Avant de rejoindre l’armée, Bonaparte confie son patrimoine à son frère Joseph et lui demande d’acheter le château de Ris, au sud de Paris, ainsi qu’une terre en Bourgogne. Enfin, le 3 juin les époux quittent Paris à trois heures du matin et arrivent à Toulon le 9. Joséphine assiste donc au départ de la flotte le 19 au matin, mais elle ne suit pas son mari en Egypte ainsi qu’elle en informe Barras dans une lettre du 26 mai : « Je suis restée à Toulon, mon cher Barras. Bonaparte a craint de rencontrer les Anglais. Il n’a point voulu m’exposer. Si je ne pars pas sous quinze jours, j’irai à Plombières pour y prendre les eaux et j’irai dans deux mois rejoindre Bonaparte en Egypte. » Mais le mari persiste dans son projet de faire venir son épouse auprès de lui, car depuis Malte il confie à Joseph le 18 juin : « J’écris à ma femme de venir me joindre, si elle est à portée de toi, je te prie d’avoir des égards pour elle ».

Joséphine quitte Toulon aux environs du 5 juin en direction de Plombières où elle arrive le 14. Elle y restera trois mois, espérant que les eaux, réputées traiter la stérilité féminine, la soulagerait des douleurs qui l’assaillent. A nouveau loin de Paris, Joséphine s’ennuie, se sait entourée d’ennemis et ne tarde pas à prendre Barras comme confident se plaignant de ne pas avoir de nouvelles de Bonaparte ; elle lui écrit seulement quatre jours après son arrivée : « J’ai besoin d’en avoir [des nouvelles]. Je suis si chagrine d’être séparée de lui que j’ai une tristesse que je ne puis vaincre. D’ailleurs, son frère [Joseph], avec lequel il a une correspondance si suivie, est tellement abominable pour moi que je suis toujours inquiète loin de Bonaparte. Je sais qu’il a dit à un de ses amis, qui me l’a répété, qu’il n’aurait de tranquillité que lorsqu’il m’aurait brouillé avec mon mari. C’est un être vil, abominable, que vous connaîtrez un jour ». Et de fait, le poison fait son œuvre chez le mari qui confie à Joseph dans une lettre du 25 juillet : « J’ai beaucoup de chagrin domestique car le voile est entièrement levé ». Le fait est corroboré par Eugène qui confie à sa mère le 24 juillet, soit trois jours après la victoire des Pyramides : « Bonaparte, depuis cinq jours, paraît bien triste, et cela est venu à la suite d’un entretien qu’il a eu avec Julien, Junot et même Berthier ; il a été plus affecté que je ne croyais de ces conversations. Tous les mots que j’ai entendus reviennent à ce que Charles est venu dans ta voiture jusqu’à trois postes de Paris, que tu l’as vu à Paris, que tu as été aux Italiens avec lui dans les quatrièmes loges [qui étaient des loges grillées], qu’il t’a donné ton petit chien, que, même en ce moment, il est près de toi ; voilà, en mots entrecoupés, tout ce que j’au pu entendre. Tu penses bien, Maman, que je crois pas cela, mais ce qu’il y a de sûr, c’est que le général est très affecté ». Bonaparte avait pris désormais la décision de divorcer dès son retour d’Egypte et affiche ostensiblement sa liaison avec Pauline Fourès.

Installée dans une belle demeure de la Grand’Rue de Plombières, la vie de Joséphine s’y serait déroulée sans histoire sans le pénible accident survenu le 20 juin ; occupée à divers travaux dans son salon et appelée par Mme de Cambis, elle se précipite vers le balcon avec deux de ses compagnons afin de voir passer un petit chien ; le plancher du balcon, en mauvais état, cède sous le poids et tout le monde se retrouve sur le trottoir quatre mètres plus bas. Joséphine, tombée assise, éprouve une violente commotion. Ce accident met toute la France en émoi et tous les jours, Barras reçoit des bulletins de santé de la malade rédigés dans la langue des médecins de Molière ; voici l’un d’eux : « Aujourd’hui 6 messidor, la citoyenne Bonaparte a pris un léger purgatif : trois onces de manne dans une légère décoction de tamarin. Ce purgatif a évacué beaucoup de bile, et la malade s’en trouve bien ». Le malheur de l’épouse du général en chef intéresse les autorités au plus haut point ; elle doit les recevoir, supporter leurs discours, écouter les vœux qu’on forme pour sa santé et pour la gloire de son époux. Plombières est vraiment la ville d’eaux à la mode ; on y voit arriver Mme de Montesson, veuve du duc d’Orléans, ou bien le directeur Reubell qui se montre aimable et empressé auprès la femme du général en chef. Les journées se passent en réunions mondaines, en promenades, en jeux ou en concerts. La saison touchant à sa fin, Joséphine pense qu’il est grand temps de rentrer ; elle quitte Plombières le 12 septembre et arrive à Paris dans la nuit du 15.

Rentrée rue de la Victoire, elle reprend très vite ses habitudes parisiennes, rendez-vous avec Hippolyte Charles et dîners chez Barras qu’elle assaille de billets de recommandation pour ses protégés. L’hiver arrivant, sans nouvelles de son mari et Joseph ne se pressant pas d’acheter les propriétés désirées par Bonaparte, elle reprend l’initiative et fait approcher à nouveau les propriétaires de Malmaison. Il va sans dire qu’elle n’a pas un sous vaillant en poche et qu’elle compte sur le retour du mari pour régler la transaction. Elle va même jusqu’à emprunter 15 000 francs au régisseur des vendeurs afin de régler le premier acompte ! L’acte est signé le 21 avril 1799 et Joséphine s’y installe aussitôt. Elle s’y plait beaucoup, avouant à Barras : « Depuis que j’habite la campagne, je suis devenue si sauvage que le grand monde m’effraie ». Hortense dans une lettre à son frère confirme ce besoin de solitude : « Maman a acheté la Malmaison, qui est près de Saint-Germain. J’y suis presque toutes les décades ; elle y vit très retirée, n’y voit que Mme Campan et Mlles Auguié qui y viennent souvent avec moi ».

C’est dans ce contexte qu’elle prépare un éventuel retour de son mari en donnant deux grands dîners aux membres du Directoire dans la salle à manger de sa nouvelle demeure. Elle cajole Gohier, nommé récemment Directeur et se réjouit de l’arrivée au Directoire de Sieyès, un vieil ami. Avec Barras, cela fait trois Directeurs qu’elle rallie à sa cause. Aussi lorsque le 9 octobre, à l’heure du dîner, on apprend le débarquement de Bonaparte à Fréjus, Joséphine ne perd pas un instant et décide de le rejoindre au plus vite, redoutant avec raison que ses beaux-frères n’arrivent avant elle et ne la dénigrent auprès du général. Accompagnée d’Hortense, elle court vers le Midi, passant par la route de Bourgogne, tandis que Bonaparte remonte en empruntant celle du Bourbonnais. Aussi, arrivé rue de la Victoire au matin du 16, trouve-t-il une maison vide. Immédiatement le clan Bonaparte lui démontre que le divorce s’impose ; Bonaparte s’enferme dans son cabinet, jurant de ne pas ouvrir sa porte à sa femme. C’est le surlendemain, 18 octobre, qu’a lieu la fameuse scène de réconciliation au cours de laquelle, après avoir vainement tenté de franchir la porte de son appartement, Joséphine se décide à faire intervenir ses enfants qui pleurèrent et prièrent avec elle. Bonaparte n’y résista point et le lendemain matin, Lucien Bonaparte eut la désagréable surprise de trouver les deux époux dans le même lit !

La réconciliation acquise, Joséphine reçoit dans son salon tous ces militaires qu’il faut bien rallier à la cause de Bonaparte car les événements vont s’accélérer. En effet, le 9 novembre, le coup d’Etat lui donne les pleins pouvoirs avec le titre de Premier Consul. Le 11 les époux abandonnent leur petite maison de la rue de la Victoire pour s’installer au Luxembourg. La générale Bonaparte prend alors le titre de consulesse et devient la première dame de France. Consciente de son nouveau rôle, elle suit désormais l’étoile de Napoléon, abandonnant la vie aventureuse de la générale Bonaparte.

© Bernard CHEVALLIER, directeur des châteaux de Malmaison et Bois Préau, du musée napoléonien de l’Île d’Aix, et de la Maison Bonaparte à Ajaccio, conservateur général du patrimoine.

3 commentaires »

  1. BOFFY Jacques said,

    Monsieur,

    Pour aller droit au but, Joséphine a-t-elle rencontré Hippolyte Charles
    à Plombières ? La lettre d’Eugène que vous évoquez pourrait le laisser croire…
    En se fondant notamment sur cette correspondance, il a été écrit, à cet égard, tout et son contraire.
    Quelles sont les conclusions des recherches les plus récentes ?

    Dans l’ attente du plaisir de vous lire, veuillez agréer Monsieur, l’expression de ma haute considération.

  2. GHANEM said,

    Bonjour, Connaissez vous le peintre de ce tableau ??

    Merci de me répondre à ce mail : distribution@frenchcx.com

  3. chabanis christiane said,

    j’habite près de génissieux et suis passionnée de génealogie,j’aimerai faire celle de Hippolyte Charles ,a t’il des descendants directs ?


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