mars 20, 2008

LES CENT JOURS (20 MARS 1815 – 8 JUILLET 1815)

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L’assemblée du Champ de Mai en présence des députés et de l’armée, au Champ-de-Mars à Paris - 1er juin 1815

Français, j’arrive parmi vous pour reprendre mes droits qui sont les vôtres.

Je ne hais pas la liberté ; je l’ai écartée lorsqu’elle obstruait ma route, mais je la comprends. J’ai été nourri de ses pensées.

(Napoléon Bonaparte)

LES CENT-JOURS, nom que l’histoire a conservé à la dernière période du règne de Napoléon 1er, qui s’étend du 20 mars 1815, date de son arrivée à Paris après le retour de l’île d’Elbe, jusqu’à la seconde restauration de Louis XVIII (8 juillet). Cette période comprend cent dix jours ; mais on peut en réalité la considérer comme terminée le 22 juin, jour de l’abdication de l’Empereur. A son retour de l’île d’Elbe, le tact habituel de Napoléon lui fit juger que l’enthousiasme qui l’avait accueilli avait surtout sa source dans la haine des Bourbons et de l’ancien régime, dans une renaissance de l’esprit libéral, que toute la gloire militaire de l’empire avait assoupi, mais n’avait pu éteindre. Lutter contre ce courant irrésistible eût été plus qu’insensé : il résolut de s’en faire un auxiliaire, en un mot de se servir de la révolution en paraissant la servir. La situation était d’ailleurs extrêmement grave : résigné pour le moment à la paix, il voyait la coalition se reformer contre lui, parce que ses démonstrations pacifiques n’inspiraient aucune confiance à l’Europe, et il avait impérieusement besoin d’un appui, qu’il ne pouvait trouver que dans la nation. « Je prévois, disait-il, une lutte difficile, une guerre longue. Pour la soutenir, il faut que la nation m’appuie ; mais en récompense elle exigera, je crois, la liberté… Les idées libérales ont repris le terrain que j’avais fait gagner au pouvoir ; il ne faut pas lutter contre une nation, c’est le pot déterre contre le pot de fer, etc. » Dès son arrivée, il nomma Carnot ministre de l’intérieur. C’était un choix, significatif et habilement fait pour rallier les amis de la liberté. Puis, comme il avait promis un régime constitutionnel, il fit appeler Benjamin Constant, qui, la veille encore, écrivait contre lui, et le chargea de rédiger l’Acte additionnel aux constitutions de l’Empire, titre malheureux, qui rappelait trop le régime de l’arbitraire et de la dictature. Cette nouvelle constitution avait tous les caractères d’une charte octroyée; on le sait, elle fut mal accueillie par l’opinion, à ce point qu’on méconnut même les garanties sérieuses qu’elle contenait. Napoléon portait la peine de son passé, et les esprits éclairés ne croyaient pas plus à ses promesses de liberté que l’Europe ne croyait à ses offres de paix. De toutes parts il se sentait enveloppé d’un ennemi insaisissable, la défiance, contre lequel ses dernières forces allaient s’user. Toutefois, une liberté complète fut laissée à la presse, et, pendant que les préparatifs de guerre se poursuivaient avec activité, on convoqua la chambre des pairs et la chambre des représentants. Ici .encore, nouvelles et invincibles défiances. Beaucoup d’anciens républicains avaient été envoyés dans la chambre élective, et ils arrivaient avec l’énergique résolution de sauver l’indépendance nationale et d’assurer la liberté. Chose caractéristique, les hommes de cette opinion, groupés autour de Carnot, appuyaient volontiers Napoléon, ne voyant en lui, dans ce moment de péril, que le généralissime de la patrie en danger, et se bornant provisoirement à prendre des garanties contre son despotisme ; tandis que les libéraux purs, qui avaient La Fayette pour chef, se montraient intraitables et hostiles. Après avoir tenu le fameux Champ de mai, pour l’acceptation de l’Acte additionnel, Napoléon, sentant qu’il avait besoin de la victoire pour agir avec plus d’autorité sur l’opinion, résolut de ne pas attendre l’attaque des puissances coalisées et d’aller immédiatement chercher Sur les champs de bataille l’ascendant qui lui manquait pour dominer les esprits. Cette précipitation était peut-être une faute ; il le sentait, mais il répondit à Carnot qui lui en faisait l’observation : « Ma politique veut un coup d’éclat. » On sait ce que fut cette campagne si courte et si funeste, dans laquelle la fortune et l’épée de Napoléon furent à jamais brisées. Au lieu de rassembler les débris de son armée, le grand vaincu accourut à Paris pour demander de nouveaux soldats… et la dictature, comme si un accroissement de sou autorité politique eût pu lui donner plus de force contre l’étranger. La proposition n’en fut point faite officiellement, mais agitée seulement en conseil des mimstres, où elle rencontra de vives oppositions. Lucien seul, l’homme du 18 brumaire, se montra partisan de cette mesure extrême et conseilla à son frère, non de demander le pouvoir absolu, mais de le prendre en brisant les faibles garanties accordées par l’Acte additionnel. Il ne songeait pas que les temps étaient changés et que Napoléon n’était plus l’homme de l’an VIII ; avec la même passion du despotisme, il n’avait plus la même énergie pour l’exercer ; d’ailleurs, il sentait le terrain fuir sous ses pieds ; la France, qu’il avait de nouveau compromise et qu’il avait mécontentée en éludant une partie des promesses libérales faites à son retour, commençait à séparer la cause nationale des intérêts de la dynastie ; flottant, découragé, irrésolu, il se borna à demander à la Chambre des représentants la nomination de commissions législatives chargées de s’entendre avec les ministres. Mais l’Assemblée, surexcitée par les périls de la situation, irritée par les bruits de coup d’Etat, se montra ouvertement hostile ; la question de l’abdication fut discutée, et le mot de déchéance éclata même dans les polémiques ; enfin, après deux jours de débats orageux, au milieu desquels la Chambre déclara traître qui la, dissoudrait, et plaça l’Empereur entre l’abdication et la déchéance ; après bien des incertitudes et des pourparlers, Napoléon, pressé de toutes parts, consentit à signer son abdication, qu’on lui représentait comme un sacrifice nécessaire au salut de la patrie (22 juin). Une commission executive fut aussitôt nommée par les deux chambres ; elle se composait de Fouché (qui obtint la présidence), Carnot, le général Grenier, Caulaincourt et Quinette. Le premier soin de cette commission fut d’envoyer aux alliés des plénipotentiaires chargés de négocier la paix ou une suspension d’armes, aux conditions suivantes : intégrité du territoire, indépendance de la nation dans le choix de son gouvernement, reconnaissance de Napoléon II. Mais ces négociations, sur lesquelles on comptait, au moins pour retarder la marche de l’ennemi pendant qu’on rassemblerait les moyens de défense, échouèrent complètement. On sait d’ailleurs que le président de la commission, Fouché, négociait secrètement avec les alliés et multipliait de tous côtés ses intrigues. Les ennemis continuèrent à marcher sur Paris, qui fut investi et qui dut accepter, le 3 juillet, une nouvelle capitulation. Quelques jours plus tard, les Bourbons rentraient dans la capitale sous la protection des baïonnettes étrangères : la seconde restauration était inaugurée.

(Extrait du dictionnaire Larousse du dix-neuvième siècle)

Lien : Les Cent-Jours sur wikipedia

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