mars 26, 2008

JOHANN-WOLFGANG GOETHE (1749-1832), POETE ET ROMANCIER ALLEMAND

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Johann-Wolfgang Goethe (1749-1832), poète et romancier allemand par Johann Heinrich Wilhelm Tischbein

Voilà un homme !

(Napoléon Bonaparte)

GOETHE (Johann-Wolfgang), illustre écrivain allemand, l’un des plus beaux génies de son époque, né à Francfort-sur-le-Mein en 1749, mort à Weimar le 22 mars 1832. Il appartenait à une famille de riches bourgeois, qui le destinait à la carrière du barreau. Il commença ses études à Leipzig (1768), les acheva à l’université de Strasbourg (1769-1771), et, reçu docteur en droit, revint dans sa ville natale pour y exercer la profession d’avocat. Mais tout autre était sa destinée. La jurisprudence était peut-être la chose dont il s’était occupé le moins. Sophocle et Aristophane, Corneille, Racine et Molière, Shakespeare et Klopstock, la Bible dans le texte hébreu, la philosophie, l’histoire, les romans de chevalerie, les anciennes ballades nationales, les sciences exactes, l’alchimie même, il avait voulu tout connaître, et ces éléments si divers fermentaient dans sa jeune tête, désordonnés, mais féconds. Le mouvement littéraire en Allemagne était de sa part l’objet d’une étude particulière. Gottsched, le défenseur intrépide du goût français, était descendu dans la tombe en laissant de nombreux, disciples. En réaction de cette tendance, Klopstock et beaucoup d’autres arboraient la bannière de Shakspeare et de Milton. Répudiant anglomanes et gallomanes, Lessing essayait de frayer des routes nouvelles au génie allemand, mais il y avait en lui plus de volonté que de puissance. A Goethe était réservée la gloire de créer une littérature nationale. « Le goût, disait-il, c’est la juste appréciation de ce qui doit plaire en tel pays ou à telle époque, d’après l’état moral des esprits. » Ainsi, la tradition était brisée ; l’écrivain s’affranchissait de toute règle absolue pour n’obéir qu’à sa propre inspiration. Le coup d’essai du novateur est un drame, Goetz de Berlichingen (1773). C’est le héros de la guerre des paysans, le chef de la guerre sociale à la fin du moyen âge, idéalisé, glorifié comme le dernier défenseur de la liberté et de la justice. Le sujet seul était fait pour remuer les âmes ; la manière émouvante dont il était traité, la naïve et sauvage énergie des peintures, la hardiesse du plan en dehors de toute idée admise, l’originalité du style, révélaient à l’Allemagne l’avenir de son théâtre. L’année suivante parut Werther. Gœthe s’y peint lui-même, amoureux fou, brisé dans ses affections par les convenances sociales, désespéré, roulant dans sa tête des pensées de suicide, et les justifiant par des subtilités. Ce tableau est exagéré, on le sent ; mais il fascine, il entraîne, et, pour peu qu’on soit jeune et malade de cœur, on se sent dégoûté de la vie comme le héros du roman. L’accueil que reçut Werther fut une véritable frénésie. On le traduisit dans toutes les langues de l’Europe ; il devint le type d’une foule de romans dans le même genre, dont les plus célèbres sont le René de Chateaubriand et l’Obermann de Senoncourt. En exprimant ses peines, Gœthe semble s’être soulagé : les œuvres qui succèdent à Werther annoncent le calme de l’âme. La tragédie du Comte d’Egmont, commencée en 1775, est une exaltation du dévouement ; Wilhelm Meister, 1777, une peinture vraie de la vie d’artiste ; Iphigénie en Tauride, 1786, une idéalisation de la beauté antique, mélange de l’art grec et de l’art chrétien ; Torquato Tasso, 1790, une rêverie mélancolique. Il y a là plus de régularité dans l’ordonnance, une grande richesse de style, des beautés de premier ordre ; mais toute cette magnificence nous laisse froids : l’écrivain a cessé de suivre ses impressions personnelles, le poète s’est fait artiste. Pourtant il retrouve toute son originalité dans ses Lieds : le Calme de la mer, le Roi de Thulé, le chant nocturne du Voyageur, celui du Comte prisonnier, et tant d’autres pièces délicieuses ont renouvelé en Allemagne la poésie lyrique. Faust, cette création incomparable, le triomphe du génie de Goethe, et qui résume toute sa vie intellectuelle, comme celle de son époque, suivit de près ces premières productions. Werther était le découragement du cœur, Faust est le désenchantement de l’intelligence. Ce dernier livre manque d’unité ; commencé en 1790, continué eu 1807, il ne fut achevé qu’en 1831. La première partie, qui appartient à la jeunesse de l’auteur, est incontestablement la plus vigoureuse et la plus belle. Goethe passa la plus grande partie de sa vie à la cour de Weimar, ou il fut appelé en 1776. Il ne s’en éloigna depuis que pour faire un voyage en Italie, 1786-1789, et pour une course rapide, en 1792, à la suite du duc de Brunswick, qu’il accompagnait lors de l’invasion de la Champagne. Il fut le véritable roi intellectuel de cette cour brillante, rendez-vous de tous les talents, et dont l’éclat valut à Weimar le surnom d’Athènes germanique. Pendant son séjour à Erfurt, en 1808, Napoléon voulut voir le grand écrivain, objet dune idolâtrie universelle. A la suite d’un long entretien dont l’histoire a enregistré le souvenir, le guerrier détacha de sa boutonnière la croix de la Légion d’honneur, pour la placer sur la poitrine du poète. De 1815 à 1828, Goethe remplit les fonctions élevées de premier ministre de Saxe-Weimar. Il mourut, ou plutôt il s’éteignit doucement, enivré d’hommages, le front couronné d’une auréole de gloire. On était aux premiers jours du printemps ; le soleil se jouait dans les plis de ses rideaux, qui en interceptaient les rayons ; il demanda qu’on les ouvrît, en s’écriant : « de la lumière ! delà lumière ! » dernière étincelle d’une âme tout entière consacrée au culte du beau. Il fut inhumé dans la chapelle grand ducale de Weimar, entre le prince Charles-Auguste, son protecteur, et Schiller, son ami et son compagnon d’armes dans les luttes littéraires du commencement de ce siècle. Gœthe avait la fibre sèche. On l’a vu traverser les orages de la Révolution, assister au drame de l’Empire, presque sans s’émouvoir ; les efforts héroïques des peuples vers la liberté l’ont laissé indifférent. Aussi le publiciste Bœrne lui demandait-il avec amertume : « Quelles larmes as-tu séchées ? Quelles douleurs as tu consolées ? » II ne faut pas demander aux hommes plus qu’ils n’ont reçu de la nature. Goethe était un écrivain puissant ; il a révolutionné, rajeuni la littérature, et c’est là son titre à l’immortalité. A lui appartient la création de cette école romantique qui a brillé d’un si vif éclat sous la plume de lord Byron, et dont le dernier et le plus intrépide représentant est Victor Hugo. « Gœthe, a dit Mme de Staël, pourrait représenter la littérature allemande tout entière ; non qu’il n’y ait d’autres écrivains supérieurs à lui, sous quelques rapports, mais seul il réunit tout ce qui distingue l’esprit allemand, et nul n’est aussi remarquable par un genre d’imagination dont les Italiens, les Anglais, ni les Français ne peuvent réclamer aucune part… Gœthe se plaît, dans ses écrits, comme dans ses discours, à briser les fils qu’il a tissés lui-même, à déjouer les émotions qu’il excite, à renverser les statues qu’il a fait admirer. Lorsque dans ses fictions il inspire de l’intérêt pour un caractère, bientôt il montre les inconséquences qui doivent en détacher. Il dispose du monde poétique comme un conquérant du monde réel, et se croit assez fort pour introduire, comme la nature, le génie destructeur dans ses propres ouvrages… J’ai dit que Goethe possédait à lui seul les traits principaux, du génie allemand ; on les trouve tous en lui à un degré éminent : une grande profondeur d’idées, la grâce qui naît de l’imagination, grâce plus originale que celle que donne l’esprit de société ; enfin une sensibilité, quelquefois fantastique, mais par cela même plus faite pour intéresser des lecteurs qui cherchent dans les livres de quoi varier leur destinée monotone, et veulent que la poésie leur tienne lieu d’événements véritables. » Les compatriotes de Gœthe lui ont élevé plusieurs statues, et ils célèbrent religieusement le j’our de sa naissance.

(Extrait du dictionnaire Larousse du dix-neuvième siècle)

Lien : Johann-Wolfgang Gothe sur wikipedia

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